theatre-et-sciences

THÉÂTRE & SCIENCES pour les écoles d’Océanie et d’Ailleurs Sous la direction de Rodica AILINCAI Direction générale de l’éducation et des enseignements Ministère de l’éducation et de la modernisation de l’administration, en charge du numérique Polynésie française ©MEA-DGEE 2022 www.education.pf

Les sciences autrement ou Théâtre et sciences pour les écoles d’Océanie et d’Ailleurs Collectif d’auteurs-contributeurs Rodica AILINCAI Samantha BONET-TIRAO Hereiti BRODIEN Florence CONDAT Isabelle GAYET Émilie GUY Rosemay TEMAHUKI-HUNTER Patrice LEROY Carole LOBBRECHT Tokahi LUCAS Philippe MARTIN-NOUREUX Tiarenui PORLIER Sylvie TAEREA Marotea TEAPEHU Vahinetua TEAPEHU Tumaiteata TANETEVAIORA Coralie TAQUET Anna TEMU Maria-Vaikoa TUPUA Tabaré VELAZQUEZ-BRITO Sandrine WEIL Annick WEIL-BARAIS

RÉALISATION DE LA MAQUETTE Bureau de la Production Édition et Média Département de l’informatique et du numérique éducatif Relecture et mise en page : Mairenui LEONTIEFF Infographie : Heinui LE CAILL Coordination de l’édition : Mairenui LEONTIEFF, cheffe de bureau Directeur de publication : Éric TOURNIER, directeur général de la DGEE Réf. PI-22010 ISBN. 978-2-37317-114-3 (Version imprimée) ISBN. 978-2-37317-115-0 (Version numérique) www.ebooks.education.pf

5 Remerciements aux étudiants deMaster 2 du parcours Médiation scientifique et culturelle pour leur participation à cet ouvrage, leur investissement, leur patience ; remerciements à tous les auteurs de cet ouvrage pour l’originalité de leurs contributions. Nous tenons à remercier les collègues du comité scientifique pour leur expertise, leurs conseils et leur lecture attentive : Phila BIANCHINI, RAHARIVELOMANANA, professeur des universités en chimie, Université de la Poly- nésie française Mathilda CHANG, enseignante de biologie, directrice adjointe de l’INSPÉ de Polynésie française Jean CHAUMINE, maître de conférences en mathématiques, directeur de l’INSPÉ de la Polynésie française Frédérique CUSINIER, maître de conférences honoraire en psychologie, Habilitée à Diriger des Recherches Dr Omid DAVOUDI, médecin ophtalmologue, Centre hospitalier Jacques Cœur de Bourges Marina DEMOY-SCHNEIDER, maître de conférences en biologie, Université de la Polynésie française Nabila GAERTNER-MAZOUNI, professeur des universités en biologie marine, Vice-Présidente de la Commission Recherche de l’Université de la Polynésie française Dr Sébastien NUNEZ, médecin hospitalier au CHPF, endocrinologue et diabétologue Nelly SCHMITT, maître de conférences en physiologie, Université de la Polynésie française Rémi SOUARD, enseignant de physique, INSPÉ de la Polynésie française Taivini TEAI, maître de conférences en chimie, Habilité à Diriger des Recherches, Université de la Polynésie française Marc TAQUET, chercheur en océanologie biologique et environnement marin, IRD de Polynésie française Mirose PAIA, maître de conférences en langues et littérature polynésiennes, Université de la Polynésie française Dr Andrei VARTIC, médecin généraliste à Châteaubriand Dr Roxana VARTIC, médecin généraliste à Papeete et à Paris Jacques VERNAUDON, maître de conférences en linguistique générale et océanienne, Université de la Polynésie française Annick WEIL-BARAIS, professeur des universités émérite en psychologie, Université d’Angers … Remerciements à Benoît LAYRLE du Syndicat FENUA MA pour son expertise, ses suggestions et surtout l’autorisation de mettre en scène FENUAMAN. Remerciements à Tonyo TOOMARU pour la couleur apportée à Kaina. Remerciements à Florence CONDAT pour sa relecture professionnelle et son implication dans l’aboutissement de ce travail. Remerciements à Brigitte MARIN pour sa relecture vigilante et son expertise. Remerciements à Madame la ministre de l’Éducation Christelle LEHARTEL pour son appui à la publication de cet ouvrage. Remerciements à Thierry DELMAS, directeur de cabinet au ministère de l’Éducation pour son soutien indéfectible et de longue date à ce projet. Remerciements à Éric TOURNIER, directeur général de la Direction générale de l’éducation et des enseignements pour son aide précieuse qui a permis l’édition de ce livre, ainsi qu’aux services éditoriaux de la DGEE. Remerciements au laboratoire EASTCO de l’UPF et à l’INSPÉ de Polynésie française pour leur concours à la publication de cet ouvrage ; un merci tout particulier à Jean CHAUMINE directeur de l’INSPÉ. REMERCIEMENTS

