Instruments de musique traditionnels

LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE TRADITIONNELS POLYNÉSIENS Direction générale de l’éducation et des enseignements Ministère de l’éducation Polynésie française ©MEE-DGEE 2023 www.education.pf

COORDINATION DU PROJET Samuelle KRAUS, professeure et CMI d’éducation musicale et chant choral au lycée Paul Gauguin Élèves de Première S2TMD spécialité Musique, Promotion 2022-2023 LPG CHUNG Hanalei GANIVET Taupoe NAPUAUHI Hiaei PANIE Jason PERETAU Tehanahana POKARA Tonio RUAHE Mataarii TEMAURI Moheanui TOOMARU Heiariinui TUMAHAI Loghan RÉALISATION DE LA MAQUETTE PAR LA DGEE Bureau de la Production Édition et Média Département de l’informatique et du numérique éducatif - DINE Infographie et mise en page : Mairenui LEONTIEFF Couverture : Dylan CANCIAN & Poehei LEONE Responsable de l’édition : Mairenui LEONTIEFF, cheffe de bureau Directeur de la publication : Éric TOURNIER, directeur général de la DGEE Réf. PI 23018 ISBN. 978-2-37317-156-3 (version imprimée) Réf. PI 23021 ISBN. 978-2-37317-159-4 (version numérique) www.ebooks.education.pf

INTRODUCTION Ce livret a été conçu dans le cadre de recherches et sorties pédagogiques en lien avec le cours d’organologie, discipline enseignée aux élèves de Première S2TMD spécialité Musique du lycée Paul Gauguin par Madame Samuelle KRAUS. Il a pour but de rassembler et présenter les instruments traditionnels polynésiens présents en Polynésie française. Toutes les familles instrumentales y sont représentées : cordes, vents et percussions. Chaque instrument présenté dans ce livre possède : • une carte d’identité instrumentale pour chaque instrument, • des éléments servant à sa fabrication, • ses origines et l’évolution de l’instrument jusqu’à nos jours, • le rôle et la fonction qu’il occupe au sein de la culture musicale polynésienne, • ajout de documents iconographiques, légendes, • liens audios ou vidéos...

La production de ce livret pédagogique a pu être réalisée avec le soutien de la DGEE et l’implication, comme l’investissement dans leurs recherches, des élèves de Première S2TMD spécialité Musique, promotion 2022-2023 du lycée Paul Gauguin : CHUNG Hanalei GANIVET Taupoe NAPUAUHI Hiaei PANIE Jason PERETAU Tehanahana POKARA Tonio RUAHE Mataarii TEMAURI Moheanui TOOMARU Heiariinui TUMAHAI Loghan Remerciements à Tonyo TOOMARU, responsable pédagogique M1-MEEF2 Tahitien-Lettres à l’Université de Polynésie française, pour son expertise finale. Merci également à Matahi CHUNG SING qui a, chaleureusement, accueilli les élèves dans son atelier de lutherie. REMERCIEMENTS

SOMMAIRE INTRODUCTION REMERCIEMENTS TŌ’ERE PAHU TARIPARAU FA’ATETE ou FA’AKETE ’ĪHARA ’ORO’ORO VIVO ou PŪ IHU PŪ UKULÉLÉ POLYNÉSIEN UKULELE HAWAÏEN PROMOTION 2022-2023 Page 03 Page 04 Page 06 Page 09 Page 12 Page 15 Page 16 Page 17 Page 18 Page 21 Page 24 Page 28 Page 32

