Une histoire de l'Océanie

la Nouvelle-Zélande) sont chauds et humides, avec des nuances locales en fonction de la latitude et du relief. Les précipitations sont abondantes surtout sur les côtes orientales « au vent » des alizés ; les côtes occidentales « sous le vent » et les îles basses peuvent connaître des périodes de sécheresse. Les cyclones, rares près de l’équateur, sont saisonniers et frappent de part et d’autre des tropiques. Le géographe peut distinguer « les îles et archipels de l’Océanie intertropicale » de « l’Océanie intertropicale » qui comprend en plus, stricto sensu, les parties septentrionales de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Les différentes sociétés insulaires se sont adaptées à ces contraintes géographiques du relief et du climat. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Guinée, longtemps isolées des autres continents, abritent une flore et une faune spécifiques (domaine biogéographique situé à l’est de la ligne Wallace). Les îles montagneuses sont recouvertes de forêt. Les mangroves* à palétuviers bordent les côtes de la NouvelleGuinée où poussent également des forêts de palmiers-sagoutiers dans les plaines marécageuses. La flore s’appauvrit logiquement au fur et à mesure que l’on se dirige vers l’est du Pacifique où le taux d’endémisme* devient élevé. Les espèces végétales se répandent quand les graines et les pollens sont transportés par les oiseaux, les vents et les courants marins. La flore originelle était pauvre en plantes comestibles et les hommes ont introduit les plantes alimentaires en plusieurs phases. Les principales plantes comestibles diffusées par les Océaniens dans l’Océanie entière proviennent de la région correspondant aux archipels actuels d’Indonésie et de Nouvelle-Guinée : banane, canne à sucre, fruit de l’arbre à pain, igname, kava*, noix de coco, taro… Les Occidentaux ont par la suite acclimaté au XVIIIe et au XIXe siècle de nombreuses autres plantes dont la plupart des arbres fruitiers tropicaux (manguiers, tamariniers, orangers…). Il n’y avait pas de mammifères en Océanie avant l’arrivée des Océaniens à part la chauve-souris (roussette). Avant l’arrivée des Européens, les seuls mammifères introduits par les Océaniens étaient les chiens, les cochons et les rats (ces animaux étant pour leur part lointainement originaires d’Asie). Les autres animaux présents sur les îles étaient des oiseaux, des tortues marines et des reptiles ayant dérivé sur des amas végétaux flottants. La compréhension du système des vents et des courants dans le Pacifique est indispensable pour comprendre le peuplement de la Micronésie et de la Polynésie aux temps anciens et l’exploration du Pacifique par les Occidentaux à l’époque de la marine à voile. Dans la zone intertropicale, on observe un régime dominant d’alizés venant du secteur est et se dirigeant vers l’équateur de part et d’autre de cette ligne remarquable. Aux latitudes moyennes, dans les deux hémisphères, il y a un régime dominant de vents venant du secteur ouest. Globalement, le régime des vents varie selon les saisons ; en janvier la zone de convergence intertropicale (Z.C.I.T) se trouve au sud de l’équateur géographique, en juillet, elle se situe au nord. Comme nous le verrons ultérieurement, les alizés facilitaient pour les Polynésiens les communications entre les archipels et les voyages de retour en cas d’expédition infructueuse. De même, Magellan utilisera les alizés pour traverser le Pacifique du sud-est vers le nord-ouest et Urdaneta suivra les vents d’ouest pour rejoindre l’Amérique à partir de l’Asie. Actuellement, les scientifiques progressent dans la compréhension d’El Niño et les historiens en tirent leurs propres conclusions. El Niño résulte d’une anomalie atmosphérique périodique modifiant les régimes des courants marins, des vents et des pluies dans le Pacifique. El Niño dure environ 18 mois et survient en moyenne une ou deux fois par décennie. Pendant El Niño, on assiste à un affaiblissement des alizés doublé d’une inversion dans le régime des vents qui se mettent à souffler d’ouest en est. Les Polynésiens voyaient donc régulièrement leurs voyages de l’ouest vers l’est favorisés ; de plus, à la fin de ce phénomène climatique, le régime des alizés (soufflant de l’est vers l’ouest) se rétablissait permettant le retour. La durée d’El Niño pourrait correspondre à celle d’une grande expédition maritime et sa fréquence serait compatible avec des schémas planifiés d’exploration. Également dans la zone intertropicale, on observe un régime dominant de courants transportant l’eau d’est en ouest sur toute la largeur du Pacifique : ce sont le courant nord-équatorial et le courant sud-équatorial ; 14

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