6 De longue date, les pédagogies actives défendent l’idée que les élèves apprennent dans et par l’action. Ils sont alors acteurs de leurs apprentissages ! Et s’ils étaient des acteurs, des interprètes, des co médiens, voire des auteurs ? Tel est l’enjeu de cet ouvrage dont le sous-titre « Les sciences autrement » invite à des innovations à l’école pour l’éducation scientifique et technologique au fil des cycles, de l’école au lycée, de l’exploration du monde à son questionnement puis aux sciences et technologie, enfin aux disciplines scolaires scientifiques. Son originalité relève des relations entre contenus scien- tifiques et leurs mises en scènes et en actes. Il s’agit ainsi d’une « transposition artistique » de contenus scientifiques, selon l’expression mentionnée dans le numéro des Cahiers pédagogiques consacré aux spectacles sous le label « science en scène »1. Cet ouvrage s’inscrit ainsi dans ces suggestions parti- culières de médiation scientifique qu’offrent le théâtre et l’expression dramatique, avec leurs spéci- ficités par rapport aux musées et leurs ateliers, aux revues, à la littérature jeunesse, aux animations, aux blogs et sites… Cette médiation est caractérisée par la rencontre des auteurs, des acteurs et des spectateurs dans un lieu de partage avec ses propos, ses détours, ses aménagements, ses décors, ses costumes et accessoires. Elle exige toute la créativité des enseignants pour satisfaire leurs intentions éducatives, pour cibler les savoirs scientifiques diffusés, pour prendre en charge les pré-conceptions ou les connaissances naïves, pour identifier les obstacles épistémologiques ou langagiers et pour proposer et choisir les meilleures modalités pour les dépasser, pour susciter la curiosité, l’étonnement, les question- nements et la recherche de réponses. L’intérêt de cet ouvrage est ainsi son ancrage sur la formation notamment des maîtres et des mé- diateurs qui, grâce à la conception de ces sciences en spectacle, sont conduits à s’interroger sur les con- tenus. Les « textes à jouer » rassemblés portent en filigrane l’appropriation des savoirs par les étudiants de Master qui présentent ces créations loin d’être des improvisations. Les lecteurs de la vingtaine de textes couvrant une très grande diversité de sujets et de thématiques découvriront ces élaborations et appropriations conceptuelles, ces confrontations et discussions avec les spécialistes des champs scientifiques, et leurs traductions pour faire apprendre avec le théâtre en tant que média particulier. Ce livre et ce manuel proposent ainsi des exemples pertinents pour imaginer d’autres propositions thématiques et investir la méthodologie mise en œuvre avec un plan unique. Celui-ci distingue, d’une part, les « concepts en jeu et visées pédagogiques », la présentation du « synopsis », les « personnages » de deux à une douzaine, les « suggestions pour costumes et accessoires » et d’autre part, les « textes à jouer ». Ceux-ci sont des sortes de saynètes instructives, à la façon des dialogues des livres de lecture d’autrefois qui mettaient en scène un ou une jeune élève avec une tante qui, tantôt, expliquait la raison des choses ou, au contraire, était ravie d’apprendre ce que l’école enseignait. Ces saynètes instructives se caractérisent par des éléments du décor illustratifs et par des personnages qui représentent les contenus et dont les paroles renseignent, expliquent, interrogent ou répondent. Le risque du primat des anthropomorphismes est ainsi évité car le public comprend bien que les paroles d’une feuille d’arbre ou d’une tablette numérique répondent au code du jeu théâtral proposé. 1 Cahiers pédagogiques, 2015, n° 519, À L’école du théâtre. [disponible : https://www.cahiers-pedagogiques.com/sciences-en-scene/] PRÉFACE : DES SCIENCES EN ACTES !

7 Le titre de l’ouvrage précise également qu’il s’adresse aux « écoles d’Océanie et d’ailleurs ». Au-delà de porter la signature de l’Université de la Polynésie française et de sa composante INSPÉ, ses con- tenus contribuent aussi à une médiation culturelle. Ils prennent ainsi en charge les éléments du pluri- linguisme dans les textes composés et les sujets traités, ainsi que les défis contemporains sociétaux, sanitaires et développementaux dans leur contextualisation tropicale, océanienne et polynésienne mais surtout leur universalité. Il convient donc de féliciter cette publication, lui souhaiter une grande diffusion et encourager les étudiants et les enseignants à poursuivre leur engagement tout en les assurant de mes meilleurs souvenirs de leurs présentations et de leur investissement dans les enseignements et lors du spectacle présenté en fin du cycle de formation. Joël LEBEAUME Professeur des universités en sciences de l’éducation - Laboratoire EDA Doyen de la Faculté de Sciences Humaines et Sociales (SHS) - Sorbonne

9 Cet ouvrage collectif paraît au moment d’une nouvelle étape dans l’histoire de l’école professorale, la création de l’INSPÉ de la Polynésie française, qui succède à l’ESPÉ-Pf, accréditée depuis 2014. La Formation initiale et continue des enseignants constitue le pivot de la collaboration entre le Ministère de l’Éducation de la Polynésie française, le Vice-Rectorat et l’Université de la Polynésie française. Cette publication est le fruit de la collaboration entre les étudiants et les enseignants dans le cadre du Master Médiation scientifique et culturelle. Cette démarche est résolument ancrée dans ce qui fait la spécificité et la richesse de l’environnement éducatif polynésien. Ce parcours de formation se distingue par le public étudiant qu’il accueille, majoritairement des professeurs du premier et du second degré de la Polynésie, public désireux de compléter leur cursus universitaire et d’acquérir un haut niveau de compétence et d’expertise dans le domaine de la médiation. L’identité culturelle de la Polynésie française et le développement de son patrimoine imposent que l’étude et la pédagogie de la culture polynésiennes soient une des priorités de l’INSPÉ. Par une approche novatrice, mêlant sciences et théâtre, les auteurs de cet ouvrage, pour la majorité d’entre eux enseignants-étudiants de Polynésie, abordent des aspects scientifiques universels mais aussi et surtout en lien avec le contexte polynésien. Ils proposent ainsi au monde éducatif non seulement des connaissances théoriques dans plusieurs disciplines mais aussi une sensibilisation aux grandes problématiques qui traversent aujourd’hui le champ de l’éducation. Ils ont en outre veillé à pouvoir s’adresser à un public diversifié, à différents niveaux d’enseignement et de formation (école, collège, lycée, enseignement professionnel, formation d’adultes). Les professeurs, les intervenants qui s’intéressent au monde éducatif trouveront sans nul doute dans cet ouvrage un précieux outil pédagogique et didactique. Que tous les auteurs de cet ouvrage soient remerciés pour leurs contributions et leur implication. Christelle LEHARTEL Ministre de l’éducation et de la modernisation de l’administration, en charge du numérique MOT DE LA MINISTRE

11 Préface : Des sciences en actes ! Mot de la ministre Éditorial : Théâtre de sciences ou animation spectaclisée 1 - LE MONDE VÉGÉTAL et LE MONDE ANIMAL Photosynthèse, génie de l’air... - Carole LOBBRECHT Vini et le manguier magique - Tiarenui PORLIER Nos amis les vers de terre - Marotea TEAPEHU & Vahinetua TEAPEHU Coraux en action !... - Maria-Vaikoa TUPUA Les mouches Mosco, Mosca et Tu’a - Hereiti BRODIEN Une abeille vaut-elle mieux qu’une guêpe ? - Isabelle GAYET 2 - LE CORPS HUMAIN et LA PRÉVENTION SANTÉ À table !!!!! - Émilie GUY Trompe-l’œil ! - Sylvie TAEREA Silence, on pousse ! - Tokahi LUCAS Moustiques… et Coco - Florence CONDAT Usual Sugars : qui est vraiment Keyser Zucker ? - Florence CONDAT Paka, femme fatale ? - Tumaiteata TANETEVAIORA 3 - TECHNOLOGIES et VIVRE ENSEMBLE Allô Mam’zelle Geek ? Ici Mr Brain ! - Samantha BONET-TIRAO Charabia informatique - Tabaré VELAZQUEZ-BRITO La petite batterie au plomb - Rosemay TEMAHUKI-HUNTER La bosse des maths - Annick WEIL-BARAIS & Sandrine WEIL Sacrées émotions ! - Anna TEMU Ma langue en 180 s [Concours] - Rodica AILINCAI TÉMOIGNAGE SUR UNE ACTIVITÉ AVEC LES ÉLÈVES La modélisation théâtralisée collaborative comme outil didactique au service de la cons- truction d’un concept scientifique - Coralie TAQUET, Philippe MARTIN-NOUREUX, Patrice LEROY Les auteurs SOMMAIRE p. 6 p. 9 p. 12 p. 17 p. 18 p. 25 p. 33 p. 40 p. 49 p. 54 p. 61 p. 62 p. 67 p. 73 p. 81 p. 87 p. 96 p. 105 p. 106 p. 113 p. 119 p. 131 p. 137 p. 143 p. 155 p. 156 p. 168