6 1. TŌ’ERE CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Percussions Catégorie : Idiophone Taille : Il mesure entre 40 à 120 centimètres de long selon le timbre que l’on souhaite obtenir. Son diamètre peut varier entre 19 et 28 centimètres (du plus aigu et moins fort au plus grave et plus fort). On distingue ainsi aux îles Cook, le tōkere-mama-iti de petite taille, le tōkere-tangarongaro de taille moyenne et le tōkere-taki ou le tōkere-’atupaka pour les plus grandes tailles. Matériau : Instrument traditionnel de forme oblong, il possède une fente. Il est taillé dans un tronc d’arbre. Le bois utilisé pour la fabrication du tō’ere est souvent le bois de rose ou miro, le pūrau, le mahogany, le teck, le tou ou tāmanu qui poussent en Polynésie. Le bois creusé fait caisse de résonnance. Le percusssioniste joue à l’aide d’une ou deux baguettes en bois aussi, selon le mode de jeu horizontal ou vertical. En fonction de l’endroit et de l’intensité de la frappe, on obtient un son différent. La baguette est fabriquée en ’aito ou bois de fer (Casuarina equisetifolia, de son nom scientifique). Origine : Il serait d’importation relativement récente en Polynésie française, introduit probablement par les nombreux insulaires des îles Cook venus travailler dans les plantations tahitiennes ou dans les mines de phosphate de l’île de Makatea aux XIXe et XXe siècles. Aux Samoa, ce sont les missionnaires de la London Missionary Society qui l’y amenèrent.

7 CONSTITUTION POSSIBILITÉS MUSICALES Il existe deux techniques : • la technique tā’iri hō’ē. Le tō’ere est positionné à la verticale, au sol, tenu par une main pendant que l’autre frappe successivement et rapidement avec une baguette de bois. • la technique tā’iri piti. Le tō’ere est positionné à l’horizontale, au sol, sur les genoux du musicien ou un tréteau en bois selon la taille de l’instrument. Il est frappé avec deux baguettes.

8 RÔLE ET FONCTION Dans l’orchestre, le tō’ere peut occuper quatre fonctions différentes. Ainsi, il peut : • être le meneur. Il est alors appelé Tō’ere arata’i, tōkere arataki, patē arataki, • réaliser la partie rythmique, nommé Tō’ere faˈatoma, • occuper le rôle de soutien, il est alors appelé Tō’ere tāmau, tōkere tamou, pate tāmou, • réaliser les contre-temps, soit Tō’ere tāhape, tōkere tangarongaro, patē tangarongaro. À l’époque des missionnaires, le tō’ere pouvait avoir comme rôle de rassembler et d’appeler les habitants du village à se réunir pour le culte. Aujourd’hui encore dans certaines îles des Cook, il est parfois utilisé dans les écoles pour signifier aux enfants le début ou la fin des cours, appeler les habitants d’un village à une réunion importante ou encore annoncer l’arrivée d’un bateau. (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/To’ere) DOCUMENT ICONOGRAPHIQUE Centre philatélique de Polynésie française L’INSTRUMENT DE NOS JOURS Le tō’ere est nommé de différentes appellations selon le lieu : • tō’ere dans les îles de la Société comme à Tahiti, • tōkere dans les îles d’Aitutaki, Atiu, Mitiaro et Mauke, • pate à Rarotonga et aux Samoa • ou encore ove à Mangaia. Il reste un instrument percussif polynésien utilisé dans les orchestres traditionnels pour accompagner les différentes danses et musiques polynésiennes. ENREGISTREMENT SONORE https://www.youtube.com/watch?v=e71syaSmelc

9 2. PAHU CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Le pahu est un instrument issu de la famille des percussions traditionnelles polynésiennes. Catégorie : C’est un membraphone (instrument percussif qui possède une membrane soit une peau). Taille : Il peut mesurer 30 centimètres à 2,4 mètres. Matériau : - le tronc d’un arbre, du pua ou d’un tāmanu ou d’un miro, - la peau d’un requin, de raie, d’un chien ou celle d’une vache, - des cordes en fibres de coco ou nape. Il faut compter environ 15 jours pour la fabrication d’un pahu. Aujourd’hui, il existe aussi le pahu en PVC. À la place du tronc, il a été mis un cylindre en PVC, cela facilite le travail, mais cette facilité entraîne l’oubli des méthodes de fabrication ancestrales. Origine : Le pahu est originaire de l’archipel des Marquises, de l’île de Nuku Hiva. CONSTITUTION À gauche, deux pahu tūpa’i modernes : PVC, acier et peau animale À droite, trois pahu tūpa’i : peau animale, cordage

