Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

attention à leur image pour ne pas perdre la face. Car cette perte atteindrait tous les individus en relation avec eux, et notamment les autres membres de l’Association Philanthropique Chinoise. Par exemple, les représentants officiels de cette association doivent serrer la main de tous les convives, ou du moins les saluer, si un événement présente un caractère officiel. En effet, ce dernier peut réunir des personnalités politiques ou/et économiques. L’Association Philanthropique Chinoise permet également à certains d’acquérir ou d’avoir de la face en tant que prestige social. Il s’agit là d’une autre facette de ce concept. Ainsi « la logique chinoise veut que, si l’on a des liens avec une personne bénéficiaire d’une face considérable, l’on devient aussi quelqu’un qui a de la face. » (Zheng 1995 : 71). Le fait d’être photographié avec un officiel chinois en est un exemple. En conséquence, on peut raisonnablement penser que l’identité personnelle résulte, entre autres facteurs, de l’articulation entre définition extérieure de soi et perception intérieure. Cette dernière est notamment définie par le rapport entre soi et autrui. Cette perception intérieure n’est autre que l’image de soi. On peut citer, par exemple, Georges H. Mead qui émet l’idée que la conscience de soi “se développe chez un individu donné comme résultat des relations que ce dernier soutient avec la totalité des processus sociaux et avec les individus qui y sont engagés.” (Mead 1934 : 115). Ainsi, l’identité person- nelle de chacun des membres de l’association serait en partie construite et re- construite dans le cadre des relations et des rencontres qui s’effectuent au sein ou au moyen de l’Association Philanthropique Chinoise. Il en résulte que plu- sieurs informateurs ont confié qu’ils avaient « changé », et ce constat est notamment validé par leur entourage. L’un d’entre eux a également dit que sa mentalité et sa manière d’être étaient plus « chinoises » depuis son entrée dans l’association. Il est donc possible de supposer que ce changement ou cette reconstruction identitaire est due à la fréquentation de l’Association Philan- thropique Chinoise et des individus qui fréquentent temporairement ou constamment ce lieu. Certains membres de l’association ont ainsi pu prendre conscience de leurs différences, et aussi de leur identité chinoise suite à leur adhésion et à leur action au sein de cette structure associative. Cependant, ce constat doit être relativisé. En effet, certains comportements identitaires peuvent être adoptés en fonction du milieu dans lequel on se trouve. Pour autant, on constate que les remaniements de la conscience de soi se produisent en partie à la suite de recherche de similitudes et de différences entre soi et autrui. La dynamique de groupe, instituée par l’Association 94