12 Cet ouvrage réunit des textes produits majoritairement dans le cadre du Master 2 Médiation scientifique et culturelle de l’INSPÉ de l’Université de la Polynésie française, avec la participation de quelques enseignants et passionnés de théâtre. Sa production a été initiée lors des Journées de la Recherche en Éducation 2018 (JRE 2018), suite à une table ronde sur la thématique « Théâtre de sciences ». La crise sanitaire a retardé sa sortie mais, par ailleurs, a permis à des étudiants d’une nouvelle promotion de rejoindre l’aventure. Sciences et théâtre, jugés au premier abord comme des univers a priori distants peuvent se rencontrer et s’enrichir réciproquement dans le cadre de la Médiation scientifique et culturelle. Effectivement, la médiation scientifique théâtrale peut générer compréhension et enrichissement des connaissances et susciter des réactions comme dans les vraies représentations théâtrales (Ford, 1999 ; Lemire et Girault, 2001). Son objectif est plus proche de la sensibilisation aux principes fondamentaux et aux connaissances de base, à l’éveil de la curiosité (Doncque, 1998), à un changement de position vis-à-vis de l’idée d’inaccessibilité des sciences, que d’un apprentissage scolaire des savoirs. Dans le spectacle vivant de sciences (« théâtre de sciences » ou « animation spectaclisée ») le message est construit dans une logique de communication (Boyer, 1993). Toutefois, les textes, la scénographie, les mises en scènes doivent veiller à dispenser « une image correcte de la science, de sa démarche, de ses résultats et des rapports complexes qu’elle entretient avec la société » (Gillet, 1993). C’est pourquoi les textes que nous avons réunis dans cet ouvrage ont fait l’objet d’une double expertise par des spécialistes du domaine. Ils proposent des suggestions de décor et des costumes et sont assez riches en didascalies. L’ouvrage s’adresse aux enseignants qui pourraient exploiter les pièces dans le cadre scolaire ; un exemple d’activité théâtralisée est ainsi présenté à la fin de l’ouvrage. Il peut aussi inté- resser les parents ou le grand public. L’approche théâtrale des sciences connaît déjà du succès dans la médiation, tant du côté des « acteurs » que du public, tous les participants apprenant librement et non pas sous la contrainte scolaire classique (Raichvarg, 1993b). L’approche généralement choisie dans ce type d’activités est la personnification des objets et concepts : par exemple des dialogues entre des bactéries agrandies dans un laboratoire (Bactéries, à la Cité des Sciences et de l’Industrie – CSI –, ou encore un personnage « atome » qui va entrer dans la résistance métallique (Chaud dedans ou Joule, CSI), ou bien des personnages « Aimants » pour montrer le comportement d’aimants puis le fonctionnement du moteur électrique (Le moteur vous joue des tours » ou « Moteur », CSI). La table ronde des JRE 2018 a justement mis en discussion les deux concepts « théâtre de sciences » et « animation spectaclisée ». Les termes « spectaclisation » et « spectaclisée » (pour une animation) sont des néologismes proposés par Raichvarg (1993a) et faisaient initialement référence aux conférences données par les scientifiques, qui étaient plus proches du spectacle que des présentations magistrales habituelles. Ultérieurement, le terme a été repris dans les expositions à caractère scientifique, comme à la Cité des sciences et de l’industrie ou lors d’événements scientifiques comme la Fête de la science. Il a également été repris dans le cadre d’activités scolaires, notamment l’activité présentée à la fin de cet ouvrage, ou encore dans le témoignage de Taquet, Martinez et Taquet (2021). ÉDITORIAL : THÉÂTRE DE SCIENCES OU ANIMATION SPECTACLISÉE

13 Le second concept, « théâtre de sciences », semble également (re)lancé par Raichvarg (1990), dans sa thèse doctorale sur les sciences et le théâtre. Le « (re) » rappelle les sources d’inspiration de cet auteur, l’expression « théâtre scientifique » ayant été initiée par Louis Figuier (1881), lequel a proposé, dans la seconde moitié du XIXe siècle, une nouvelle forme de vulgarisation des sciences. Quant à Raichvarg, il préfère utiliser l’expression « théâtre de sciences ». Cette appellation, que nous préférons éga- lement, a été reprise ultérieurement par plusieurs chercheurs et fait l’objet de nombreuses manifes- tations scientifiques (colloque Théâtre et sciences, 1998 ; Quel répertoire théâtral traitant de la science ?, 1999 ; Temps scientifique, temps théâtral, 2000 ; Théâtre de sciences, 2001…). Le concept de « théâtre scientifique » ou « théâtre de sciences » a fait l’objet de nombreuses réflexions critiques et épistémologiques. En attirant l’attention sur la théâtralité et en rappelant les codes de la dramaturgie, Aboudarham (2008) interroge les expressions théâtre de science vs science du théâtre. Valmer (2002) explique que « le théâtre de sciences » convoque l’esprit critique qui ne peut être totalement opé- ratoire que s’il se développe sur un fond d’affect, et l’acteur oblige le spectateur à ressentir l’acte théâtral dans sa chair. Ford (1999) propose le concept de « médiation théâtrale », qui emprunte des éléments au théâtre et aux animations spectaclisées, l’auteur répertoriant dans les musées actuels cinq formes de « museum-théâtre ». En conséquence, l’animation scientifique simple peut devenir animation spectaclisée ou représen- tation théâtrale si des techniques et des méthodes rigoureuses du théâtre sont combinées à la trans- mission fidèle des connaissances scientifiques. La frontière entre deux concepts (« théâtre de sciences » et « animation spectaclisée ») peut sembler floue. C’est certainement le lieu et le type d’interaction avec le public qui pourrait départager ces deux concepts : L’animation spécialisée peut permettre des improvisations, des dialogues avec le public et la sollicitation des spectateurs sur scène pour participer activement au spectacle scientifique. Les animateurs utilisent souvent comme technique le dialogue avec le public, les répétitions, les interrogations, les rebondissements sur les gestes et répliques du public. Le « théâtre de sciences » peut se différencier par l’espace scène, l’interprétation (art oratoire, changements de tons), les dialogues limités aux personnages de la pièce, les décors et les costumes (accessoires et manipulations diverses, mise en espace, décor, lumières) qui sont plus proches du théâtre que de l’animation. On notera que lors des interviews que nous avons menés à la Cité des Sciences et de l’Industrie, les animateurs ont déclaré se sentir plus en sécurité dans une intervention type « théâtre de sciences », même s’ils n’ont pas de formation théâtrale, que dans une intervention type « animation specta- clisée ». Pourquoi ? Effectivement, dans une pièce de « théâtre de sciences », ils incarnent un personnage dont les répliques sont bien préparées à l’avance et qui restent en interaction avec les seuls person- nages de la pièce (unité de temps, de lieu et d’action). Ainsi, si l’animateur n’est pas un spécialiste du sujet abordé, le personnage (à travers le costume, l’histoire, la convention théâtrale) « le protège » des éventuelles questions du public auxquelles il pourrait ne pas avoir de réponse. Dans le cadre d’une « animation spectaclisée », où le public est sollicité, une maîtrise du sujet abordé est nécessaire, pour justement pouvoir interagir avec le public sur le sujet. On revient à la définition initiale du concept de spectaclisation qui désignait des conférences données par les scientifiques, enrichies avec des éléments du spectacle. Tout texte de médiation scientifique peut être adapté sous l’angle d’une « animation spectaclisée » ou d’une pièce de « théâtre de sciences ». Dans cet ouvrage, c’est l’approche « théâtre des sciences » qui a été choisie. Toutefois, les textes permettent facilement une mise en scène optant pour l’interaction avec le public.