10 POSSIBILITÉS MUSICALES C’est un instrument de musique qui produit des rythmes constants et imposants. RÔLE ET FONCTION Autrefois, le pahu occupait une place d’honneur dans la société polynésienne, notamment dans l’archipel des Marquises. Il existe plusieurs types de pahu, chacun ayant une apparence et fonction spécifique pour accompagner : - les rites sacrés sur le marae, - les chants, - les danses, - annoncer un événement. À l’origine, il est considéré comme l’un des instruments incontournables de l’orchestre traditionnel polynésien. SYMBOLIQUE, LÉGENDE La légende du tambour sacré de Hono’ura (un héros légendaire polynésien) raconte que le «’ōfa’i pahu» (tambour en pierre) de Vaiare (chefferie sur l’île de Moorea) était un cadeau que Hono’ura devait offrir à sa bien-aimée, la belle Vahine’ura. Hono’ura cueillit des feuilles de ’autī ou tī (Cordyline terminalis, de son nom scientifique), en fit une brassée avec laquelle il frappa l’orifice du trou du tambour. Le tambour résonna d’un grand bruit et le son se propagea jusqu’à Opunohu (chefferie située sur l’autre partie de l’île de Moorea, souvent caractérisée par sa majestueuse baie). DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES À gauche, trois pahu constitués de peau animale, de PVC ou de bois À droite, «Aimata et le secret des tambours», conte pour découvrir les tambours de Tahiti de Laure Urgin, illustré par Élise Mansot

11 L’INSTRUMENT DE NOS JOURS Le pahu a perdu de sa splendeur avec l’apparition du tō’ere, il a été relégué au deuxième rang et est de moins en moins utilisé. Il sert d’accompagnement. Cependant, il est toujours valorisé dans les prestations musicales marquisiennes. ENREGISTREMENT SONORE https://www.youtube.com/watch?v=rRasWlukVjA ÉVOLUTION DU PAHU C’est un instrument de «pouvoir» utilisé en Polynésie centrale, aux îles Cook, aux îles de la Société, dans les archipels des Marquises, des Australes et des Tuamotu-Gambier. Il sert à annoncer un événement (une naissance...), à marquer les différents cycles de la vie. À l’époque, il existait trois rangs de pahu : - le pahu a te ari’i : tambour du chef, - le pahu rutu roa : tambour des prêtres, - le hau pahu nui : tambour prestigieux de l’alliance des peuples polynésiens. Le pahu rythmait la vie des habitants de la Terre des hommes aussi bien pour les cérémonies religieuses que lors des grandes fêtes. Aujourd’hui, la transmission est faible, les techniques de frappe se perdent ainsi que la technique d’attache traditionnelle. De nos jours, la crainte est de voir se multiplier les pahu en PVC au détriment de ceux fabriqués en bois.

12 3. TARIPARAU CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Percussions Catégorie : Membraphone, c’est-à-dire que les sons sont produits par des vibrations obtenues en frappant sur la membrane (peau) à l’aide d’une mailloche, d’une baguette avec une feutrine à l’une de ses extrémités. Taille : Le tariparau est un instrument plutôt large et de taille moyenne. Matériau : Ce tambour est constitué de bois et de deux membranes souvent faites de peau animale. Le choix du bois n’est pas spécialement mentionné pour sa fabrication et le cordage qui est autour du tambour sert à serrer le bois pour tendre la peau et permettre à l’instrument d’émettre un son aigu ou grave (selon le choix du musicien). Origine : Cet instrument est probablement originaire de l’île de Rurutu, située dans l’archipel des Australes. CONSTITUTION Louis, jeune musicien de tariparau Le tariparau possède un cordage qui permet de tendre la peau et de mieux résonner à ses vibrations.

