theatre-et-sciences

159 et/ou expérimentées dans les classes précédentes. Ces notions sont d’autant plus difficiles à appré- hender que l’approche est de forme hypothético-déductive dans la mesure où ni le toucher, ni la vue ne peuvent être sollicités. Ces notions sont donc à la fois concrètes (les atomes étant les constituants de base de la matière dans l’Univers, donc de tout ce que l’on peut « toucher ») et abstraites. Or, l’apprentissage chez les élèves polynésiens est réputé passer le plus souvent par le visuel et le tactile (Richaud, 2014). 1.3. La pédagogie de projet au service des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires Héritière de la pensée de John Dewey, la pédagogie de projet a rapidement séduit nombre de pédagogues (Bordallo et Ginestet, 1993) pour lesquels elle est indissociable à l’émancipation de la pensée (Albero, 2003) en favorisant l’appropriation de ce qui peut apparaître comme sibyllin. En effet la péda- gogie de projet fait appel à un ensemble de domaines et de données qu’il convient de prendre en compte pour approcher et mettre en œuvre une intention programmée. Dans le domaine de l’édu- cation, ce type de pédagogie s’appuie sur la mobilisation des élèves dans la mesure où ils sont im- pliqués dans chaque étape, de la conception à la réalisation. Le projet se situe dans une temporalité indéfinie entre le passé, à l’origine de l’idée initiale, le présent, domaine de la pensée immédiate et le futur, temps de la réalisation. Le projet est donc une anticipation fondée sur un passé et pensé dans l’ici et maintenant. Il est à la fois fiction, intention et action (Boutinet, 2012). En cela, le projet est une aventure dont on ne connaît jamais vraiment l’issue. Les deux termes appartiennent d’ailleurs au même champ sémantique. Mettre en œuvre une pédagogie de projet, c’est accepter de vivre une aventure qui vient troubler la monotonie rassurante des enseignements ordinaires et déloger les participants de leurs habitudes quotidiennes. C’est également déposer derrière soi une partie de son savoir, tant sur les autres que sur soi puisque le projet ne relève que d’une réalité toute relative. Il est empreint d’incertitude, de questionnements et d’hypothèses. C’est en cela que le projet contraint celui qui l’accepte à se dépasser en faisant montre de présence d’esprit, d’adaptation, de souplesse mais aussi d’endurance (Mathe, 1972). Il s’agit ici d’une distanciation avec le quotidien, le connu, le familier consistant à investiguer des territoires inconnus en étant condamné au mouvement, ne serait-ce que celui de la pensée. La pédagogie de projet est une pédagogie du défi acceptant cette part de mystère et surtout d’incertitude qui ne peut être maîtrisée. C’est une interrogation permanente abordant l’erreur comme une heuristique (Astolfi, 2009) permettant ainsi la création d’un espace d’inves- tissement et d’implication pour tous (Hubert, 2005), susceptible d’être mis en œuvre dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires. Depuis la rentrée 2016, les élèves bénéficient d’enseignements pratiques interdisciplinaires. Si les itinéraires de découverte (IDD), destinés aux élèves des classes de cinquième et de quatrième, avaient pour intention de renforcer la cohérence pédagogique des enseignements par la mise en œuvre de pratiques interdisciplinaires, les EPI visent à offrir des modalités d’apprentissages variées, pour les collégiens du cycle 4, favorisant l’évaluation par compétences. Ils sont l’occasion d’apprendre de façon différente pour approfondir et consolider les fondamentaux, pour travailler l’expression orale, pour développer l’esprit créatif et la participation permettant ainsi une meilleure appropriation des savoirs abstraits. Toutes les disciplines contribuent aux EPI à raison de deux à trois heures hebdomadaires, prélevées sur les cours traditionnels. Chaque établissement définit les thématiques abordées et les disciplines impliquées. Pour aider, voire faciliter, l’insertion des diverses disciplines dans les EPI, huit thèmes56 de travail sont proposés. Au moins six de ces thèmes doivent être traités par chaque élève au cours du cycle 4, à raison d’au moins deux thèmes différents par année. Chaque EPI implique la participation de plusieurs disciplines autour d’un thème afin de permettre aux élèves de « comprendre le sens de leurs apprentissages en s’appuyant sur des connaissances issues des disciplines mais appliquées à des objets communs au sein d›un projet porté par des équipes57 ». La démarche de projet est le point 56 Corps, santé, bien-être, sécurité ; culture et création artistiques ; transition écologique et développement durable ; information, communication, citoyenneté ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ; monde économique et professionnel ; sciences, technologie et société 57 Programme du cycle 4. BOEN spécial n° 11 du 26 novembre 2015

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