14 L’ouvrage propose des pièces qui parlent des sciences physiques, de la biologie, de la psychologie, des neurosciences, du corps humain, de la prévention santé, des technologies, de la biodiversité, du vivre ensemble… Les thématiques intéressent tous les élèves, des plus jeunes aux plus grands, avec des sujets sociétaux et/ou figurant dans les programmes scolaires, et sont souvent abordées dans une contextualisation tropicale, océanienne, polynésienne. L’ouvrage est constitué de trois parties : la première, intitulée « Le monde végétal et le monde animal » s’adresse aux plus jeunes, de l’école élémentaire. Sont ainsi abordés, d’une part, la photosynthèse (Photosynthèse, génie de l’air…), la croissance des végétaux, la germination (à travers des dialogues entre un manguier et Vini – oiseau de Polynésie) et d’autre part, le monde animal, tout d’abord de la mer (avec les coraux, Coraux en action !...), puis de la terre (avec la classe des invertébrés, Nos amis les vers de terre) et enfin de l’air (avec les insectes, Les mouches Mosco, Mosca et Tu’a et le monde des abeilles et guêpes, Une abeille vaut-elle mieux qu’une guêpe ?). La deuxième partie, « Le corps humain et la prévention santé », propose des thématiques pour tous. Elle commence par une sensibilisation des plus jeunes aux repas équilibrés avec la pièce À table !!!!! S’ensuivent deux pièces qui proposent des connaissances sur le corps humain pour plus grands, du collège, avec des explications sur l’illusion optique (Trompe-l’œil !) et sur le mystère des cheveux (Silence, on pousse !). La prévention santé s’adresse aux grands, du lycée et plus : il s’agit de sensibiliser aux maladies transmises par les moustiques et les moyens de lutte contre leur prolifération (Moustiques… et Coco), de connaître les méfaits du sucre sur la santé et les maladies liées à une alimentation trop sucrée (Usual Sugars), de connaître les dangers pour la santé liés à la consommation de cannabis (Paka, femme fatale ?). La troisième partie de l’ouvrage est dédiée aux technologies et au vivre ensemble et vise plutôt le second degré et les formateurs. Elle commence par les sujets liés aux technologies : les effets de la lumière bleue sur le cerveau de l’enfant et l’adolescent (Allô Mam’zelle Geek ? Ici Mr Brain !) et une familiarisation avec les bases de la technologie informatique, les éléments constitutifs de l’ordinateur et le langage binaire (Charabia informatique). S’ensuit une sensibilisation sur la toxicité du plomb présent dans les batteries et sur les alternatives plus écologiques pour produire de l’énergie (La petite batterie au plomb). Cette troisième partie aborde également le vivre ensemble : avec l’interrogation de La bosse des maths, les auteures soulignent la complexité des activités mentales et l’importance d’une éducation bienveillante plus favorable aux apprentissages et à l’épanouissement des élèves. La bienveillance est abordée aussi dans Sacrées émotions !, cette fois entre parents et enfants, compte tenu de l’importance des émotions dans les apprentissages. La dernière pièce sensibilise au plurilinguisme, à la richesse et à l’évolution des langues présentées, en prenant en compte quelques aspects historiques (Ma langue en 180 s). L’ouvrage se termine par un article de témoignage portant sur la spectaclisation d’un enseignement en sciences au collège. Écrit par des étudiants et enseignants et s’adressant davantage au monde éducatif, cet ouvrage peut constituer un outil et une ressource didactiques pour tous les niveaux scolaires. Rodica AILINCAI

15 RÉFÉRENCES Aboudarham, N. (2008). Thétre de science ou science du thétre ? La Lettre de l’OCIM, 118, DOI : 10.4000/ocim.345 Boyer, M. (1993). La chimie en spectacle au musee. In A. Giordan, J.-L. Martinand & D. Raichvarg (Eds.). Science et Technique en Spectacle. De la representation thétrale à l’experience de demons- tration. Actes JIES XV (pp.331-338). Chamonix. Doncque, Y. (1998). Le thétre et l’eveil a la science. In Garbagnati, L., Montaclair, F., & Vingler, D. Thétre et sciences, Actes du colloque (pp. 255-269). Besancon. Figuier, L. (1881). Le Thétre scientifique. Paris : Dentu. Ford, C. (1999). Museum-thétre. Museum practice, Issue 5, Vol 2, n° 2, p. 62-64. Gillet, I. (1993). Pour ou contre la science et la technique en spectacle ? In A. Giordan, J.-L. Martinand & D. Raichvarg (Eds.). Science et Technique en Spectacle. De la representation thétrale à l’experience de demonstration. Actes JIES XV (pp. 111-114), Chamonix. Raichvarg, D. (1990). 400 annees de diffusion de la science par le spectacle (1580- 1980) : formes, objectifs, moyens. These de doctorat. Universite Paris VII. Raichvarg, D. (1993a). Science et spectacle, figures d’une rencontre. Nice, Z’editions. Valmer, M. (2002). Convoquer la science au thétre. La lettre de l’OCIM, 82, 11-16. Raichvarg, D. (1993b). La science et le spectacle vivant : des objectifs et des recherches..., in Les Actes JIES XV, Chamonix, p. 45. Taquet, C., Martinez E. et Taquet M. (2021). Projet interdisciplinaire pedagogique : « Adopte un flotteur » en Polynesie francaise. In R. Ailincai & S. Ferrière (Éds.) Langues et cultures Océaniennes, École et Famille. Regards croisés. (pp. 70-84). Nouméa : PUNC : Presses universitaires de la Nouvelle-Calédonie. Valmer, M. (2002). Convoquer la science au théâtre. La lettre de l’OCIM, 82, 11-16.