13 POSSIBILITÉS MUSICALES Cet instrument percussif émet des rythmes qui permettent d’accentuer la pulsation et d’impulser le tempo (vitesse à laquelle est jouée la musique) de son orchestre. Les musiciens peuvent également se servir de leurs mains nues pour étouffer les vibrations sur la peau, voire donner des contrecoups. RÔLE ET FONCTION Il est représenté comme étant en quelque sorte le chef d’orchestre. Son rôle au sein d’un orchestre polynésien consiste à donner la cadence aux autres instruments de l’orchestre pour que l’accompagnement instrumental ne soit pas en désordre, il doit être bien audible, régulier et fort. SYMBOLIQUE, LÉGENDE La signification de cet instrument est «Porteur de messages». Il servait autrefois à annoncer un événement, c’est toujours le cas aujourd’hui. L’histoire de cet instrument polynésien est un héritage des fanfares européennes qui remonte au temps de la colonisation. DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES Élèves de Première S2TMD. Orchestre composé de gauche à droite) de deux fa’atete (ou fa’akete), de tō’ere, de deux pahu tūpa’i et d’un tariparau.

14 On peut distinguer sur cette affiche du Heiva i Tahiti, la célébration des 140 ans des festivités locales, l’évolution de la culture polynésienne au sein du Heiva (autrefois appelée Tiurai) depuis 1881 (sa création) jusqu’à 2021 (date de création de l’affiche). Sur la première image de gauche, nous pouvons observer un tariparau. La musicienne de sa main gauche tient le tariparau et de l’autre main, la musicienne tient une baguette en bois utilisée pour frapper sur la peau du tariparau. L’INSTRUMENT DE NOS JOURS L’instrument n’a pas vraiment évolué à travers les années. Il n’est pas rare de voir l’utilisation des matériaux tels que le métal et le plastique. Le tariparau est toujours utilisé dans la culture musicale polynésienne et a conservé toute sa richesse. ENREGISTREMENT SONORE https://youtu.be/xlfXLvJNomI

15 4. FA’ATETE ou FA’AKETE CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Percussions Catégorie : Membraphone. Instrument de musique de la famille des percussions qui produit du son en frappant sur une peau. Taille : Le fa’atete ou fa’akete est un instrument de taille variable. Matériau : Caisse de résonnance dont une extrémité est fermée par une peau de chèvre, de requin ou synthétique. Instrument joué avec deux baguettes en bois. Origine : Version du pahu plus moderne. RÔLE ET FONCTION Le fa’atete occupe une place importante dans l’orchestre traditionnel polynésien. Il a pour rôle de réaliser les transitions, de marquer les changements de rythme ou encore d’accompagner avec notamment le rythme du «cheval». Photo prise au Musée de Tahiti et des îles, Punaauia, 2017 par S. Kraus Jeune percussioniste au fa’atete

16 5. ’ĪHARA CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Percussions Catégorie : Idiophone. Instrument de musique de la famille des percussions dont le son est produit par le matériau de l’instrument lui-même, lors d’un impact produit soit par un accessoire extérieur, soit par une autre partie de l’instrument. À la différence des membranophones, il ne possède pas de peau. Taille : Le ’īhara est un instrument de taille variable. Matériau : Bambou positionné à l’horizontal. Il est fermé à ses deux extrémités par des nœuds dans lesquelles on a pratiqué de fines fentes horizontales. Le musicien joue en frappant deux baguettes en bois sur le bambou. Origine : Ancestrale. Appelé également tīhara MODÈLE DE ’ĪHARA

17 6. ’ORO’ORO CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Percussions Catégorie : Idiophone. Instrument de musique de la famille des percussions dont le son est produit par le matériau de l’instrument lui-même, lors d’un impact produit par les entrechocs liés à l’action de le secouer. Sorte de maracas. Taille : Un coco moyen et rond Matériau : Noix de coco naturelle Origine : Ancestrale EXEMPLE DE ’ORO’ORO

