theatre-et-sciences

38 To’e : Un jour peut-être, mais je peux déjà t’en dire deux mots en attendant. Tout d’abord, il y a nos cousins Épigés : quelle bande de goinfres ceux-là ! Ils préfèrent rester en surface dans la litière, là où l’on trouve les végétaux morts, les épluchures et les excréments, pour s’empiffrer. Ils décomposent la matière organique comme tous les vers de terre… mais à la surface. Anécia : (un peu inquiète) Oulala, mais s’ils mangent tout, il ne restera plus rien pour nous ! To’e : Si, si… il y a bien assez de nourriture pour nous tous. C’est juste que notre appétit est moins féroce que celui de nos cousins. Et puis, cesse de me couper la parole, veux-tu, j’étais sur le point de te présenter nos autre cousins, samia va… Anécia : (tête basse) Ok, excuse-moi alors… To’e : Je reprends : nos autres cousins sont les Endogés. De grands trouillards, ceux-là : ils ne sortent jamais à la surface et préfèrent rester sous terre où ils creusent des galeries horizontales… Anécia : Ils sont bizarres, eux… To’e : Ça tu peux le dire, mais tous, chacun à notre manière, nous contribuons au bien être des sols… Anécia : Youpi ! je suis très fière maintenant d’être un ver de terre. Je creuse des galeries, je mange à volonté, je produis de super excréments, et tout cela est bénéfique pour les plantes. Quelle belle vie ! To’e : (sentencieux) Oh cette jeunesse, quelle insouciance ! La vie d’un ver de terre n’est pas si rose que cela, petite sœur... Anécia : Pourquoi dis-tu cela ? Tu commences à me faire peur… To’e : Comme tu peux le voir nous n’avons ni griffes ni crocs pour nous protéger de nos prédateurs… Anécia : Nos prédateurs ? C’est quoi ça, un monstre ? To’e : En quelque sorte : il s’agit de l’ensemble des êtres vivants qui peuvent nous manger où nous tuer. Et comble du malheur, ils sont nombreux… car nous nous situons tout en bas de la chaîne alimentaire. Anécia : Oh non ! Mais c’est horrible ! To’e : C’est comme ça. C’est la vie. Écoute-moi bien, c’est très important : il faut que tu sois très prudente pour survivre, parce que les prédateurs sont partout… Anécia : C’est affreux ! Mais qui sont nos prédateurs ? J’ai entendu dire que le plus dan- gereux d’entre eux est l’Homme. Alors quoi ? les hommes nous mangent ? To’e : Certains d’entre eux oui… Mais ce n’est pas ça le pire. Ce sont surtout leurs modes de vie qui nous font le plus de mal, avec leurs grosses machines qui labourent les champs par exemple, ils détruisent nos maisons et nous tuent du même coup. Et en plus, ils nous empoisonnent avec leurs engrais chimiques qui sont sensés favoriser la croissance des plantes qu’ils cultivent. (se tenant le cou et montrant qu’il étouffe) Sans oublier le fait qu’ils nous utilisent aussi comme appâts pour attirer les poissons… Anécia : Je comprends pas. Pourquoi ils nous tuent ? Si c’est nous qui aidons à faire pousser les plantes qu’ils cultivent pour les manger… To’e : Bien sûr que si ! Mais l’être humain semble l’oublier… ou il ne le sait tout simplement pas… Allez savoir... Anécia : C’est bien triste tout ça…

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