17 PREMIÈRE PARTIE LE MONDE VÉGÉTAL et LE MONDE ANIMAL Pièces pour les PLUS JEUNES (École élémentaire) Photosynthèse, génie de l’air... Vini et le manguier magique Nos amis les vers de terre Coraux en action !... Les mouches Mosco, Mosca et Tu’a Une abeille vaut-elle mieux qu’une guêpe ?

18 CONCEPTS EN JEU ET VISÉES PÉDAGOGIQUES Comprendre le mécanisme de la photosynthèse. Comprendre l’importance du rôle des végétaux dans les écosystèmes et les phénomènes climatiques. Sensibiliser à la protection de l’environnement. Acquérir un vocabulaire spécifique : racines, tronc, écorce, houppier, chlorophylle, aubier, liber, stomates, etc., photosynthèse. Les acteurs feront en sorte de souligner par leur diction ce vocabulaire spécifique. SYNOPSIS C’est la nuit, Fée des bois rencontre Petite Feuille assise sur un morceau de bois mort. Petite Feuille se désole : elle pense que sa vie n’a aucun sens puisqu’elle est persuadée qu’elle ne sert à rien. Assistée d’Uru le vieil arbre, Fée des bois va la réconforter et lui expliquer au moyen de schémas explicatifs le rôle important qu’elle joue dans notre écosystème. Fée des bois est le médiateur scientifique, elle explique comment la photosynthèse produit l’air que nous respirons. Pompon le chat manifeste une grande curiosité, il pose de nombreuses questions et ses interventions agrémentent la pièce d’une touche d’humour pour relancer l’in- térêt des spectateurs. LES PERSONNAGES (4) Petite Feuille Fée des bois Uru, le vieil arbre Pompon, le chat SUGGESTIONS POUR LES COSTUMES ET LES ACCESSOIRES La création des costumes et des accessoires peut faire l’objet d’un atelier créatif en vue de la représentation de la pièce en fin d’année scolaire. L’objectif sera de créer un costume identifiant immédiatement la nature et le caractère de chaque personnage. Costumes : Pour Fée des bois,un déguisement de fée incluant une baguette magique qui servira à pointer les différentes parties des schémas explicatifs, Pour Petite Feuille, une tenue de couleur verte, Pour Uru le vieil Arbre, un costume figurant des branchages, Pour Pompon le chat, un paréo, un chapeau de paille et des tongs (ou savates). Accessoires : Si on dispose de matériel de rétroprojection pour une représentation dans une salle obscure, l’écran permet de présenter les supports visuels pédagogiques. À défaut de matériel de projection avec écran placé en fond de scène ou pour une représen- Carole LOBBRECHT PHOTOSYNTHÈSE, GÉNIE DE L’AIR...

tation en plein air, il suffira de disposer de pancartes ou de panneaux explicatifs pour présenter les supports visuels pédagogiques : Schéma n° 1 : Les différentes parties de l’arbre avec son écorce Schéma n° 2 : Les différentes parties de l’arbre vu sans son écorce Schéma n° 3 : Formule de l’eau (Eau = H2O) Schéma n° 4 : Concentration normale dans l’air de gaz carbonique ou CO2, taux de concentration toxique à partir de 2 % et concentration mortelle à 25 % Schéma n° 5 : Fabrication de la chlorophylle par les chloroplastes Schéma n° 6 : La production de sève élaborée Schéma n° 7 : Le trajet de la sève élaborée dans l’arbre (aubiers et libers) Schéma n° 8 : Formule de la photosynthèse (Lumière + Sels minéraux + H2O + CO2 => Sucres + H2O + O2) Schéma n° 9 : La feuille respire par les stomates Schéma n° 10 : Formule du dioxygène SUGGESTIONS POUR LE DÉCOR La scène se déroule de nuit dans une forêt : en fond de scène un tissu noir, un sol tapissé de feuilles mortes et de branches sèches, un tronc d’arbre mort qui sert d’assise à Petite Feuille. La création du décor peut également faire l’objet d’un atelier créatif en vue de la représentation de la pièce en fin d’année scolaire. 19

20 Sur la scène, Uru le vieil arbre dort profondément. Petite Feuille, assise sur un tronc d’arbre mort, se lamente sur son sort. Fée des bois entre en scène, elle est joyeuse et respire pleins poumons le bon air de la forêt. Lorsqu’elle aperçoit Petite Feuille qui ne cesse de se plaindre de l’inutilité de son existence... Fée des bois : (enjouée) Bonsoir Petite Feuille ! Petite Feuille : (tristement) Hum… Fée des bois : Mais qu’est ce qui t’arrive Petite Feuille ? Pourquoi n’es-tu pas accrochée à ton rameau. Il t’est arrivé quelque chose de grave ? Petite Feuille : (en bougonnant) Hum ! Non… rien ! Fée des bois : Allons, allons, voyons voir. (Elle tourne tout autour de Petite Feuille pour vérifier si tout va bien.) Je vois que tu as ton pétiole, tes nervures sont bonnes, et ton limbe est bien conservé. (Elle pointe de sa baguette les différentes parties du corps de Petite feuille au fur et mesure de son énumération.) Mais tout va très bien apparemment, alors pourquoi n’es-tu pas accrochée à ton rameau ? Petite Feuille : (ronchon) Eh bien, j’en ai marre… Je pense que je vais quitter la forêt parce que je ne sers à rien. Je me sens inutile. Fée des bois : (cherchant la réconforter) Allons, allons, ne dis pas de bêtises, bien sûr que tu es utile et même très utile ! Petite Feuille : (elle se met en colère) AH OUAIS ! (elle se lève) Tu crois ça ? Toute la journée je suis là, accrochée à mon rameau, balayée par le vent. Et le moment venu, je vais finir toute jaune, pourrie sur le sol comme mes aînées avant moi. (Elle donne un coup de pied dans un tas de feuilles.) Fée des bois : Ne dis pas de sottises, tu es plus importante que tu ne le crois. Est-ce que tu sais que tu contribues à ce que tous les êtres vivants respirent sur cette planète ? Si tu n’étais pas là, nous ne pourrions certainement pas respirer aussi bien. Petite Feuille : (étonnée) Respirer tu dis ? Mais comment est-ce que moi, Petite Feuille, je peux permettre à tous les êtres vivants de respirer ? Fée des bois : Eh oui ! Attends un peu, je vais demander à mon ami le vieil Uru de tout t’expliquer et ainsi tu pourras tout comprendre. (Fée des bois appelle Uru) Hé HOOOOO ! Réveille-toi Uru ! J’ai besoin de toi, hé HOOOOO ! vieil Uru ! Uru : (se réveillant doucement) Mais qui me dérange ainsi ? Qui ose perturber mon sommeil ? (il s’étire lentement). Fée des bois : Bonsoir Uru, excuse-moi de te réveiller, mais j’ai besoin de toi pour aider Petite Feuille à comprendre son rôle dans notre écosystème car elle est persuadée qu’elle ne sert à rien. Uru : (riant) Ahaha ! (il parle ensuite avec lenteur) Mais Petite Feuille, malgré ta petite taille, tu es un élément très important pour l’arbre sur lequel tu as poussé… et surtout, tu contribues ainsi à la survie de cette planète. Petite Feuille : (étonnée) Ah bon ? Et comment ça ? TEXTE À JOUER