18 7. VIVO ou PŪ IHU (flûte nasale) CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Famille des vents Catégorie : Bois Taille : 20 à 40 centimètres Matériau : Bois, bambou, os humain ou animal Origine : Ancestrale DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES Photos du vivo Flûtes nasales en bois et en bambou Flûte nasale en os, Pū ihu (nom également associé aux Marquises) Rito Teiefitu est un artiste qui a fabriqué, dès sa jeunesse, des «vivo» marquisiens, à l’aide d’os d’animaux comme ceux de cochons sauvages ou de chèvres, plus particulièrement les pattes, en raison de leur épaisseur. POSSIBILITÉS MUSICALES Le son dépendra de la façon de souffler dans l’instrument. Le vivo ou la flûte nasale se joue avec le nez. Pour émettre un son, la procédure est la même qu’une flûte ordinaire, il suffit de boucher les trous avec ses doigts pour jouer les différentes notes du vivo. Cependant la position des doigts diffère selon les archipels de la Polynésie, et de la longueur de celle-ci. Si elle est de courte taille, le son sera aigu, tandis qu’une flûte nasale de taille plus longue aura un son plus grave.

19 RÔLE ET FONCTION Le vivo est aussi bien un instrument mélodique que rythmique. Il accompagne les chants et les danses (à l’instar des autres instruments) ainsi que les ’ōrero (l’art oratoire ou la déclamation) lors des spectacles, par exemple lors des festivités du Tiurai (le mot trouve son étymologie de l’anglais ‘July’ car les festivités se déroulaient durant la période du mois de juillet), aujourd’hui appelées Heiva. Autrefois, il permettait aux gens d’avouer leurs sentiments à l’être aimé. C’était un instrument de séduction. Il avait pour fonction d’embellir les chants anciens et d’adoucir les pensées, comme de soutenir les récitations de poèmes. SYMBOLIQUE, LÉGENDE Le vivo est un symbole de transmission. C’est le souffle de la vie. L’instrument pouvait soutenir l’homme lors de ses tentatives d’incantation et de lancement de sorts. Autrefois, on attribuait des pouvoirs magiques à la flûte nasale, notamment à l’air (envoûtant). C’est pour cette fonction «mystique», que le vivo faisait partie des cérémonies sacrées où il invoquait les dieux et les esprits. L’INSTRUMENT DE NOS JOURS ET SA CONSTITUTION Vivo : - Constitué de six trous et d’un trou où l’on souffle à l’intérieur avec le nez - Matériau : Bambou, os d’animaux ou humain - Son : doux et mélodieux Lorsque la flûte nasale était fabriquée avec des os humains, ces os appartenaient aux ennemis vaincus lors d’une guerre ou d’une bataille. La photo ci-dessous représente un vivo décoré de motifs polynésiens. Joueur de vivo en position de jeu musical Louis MK

20 Vivo de différentes tailles Emplacement du nez Emplacement des doigts Photo prise au Musée de Tahiti et des îles, Punaauia, 2017 par S. Kraus Position pour jouer du vivo

21 8. PŪ (conque marine) CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Famille des vents Catégorie : Bois Taille : Tout dépend du pū utilisé et de son lieu d’origine Matériau : Le pū peut prendre de multiples formes. Auparavant, il y avait : - le pū coquillage (Murex ou Charonia tritonis) qui est une conque marine - le pū ’ōfa’i taillé en pierre - le pū rā’au en bois - le pū ’ofe en bambou Origine : Le pū ’akau ou pū rohoti est un instrument de musique polynésien traditionnel, caractéristique de l’archipel des Marquises. Selon les sources, il est décrit comme une petite trompe composée d’un cylindre et d’une embouchure de bambou ajustable, d’un diamètre de 12 à 20 centimètres. Le pū toka ou pū, originaire de Hawaii, possède la même fonction. DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES Pū (en bois) Pū (conque marine)

