Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

présentation d’un nouveau membre au conseil d’administration est un exemple de ces caractéristiques ethniques. La première étape d’une adhésion au conseil d’administration, c’est- à-dire la présentation d’un individu, est caractéristique du mode de présentation et d’identification des Chinois. C’est notamment ce qu’il ressort des entretiens qui ont été menés. Certains membres de l’association ont ainsi souligné que leurs adhésions débutèrent par une présentation « à la chinoise », comme cela se pratique généralement à l’intérieur du groupe chinois en Polynésie française et en Chine continentale. C’est ainsi que le membre est tout d’abord présenté aux autres membres par celui qui l’a introduit ou invité, lors d’une réunion hebdoma- daire de l’association. En général à l’Association Philanthropique Chinoise, et avant même le début de la réunion, les questions sur l’identité du nouvel entrant pleuvent. Elles se font principalement en langue hakka. Ainsi, la première question incontournable est : « Ngi Siang mai ? (Tu es de quel patronyme ? Quel est ton patronyme ?) » Dans cette présentation « à la chinoise », voire ce rituel d’intégration, il s’agit donc de présenter son patronyme ou de le demander à son interlocuteur. Cette pratique fait partie du mode d’identification des Chinois. Selon Wang Bin, deux termes chinois traduisent le mot « identité » : Shen Fen et Ren Tong 93 en mandarin (Wang Bin 2004 : 30-31), « distincts mais corrélés, et que l’on emploie alternativement, selon le contexte ». Le terme Shen Fen nous intéresse particulièrement. En effet : “…le Shen Fen primordial résulte des liens de parenté immédiats (père/en- fants, mari/femme) ; et qu’il est extrapolé ensuite de proche en proche pour in- clure le professeur, l’étudiant, l’ami, le voisin, etc. ; jusqu’à culminer avec l’empereur. Cette extension par l’analogie obscurcit, sur le plan psychologique, la différence entre liens naturels et culturels… En dernière instance, le Shen Fen contribue au maintien d’un ordre moral. Avoir une identité (au sens du Shen Fen ) , c’est connaître ou afficher, selon des formes sémiotiques diverses, sa propre place dans la société.” (Wang Bin 2004 : 31) Ainsi, on « existe » par ses parents, par sa famille, par son entourage... Le Siang participe au Shen Fen . Il constitue un référent identitaire pour les 96 93 « désigne un comportement, verbal ou non, dans sa conformité à un certain système de valeurs. C’est un pro- cessus – et/ou le résultat d’un processus – qui privilégie une possibilité parmi d’autres. » (Littéralement Ren si- gnifie « reconnaître » et Tong « se conformer à ».) (Wang Bin 2004 : 31)

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