21 Uru : (d’une voix monocorde) Eh bien je vais t’expliquer. D’abord pour vivre… Fée des bois : (elle s’impatiente) Allons Uru, parle plus vite ! On ne va pas y passer la nuit. Tout de même. Assieds-toi, Petite Feuille, je vais tout t’expliquer. Pompon : (faisant son entrée avec panache) Bonsoir tout le monde ! Je m’appelle Pompon et je suis le cousin de Chat Botté (il se lisse les moustaches). Petite Feuille : (moqueuse) Toi le cousin du Chat Botté ? Laisse-moi rire ! Comment peux-tu être le cousin de Chat Botté ? Pompon : (se pavanant) Mais si ! Mon arrière-arrière-arrière-grand-père, qui était le frère du père de Chat Botté, est arrivé sur le navire du lieutenant britannique Samuel Wallis le 19 juin 1767 dans la baie de Matavai. Il rencontra une jolie petite minette Vahine… et me voici ! moi, Pompon ! 5e du nom ! Petite Feuille : (moqueuse) Ouais ouais ! C’est ça ! Et moi… je suis l’arrière-arrière-arrière- petite-fille de la reine Pomare ! Pffft ! Fée des bois : (s’adressant Pompon) Allons, allons ! J’étais sur le point d’expliquer à Petite Feuille pourquoi elle est si importante dans notre écosystème, et comment elle contribue à nous fournir de l’oxygène. Est-ce que tu veux bien écouter toi aussi ? Pompon : Mmmouais ! Pourquoi pas ? Je n’ai rien à faire, et je serais curieux de savoir comment une Petite Feuille, si… insignifiante, peut contribuer à me fournir de l’OXYGÈNE (en se léchant la patte). Fée des bois : Eh bien, ouvrez grand vos oreilles. Mais pour vous aider à mieux comprendre, j’ai besoin de quelque chose. Voyons, voyons, ABRACADABRA ! (Grâce sa baguette magique, soit elle fait descendre l’écran en fond de scène, soit des panneaux didactiques peuvent être apportés sur scène par des figurants. Elle présente alors le schéma n° 1.) Voilà, pour commencer, voici un arbre. Uru : Oh, mais c’est moi, quand j’étais jeune ! Fée des bois : Oui, oui ! Exactement. Un arbre est constitué de quoi ? Petite Feuille : (avec vivacité) De racines, d’un tronc, de branches et de feuilles ! Fée des bois : Oui très bien ; un arbre est constitué de racines qui se trouvent sous la terre, d’un tronc qui est protégé par une couche d’écorce et de houppier. (Elle désigne au fur et mesure de son énumération les différentes parties de l’arbre sur le schéma explicatif n° 1.) Pompon : (intéressé) Un houppier ? C’est quoi le houppier ? Uru : Un houppier, c’est ce que vient de dire Petite Feuille, ce sont les branches, les rameaux et les feuilles. Tout cela s’appelle houppier. Et mon écorce me protège du froid et du chaud mais surtout des griffes de Pompon qui y grimpe chaque jour pour essayer d’attraper les pauvres oiseaux qui nidifient dans mes branches. Pompon : (feignant l’innocence) Comment ? Moi ? Attraper les oiseaux ? Petite Feuille : (en pointant un doigt accusateur sur Pompon) Si, si c’est vrai, je t’ai vu ! Fée des bois : Mais c’est à cela que sert l’écorce, à protéger les arbres... Je continue… Où en étais-je… Ah oui ! Maintenant, découvrons comment tout se passe à l’intérieur d’un arbre. Abracadabra ! (présentation du schéma n° 2 qui présente les différentes parties de l’arbre une fois qu’on a enlevé l’écorce). Pompon : Waouh ! C’est une vraie gare routière !