22 POSSIBILITÉS MUSICALES La conque marine : Issue d’un murex, un gastéropode géant (Charonia tritonis) polynésien dans lequel un trou est pratiqué à la base pour y souffler. Le son que produit cet instrument dépend de la façon dont on souffle à l’intérieur du petit trou percé. On peut parfois avoir l’impression d’entendre le bruit de la mer, mais le pū est capable de faire ressortir un son proche des notes musicales telles que le DO, DO# et le RÉ. Un petit extrait : https://soundcloud.com/cnrs_officiel/marsoulas-shell-conch-sound?utm_source=mobi&utm_campaign=social_sharing&utm_terms=hackedsounds.uploads_first RÔLE ET FONCTION Le son qui est émis par le pū sert à lancer des appels lointains, ou à convoquer la population au rassemblement pour des cérémonies sacrées, pour des intronisations royales, pour la levée d’un tabou (tapu en tahitien), d’un interdit… Aujourd’hui, il est utilisé dans de multiples occasions tels que le Heiva, les reconstitutions historiques, les spectacles folkloriques, l’arrivée ou le départ d’un bateau et même pour la vente du poisson autour de l’île. SYMBOLIQUE, LÉGENDE La légende de la princesse Pereitai La légende de Pereitai raconte les amours interdits entre Pereitai, la fille du roi, et un jeune homme nommé Temuri, originaire des collines de Fautau’a à l’Est de Papeete, qui n’était pas de sang royal et comment, grâce au soutien des Ancêtres, le jeune homme a pu surmonter les interdits et épouser la princesse originaire de Faa’a. Elle explique l’origine du nom du district de «Punaauia» à Tahiti, qui s’appelait autrefois Hiti puis Mano-Tahi. Le Grand-Ancêtre les salua et offrit solennellement à Temuri un cadeau de bienvenue. C’était une conque, un magnifique coquillage de grande taille nommé pū à Tahiti. Temuri a porté la conque à ses lèvres, a gonflé ses poumons et a joué une musique si mélodieuse que toutes les tempêtes du monde se sont arrétées pour l’écouter. Temuri nomma son merveilleux instrument Pū-i-raro-i-tau, ce qui signifie «Conque engloutie dans les profondeurs». Au cours d’une grande cérémonie, Temuri offrit la grande conque Pū-i-raro-i-tau au chef Pohuetea pour le remercier de son accueil. Celui-ci, pour célébrer cet événement, donna au district de Manotahi le nom de Pū-naauia (E pū nā au ïa) qui signifie «La conque est mienne». (Il existe une autre version de la légende de Punaauia. Celle-ci est une parmi tant d’autres). (Source : https://www.tahitiheritage.pf/legende-pereitai-punaauia/)

23 Joueur de pū, Louis MK Pu toka_conque_marine.Pacific Encounters Art & Divinity in Polynesia 1760-1860 Steven Hooper THE BRITISH MUSEUM PRESS 2006 En savoir plus : https://www.tahitiheritage.pf/legende-pereitai-punaauia/ L’INSTRUMENT DE NOS JOURS Le « PŪ » le plus utilisé en Polynésie est le PŪ POREHO ou PŪ MUREX, celui en coquillage. La conque est une coquille de divers mollusques gastéropodes dont la conque marine plus particulièrement. Il a été trouvé il y a plus de 18 000 ans mais pas dans les îles de Polynésie. Les recherches de type Carbone 14 ont révélé qu’il s’agissait du premier instrument à vent de ce type. ENREGISTREMENTS SONORES Sons différents de PŪ qui ne sont pas utilisés de la même manière https://youtu.be/MGlwdoXLQIc Vidéo avec des explications plus approfondies https://youtu.be/jn4tGX0ivpI

