Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

prégnant et dense dans la culture chinoise. En effet, la face constitue un principe qui sous-tendrait les comportements quotidiens et les relations sociales comme Li-Hua Zheng le signale. Ce dernier distingue chez les Chinois « trois aspects de la face générale : face en tant que réputation morale, face en tant que prestige social, et face en tant que sentiment personnel » (Zheng 1995 : 63). Par ailleurs, ces trois aspects de la face chinoise sont intimement liés et corrélatifs selon les circonstances et à des degrés divers. La face se construit à travers les relations que l’on entretient avec l’ « Autre ». Ainsi, l’Association Philanthropique Chinoise constitue un théâtre de la présentation de soi pour ses membres. Par ailleurs, ces derniers mobilisent également la notion de face décrite par Erving Goffman, et approfondie par Li-Hua Zheng au sujet de la culture chinoise. Nous analyserons particulièrement la face en tant que réputation morale, soit l’impression qu’on donne. Car il s’agit de la première face des Chinois, et elle « constitue une qualité indispensable pour survivre dans un contexte chinois. Fondée sur le nom que la société attribue et reconnaît à un individu, elle fonctionne à la fois comme sanction sociale et comme sanction psychologique. » (Zheng 1995 : 70-71) En privé, c’est-à-dire entre les membres de l’association constituant le bureau et le conseil d’administration, et notamment lors des réunions, il semble que ces Chinois ne cherchent pas à se donner de la face en tant que réputation morale. Selon les termes de Li-Hua Zheng, ils ne souhaitent pas la face. Ils n’ont donc pas peur de la perdre, ainsi que d’affronter l’opinion publique. Ce comportement se retrouve entre autres chez les Chinois sous l’influence de la culture occidentale (Zheng 1995 : 67-68). Cette absence de face serait notamment liée aux relations intimes et détendues que connaissent les membres de l’Association Philanthropique Chinoise. Par ailleurs, la culture occidentale a favorisé l’égalité entre tous les membres. Ainsi, on revendique une certaine absence de hiérarchie au sein de cette association. On peut donc constater que la face ne paraît pas être sollicitée dans ces moments que l’on pourrait presque qualifier d’intimes. Contrairement à l’idée officielle et au caractère formel qu’une réunion de travail peut représenter au sein d’une association. Néanmoins, cette absence de face n’est pas totale. En effet, c’est surtout au cours des manifestations publiques qu’organise l’Association Philanthropique Chinoise qu’elle s’actualise. Lors de ces occasions, les habits et les comporte- ments sont de circonstance. Certains membres de l’association se présentent ainsi de manière officielle en tant que représentants de cette structure. Ils se doivent alors de prendre une posture solennelle. Par conséquent, ils font 93

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