22 Uru : (agacé) Oh ! Mais dis donc, un peu de respect, voyons ! Fée des bois : Allons, allons, un peu de sérieux ! Poursuivons. Pour se nourrir, l’arbre puise de l’eau ou H2O et des sels minéraux dans le sol grâce à ses racines… Pompon : Hou là ! H2O mais c’est quoi ce machin-là ? Fée des bois : H2O c’est la formule de l’eau. Eau = H2O (présentation du support visuel n° 3). Pompon : Ah d’accord, Eau = H2O et vice versa (il chantonne « et vice versa », puis il s’interrompt.) Mais d’où viennent ces sels minéraux ? Fée des bois : Bonne question, les feuilles qui tombent et se décomposent redonnent des sels minéraux. C’est le rôle des décomposeurs que vous voyez ici et qui vivent par milliards dans le sol de la forêt. Cette nourriture, c’est-à-dire les sels minéraux et l’eau, se transforme en sève brute. Cette sève brute ne reste pas au niveau des racines. Elle monte jusqu’aux feuilles en passant par des vaisseaux du tronc appelés aubiers. Au même moment, les feuilles constituées de petites molécules appelées chlorophylles absorbent la lumière du soleil ainsi que du dioxyde de carbone ou CO2 qui se trouvent dans l’air (présentation du schéma n° 4). Le dioxyde de carbone est un gaz incolore, mais toxique lorsque sa concentration dans l’air dépasse les 2 %. Son taux moyen dans l’air extérieur est de 0,04 %) et il devient même mortel à 25 %. Pompon : Whaou ! Whaou ! Whaou ! Stop ! Ça devient carrément trop scientifique avec tout un tas de mots trop compliqués pour moi. Chlorophylle, chlorophylle ! Mais c’est quoi ça ? Fée des bois : La feuille est constituée de chlorophylle, c’est-à-dire de pigments verts élaborés par les chloroplastes mais qu’on ne voit pas à l’œil nu (présentation du schéma n° 5). Pompon : Ah d’accord ! C’est ça les chlorophylles ! Dès qu’elles sont éclairées par le soleil, elles absorbent du CO2. Mais c’est quoi le CO2 ? Fée des bois : Le CO2, c’est du dioxyde de carbone. C’est un gaz incolore et non toxique. Sa durée de vie dans l’atmosphère est d’environ 100 ans. Je poursuis (présentation des schémas n° 6 et n°7 ). Donc, les feuilles captent : - les sels minéraux et l’eau ou H2O pris dans le sol, - le CO2 ou dioxyde de carbone est pris dans l’air, - puis grâce à la lumière fournie par le soleil, tous ces éléments se mélangent et produisent ainsi la sève élaborée. Cette sève élaborée quitte ensuite les feuilles pour être transportée dans tout le végétal à travers d’autres vaisseaux que l’on appelle libers. Ainsi, l’arbre se nourrit et grandit. Pompon : (ne comprenant plus rien) Oh la la la la la ! Aubier, Liber… ça se complique, je confonds tout là ! Fée des bois : Mais non, c’est très simple (en se référant au schéma n° 7). Les vaisseaux aubiers montent et servent à transporter la sève brute que l’on obtient pour vous le rappeler grâce à l’eau et aux sels minéraux et les vaisseaux libers descendent pour distribuer la sève élaborée que l’on obtient grâce à la lumière, au CO2 et à la sève brute. Aubier (elle pointe son pouce vers le haut), liber (elle pointe son pouce vers le bas). Pompon : Ah d’accord ! J’ai compris ! Vaisseaux aubiers, ça monte pour transporter la sève brute et vaisseaux libers, ça descend pour distribuer la sève élaborée. Aubier-Liber, Aubier-Liber, Aubier-Liber (en pointant le pouce de haut en bas plusieurs fois, il se met danser et fait rire Fée des Bois).

23 Fée des bois : (elle reprend ses explications) Il faut savoir que sans la chlorophylle, la plante ne pourrait pas grandir, ni produire de fruit. En fait, elle ne pourrait pas vivre. Et où se trouve la chlorophylle ? (Elle s’adresse uniquement Petite Feuille.) Petite Feuille : (très fièrement) Chez MOI ! Chez MOI !!! (elle nargue Pompon). Mais comment alors… est-ce que je permets aux êtres vivants de respirer ? Fée des bois : Oui oui ! J’y viens ! La plante se nourrit d’eau, de sels minéraux, de lumière du soleil et du dioxyde de carbone, CO2. On est bien d’accord ? Le souci, c’est qu’en faisant cela, elle absorbe trop d’eau et trop d’oxygène, où plutôt elle absorbe trop de dioxygène… mais je vous expliquerai cela plus tard. Et à votre avis, que va-t-elle faire avec ce surplus d’eau et d’oxygène ? Pompon : Je sais, je sais, elle le rejette dans l’air ! Petite Feuille : Pffff ! J’allais le dire… Fée des bois : Oui exactement ! Et ce processus biologique qui permet aux plantes d’absorber puis de rejeter les éléments s’appelle la photosynthèse ! Pompon : La QUOI ? Fée des bois : La PHOTO-SYNTHÈSE. Et voici la formule de la photosynthèse (présentation du support didactique n° 8). Lumière / Température + Sels minéraux + H2O + CO2 > Sucres + H2O + O2 Sans la photosynthèse et sans l’oxygène qui en est produite, toute la vie animale des insectes, des poissons, des reptiles, des oiseaux et des mammifères… n’existerait pas ! Les plantes sont en quelque sorte les poumons de notre planète. Elles produisent une grande quantité d’oxygène que nous respirons. « Les plantes de milieux froids ou dont la saison de croissance est froide ont une photosynthèse plus élevée quand les températures sont basses, s’il fait froid. Celles de milieux chauds, ou se développant durant la saison chaude, ont une photo- synthèse quand les températures sont hautes, s’il fait chaud2 ». Pompon et Petite Feuille : (d’une même voix) WHAOUH ! Fée des bois : (s’adressant Pompon) Et pour vraiment comprendre ce que les plantes font avec la photosynthèse, il faut simplement se dire et imaginer que c’est leur manière de digérer leurs aliments qui sont l’eau, les sels minéraux et de la lumière. Comme ton estomac qui digère les aliments et les transforme en matière organique, la plante réalise la même chose, mais différemment ! Et ce surplus de dioxygène s’évacue par les pores de la feuille que l’on appelle stomates ! Pompon : (exaspéré) Encore un mot savant ! Stomate, stomate ! Mais c’est quoi encore ça ? Fée des bois : Un stomate, c’est juste un petit trou présent à la surface de la feuille. Les stomates permettent les échanges gazeux entre la plante et l’air ambiant. C’est ce qui lui permet de transiter et de respirer ! (présentation du schéma n° 9). On peut aussi faire le rapprochement avec les pores de la peau des hommes ! Leur peau respire et transpire comme une feuille ! Petite Feuille : Mais alors, si j’ai tout compris, je suis très très importante : je contribue énor- mément à la production de l’oxygène. C’est… c’est un peu grâce à moi que… Pompon respire ! Fée des bois : Eh oui ! 2 Cornic, G. (2021). Effets de la température sur la photosynthèse. In Encyclopédie de l’environnement. Consulté en ligne : https://www.encyclopedie-environnement.org/vivant/effets-temperature-sur-photosynthese/