24 9. UKULÉLÉ POLYNÉSIEN CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Instrument à cordes Catégorie : Cordes pincées Taille : Environ 40,5 centimètres et plus Matériau : Solide morceau de bois Origine : Tout a commencé en 1879, lorsqu’un bateau, venu de l’île de Madère, a débarqué à Hawaï avec des travailleurs agricoles pour cultiver la canne à sucre et l’ananas. João Fernandes, un des migrants, ne se sépare jamais de sa petite guitare portugaise à 4 cordes métalliques nommée le braguinha, aussi connue sous le nom de cavaquinho... L’instrument sera très vite adopté par les Hawaïens qui en changeront l’accordage et l’appelleront «ukulele» (prononcé oukoulélé), ce qui signifie «la puce qui saute» en hawaïen, en référence au mouvement de la main que le musicien effectue quand il gratte les cordes et qui fait penser au mouvement de patte des chiens voulant se débarrasser des puces. Le son a séduit les Polynésiens. L’usage du ukulele se répand dans toutes les îles du Pacifique, à Tahiti ainsi qu’aux îles Samoa. Au fil des années, les Polynésiens ont développé le ukulélé polynésien à partir de cette petite «guitare». CONSTITUTION

25 POSSIBILITÉS MUSICALES Il existe plusieurs façons de jouer au ukulélé. Exemples de frappes : VALSE : https://youtu.be/QTGzvtt_Pxk(+hula et marche KAINA : https://youtu.be/dzgMtoWwUr8 HULA : MARCHE : Possibilités d’accords :

26 Pour le ukulélé polynésien, le système de résonance est différent du ukulele hawaïen : la bouche n’est pas sur le devant de la caisse, mais derrière l’instrument. C’est toute la table, bien qu’elle soit en bois, qui sert de résonateur comme une membrane de banjo. Ceci explique sûrement pourquoi le ukulélé polynésien a souvent les cordes doublées et parfois même triplées. Il a donc parfois 4 clés, mais on peut en compter 8 ou 12. De nombreuses cordes doublées sont fabriquées en une seule pièce, la corde est pliée en deux et attachée au chevalet ou au cordier et enroulée autour des deux mécaniques assorties. Comme sur un ukulele hawaïen, c’est la longueur du diapason qui détermine la taille de l’instrument. RÔLE ET FONCTION Le ukulélé peut se jouer comme soliste : https://youtu.be/M1iS0Iqu_II Ou bien comme accompagnement : https://youtu.be/oU0EpCN6nZ0 Si les Hawaïens traduisent le mot ukulele par «la puce qui saute», les Tahitiens, qui l’ont adopté ensuite, le traduisent plutôt par «uku» : rythmer, et «lele» : frapper. Alors que l’expression «strum» est traduit en français en utilisant le verbe gratter, à Tahiti, le terme «strum» signifie : «la frappe». Ceci illustre assez bien la façon de jouer polynésienne souvent percussive, avec des nuances selon les archipels ; comme le hula dans les îles de la Société, ou comme le kaina, frappe plus rapide caractéristiques des îles de l’archipel des Tuamotu. SYMBOLIQUE, LÉGENDE Le ukulélé polynésien est très important pour les Polynésiens. Il fait partie de son identité culturelle. 2018 marque l’année où le record du monde de ukulélé a été battu et a été obtenu par les Polynésiens au stade Pater, le 24 février. En octobre 2022, le troisième Festival international du Ukulélé a eu lieu à Tahiti.

27 Record du monde du plus grand rassemblement de joueurs de ukulélé, établi à Tahiti le 11 avril 2015. «4792 personnes s’étaient réunies place To’ata, sur le front de mer de Papeete, à l’occasion du 1er Festival de ukulélé de Tahiti. » Photo RÉDACTION EUROPE1.FR 07h01, le 24 avril 2015 L’INSTRUMENT DE NOS JOURS De nos jours, le ukulélé polynésien est toujours présent, que cela soit dans les groupes de musique ou en ville… Il est très recherché par les touristes. On peut maintenant avoir plusieurs styles de musique que cela soit moderne ou kaina. Arrivée dans le Pacifique avec des cordes métalliques, la rareté du produit a induit une modification sur les cordes. D’abord remplacées par des boyaux d’animaux, les cordes sont aujourd’hui en nylon. ENREGISTREMENT SONORE TNTV : https://youtu.be/by1WSJjiJ_Y