24 Pompon : (un peu jaloux de l’importance donnée Petite Feuille) Bon ça va ! Au fait, jolie Fée, tu avais dit tout à l’heure que tu allais aussi nous expliquer pour le dioxygène ? Fée des bois : Tout le monde dit que les arbres rejettent de l’oxygène et donc que nous respirons de l’oxygène. Mais on devrait plutôt dire que nous respirons du dioxygène. Car l’oxygène = O Et le Dioxygène = O2 Et l’air que l’on respire c’est du O2 donc on devrait plutôt dire que nous respirons du Dioxygène (présentation du schéma n° 10). Et la nuit le phénomène n’est pas le même. En effet, la nuit, la plante ne réalise plus de photosynthèse et n’absorbe donc plus de CO2. Elles absorbent donc du O2 et rejette le CO2. C’est pourquoi il est déconseillé de dormir avec une plante dans sa chambre. Pompon et Petite Feuille : (ils observent le schéma avec une grande attention, en silence) Uru : Et bien voilà ! J’ai fini. Alors, Petite Feuille, qu’en dis-tu ? Es-tu consciente à présent de ton importance ? Petite Feuille : Oh oui ! Tu m’as permis de réaliser que je participe de manière essentielle à la grande magie de l’air. C’est génial. Je n’ai plus aucune raison d’être triste et de me sentir inutile en sachant cela. Merci Fée de bois ! Uru : Bon... Eh bien, moi… tout cela m’a grandement fatigué… J’aurais grand besoin d’un bon p’tit « somme ». Bonne nuit, Petite Fée (Uru retourne se coucher et se rendort). Fée des bois : Bonne nuit Uru, moi aussi toutes ces explications m’ont un peu fatiguée. (Fée des bois se couche sur un tas de feuilles et s’endort également.) Pompon : (Pouce vers le haut) Aubier (pouce vers le bas) Liber… Aubier, liber, aubier, liber… (Il se met danser un genre de rap/hip-hop en inventant une chanson avec tous les mots compliqués qu’il a appris.) (Musique dynamique de fin pour saluer le public). FIN

25 CONCEPTS EN JEU ET VISÉES PÉDAGOGIQUES Acquérir des notions de Sciences de la Vie et de la Terre : la croissance des végétaux, la germi- nation. Acquérir un vocabulaire spécifique de la botanique : fruit, peau, chair, graine, plantule, coty- lédons, tégument… Les acteurs feront en sorte de souligner par leur diction ce vocabulaire spécifique. SYNOPSIS Vini est un petit oiseau de Tahiti. Aujourd’hui, il se pose sur une branche d’un majestueux manguier, chargé de fruits. Il remarque toutes les mangues qui sont tombées par terre et une graine qui se trouve à quelques mètres de l’arbre. Il se rapproche de cette graine. Il s’interroge visiblement au sujet de cette graine… car il est persuadé que la graine symbolise la mort. Du fait de sa grande curiosité, Vini est un chercheur en herbe… Manguier va répondre à ses question- nements. Vini découvre alors la magie de la germination. LES PERSONNAGES (5) Manguier, Grand Sage (médiateur scientifique de la pièce) Vini (jeune oiseau curieux) Repo (la terre) Mahana (le soleil) Teata (le nuage) SUGGESTIONS POUR LES COSTUMES ET LES ACCESSOIRES Costumes : Manguier : un socle pour les racines et le bas du tronc de Manguier, réalisé avec de la mousse et du carton, peint en marron. Le comédien se positionne à l’intérieur de ce socle. Une aube de servant de messe de couleur marron sur laquelle est représentée l’écorce d’un arbre, en face et dos du costume. Une capuche recouvrant la tête (sauf le visage devant rester visible, et la partie de la tête qui supportera les branches de l’arbre). Un pot de fleur en plastique à insérer à l’in- térieur de la capuche. Le pot de fleur est lui-même fixé à la calotte d’un chapeau en carton sans bords. Une coiffe ornée de branches de manguier suffisamment hautes et touffues et de fruits (en papier mâché). Vini est représenté sur la scène par un oiseau (de type « lori ») en papier mâché, qui est accroché sur une branche de Manguier près du sol sur un plan légèrement surélevé, et devant lequel on figurera une loupe géante pour attirer l’attention sur cet accessoire. Vini sera de préférence joué par un comédien. Mais il peut également être mis en scène grâce à un montage vidéo projeté en toile de fond. Toutes les répliques de Vini sont alors en voix off. Dans ce dispositif scénique, le comédien ou le support vidéo figurent l’agrandissement de la présentation physique du Vini en papier mâché scruté par la loupe. Teata sera de préférence joué par un comédien dont le costume évoquera un nuage et sa pluie ; mais il peut également être remplacé par une suspension accrochée en fond de scène. On peut Tiarenui PORLIER VINI ET LE MANGUIER MAGIQUE

26 réaliser cette suspension avec du papier mâché dans des dimensions de 90 cm x 40 cm pour être visible en fond de scène et ajouter des guirlandes de gouttes d’eau de tailles variables (40 cm à 120 cm). Dans ce cas, les répliques de Teata doivent être enregistrées en voix off. Repo porte un costume dont les couleurs ou les matériaux évoquent la terre. Accessoires : Des mangues (en papier mâché) et la graine (en papier mâché) : elles doivent être assez grandes pour être visibles du public. Le personnage de Mahana est représenté par un accessoire et ses répliques doivent être enre- gistrées en voix off. Une suspension représentant un soleil, à réaliser avec du papier mâché. Prévoir au moins 70 cm de diamètre pour le cercle et des rayons de 30 cm ou 50 cm sera fixée en hauteur, en fond de scène. À défaut de matériel de projection avec écran placé fond de scène dans la partie droite, ou pour une représentation en plein air, il peut suffire de disposer de quelques pancartes ou panneaux pour présenter les supports visuels pédagogiques : Schéma 1 : structure du fruit avec ses différentes parties peau, chair et graine ; Schéma 2 : structure de la graine, tégument, cotylédons… et plantule ; Schémas 3, 4, 5 : ils présentent les différentes étapes de la germination, ces schémas pouvant servir de référence pour réaliser une séquence vidéo qui se jouera en boucle au moment du « miracle ». (À noter : la réalisation d’une séquence vidéo peut faire l’objet d’un atelier informatique pour apprendre à utiliser un logiciel d’animation). SUGGESTIONS POUR LE DÉCOR Le décor représente un fond de vallée de Tahiti : un espace verdoyant et arboré. Manguier est installé, sur son socle, en partie gauche de la scène. Au centre de la scène, sur un plan surélevé sont disposés, l’accessoire Vini en papier mâché, fixé sur une branche de Manguier, ainsi que plusieurs grainesdemangues.Quelques-unesd’entreellesontdéjàentamé l’étapede lagermination. L’obser- vation naturaliste est suggérée par la loupe géante posée juste devant cet élément de décor. En fond de scène, sur lamoitié droite, un emplacement est réservé à la projection des supports visuels pédagogiques et du montage vidéo s’il a pu être réalisé. La pièce peut être jouée dans une salle de classe ou dans un CDI avec écran et matériel de vidéo-projection. Si on dispose de ce matériel pour une représentation en salle obscure, l’écran permet de présenter les supports visuels pédagogiques. Pour un jeu en plein air, il faudra substituer au dispositif de rétroprojection des pancartes ou panneaux permettant de présenter les visuels didactiques. (À noter : La construction du décor et des accessoires peut faire l’objet d’un atelier créatif en vue d’une représentation à la fin de l’année scolaire).

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