28 10. UKULELE HAWAÏEN CARTE D’IDENTITÉ Famille d’instrument : Cordes Catégorie : Cordes pincées Taille : 55 à 77 centimètres Matériau : Bois de koa (variété d’acacia hawaïen) Origine : Tout a commencé en 1879, lorsqu’un navire venu de l’île de Madère a débarqué à Hawaï avec des ouvriers agricoles pour cultiver la canne à sucre et l’ananas. João Fernandes, un des migrants, ne se sépare jamais de sa petite guitare portugaise à 4 cordes métalliques nommée le braguinha, aussi connue sous le nom de cavaquinho. L’instrument sera très vite adopté par les Hawaïens qui en changeront l’accordage et l’appelleront «ukulele» (on prononce oukoulélé), ce qui signifie « la puce qui saute » en hawaïen, en référence au mouvement de la main que le musicien effectue quand il gratte les cordes et qui fait penser au mouvement de patte des chiens voulant se débarrasser des puces. CONSTITUTION

29 POSSIBILITÉS MUSICALES L’accordage : Le ukulele s’accorde le plus souvent en DO. 1ère corde : LA 2ème corde : MI 3ème corde : DO 4ème corde : SOL Les différents ukulele hawaïens : RÔLE ET FONCTION Le ukulele hawaïen est souvent joué en accompagnement ou comme soliste. https://youtu.be/oU0EpCN6nZ0 SYMBOLIQUE, LÉGENDE Une autre histoire prétend que le nom ukulele tire son nom de l’Anglais Edward William Purvis, un des officiers de la Cour du Roi hawaïen David Kalakaua. Il a gagné le même surnom en raison de sa petite taille et de sa façon de bouger. Il était également un joueur de ukulele expérimenté.

30 DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES Le cavaquinho était la base du ukulele hawaïen. ÉVOLUTION DE L’INSTRUMENT À l’origine, les ukulele étaient entièrement fabriqués en bois, une variété d’acacia hawaïenne : le bois de koa. Actuellement, cette variété de bois reste très utilisée à Hawaï, mais ailleurs, on peut trouver des ukulele fabriqués avec des bois utilisés en lutherie de guitare comme l’épicéa et l’acajou. Des modèles en plastique ont même été créés aux États-Unis où ils ont eu du succès. La matière des cordes a aussi évolué par rapport au temps. Initialement, les cordes étaient métalliques, mais lorsqu’elles sont devenues plus difficiles à obtenir, elles ont été remplacées par du boyau de mouton, désormais en nylon. La taille et la forme du ukulele ont également changé, entraînant différentes variétés de ukulele. ENREGISTREMENT SONORE https://youtu.be/O4u8n_CjUDY

31 À gauche, un ukulele hawaïen soprano. À droite, un ukulele hawaïen ténor (de taille plus grande et plus grave) ATTENTION : Le ukulele hawaïen est souvent appelé à tort «kamaka». KAMAKA est une marque de ukulele et non le nom d’un instrument.

Elèves de Première S2TMD spécialité Musique du lycée Paul Gauguin De gauche à droite : PANIE Jason, TOOMARU Heiariinui, POKARA Tonio, NAPUAUHI Hiaei, PERETAU Tehanahana, GANIVET Taupoe, CHUNG Hanalei, TEMAURI Moheanui PROMOTION 2022-2023 Imprimé en 300 exemplaires Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE) ISBN. 978-2-37317-156-3 (version imprimée) ISBN. 978-2-37317-159-4 (version numérique) Dépôt légal : 2023 ©MEA-DGEE 2023 www.ebooks.education.pf

Les instruments de musique TRADITIONNELS ISBN. 978-2-37317-156-3 (v. imp) ISBN. 978-2-37317-159-4 (v. num) © MEE-DGEE 2023

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