Dossier-Pedagogique-ORERO

Direction de l’Enseignement Primaire –Cellule LCP- Enseignants ‘Orero : Rufina Tetumu et Abel Teahua - 17 - 3 – Les instruments d’accompagnement SYMBOLIQUE DU PŪ, DU VIVO ET DU PAHU20 Le pū, le vivo et le pahu sont des instruments dont la présence ancestrale dans le monde polynésien est attestée par les orateurs, les conteurs, les récits des voyageurs et par les gravures anciennes. De plus, ils possèdent des fonctions particulières dans l’organisation sociale, politique et religieuse spécifique à chaque île. Si le pū et le pahu sont encore présents dans les esprits, le vivo a connu une période d’abandon très marquée. LE PŪ : Le terme désigne en tahitien, tous les coquillages de la famille des gastéropodes (de grande taille). Il peut également signifier tout instrument de la famille des cuivres. Le pū peut prendre, dans les temps anciens, de multiples formes ; on peut les répartir en quatre catégories : le pū (triton), le pū ’ōfa’i ( pū en pierre ) instrument représentatif de Rapa Nui ( Île de Pâques ), le pū ra’au ( pū en bois ), de conception marquisienne et le pū ’ofe ( pū en bambou ). Symbolique de l’instrument : Le pū est un instrument qui rassemble, qui appelle, qui prévient. Il représente le souffle créateur qui rassemble les éléments, il serait en ce sens la vie. Le pū, enfin c’est le verbe, l’instrument qui transmet un message. Ces trois éléments montrent à quel point cet instrument est essentiel pour comprendre le rapport qui existe entre l’homme polynésien et la musique. L es instruments traditionnels sont l’essence même de l’être humain. Le souffle : c’est la vie ; le verbe : c’est la parole, le message. Dans une civilisation de tradition orale, cet aspect prend toute sa valeur. LE VIVO : Le vivo est de nos jours quelque peu laissé pour compte. Nombre de Polynésiens ne savent pas toujours, soit, à quoi correspond ce terme, soit, ignorent comment confectionner puis jouer l’instrument. Cependant, de nos jours le vivo réapparaît dans les fêtes du Tiurai. Le vivo est une flûte, construite dans un ’ofe (bambou) : il s’agit d’une flûte nasale. Le nombre de trous est restreint et l’étendue de l’instrument limitée (un nombre assez faible de notes peut être joué). Le musicien qui jouait du vivo soufflait dans l’instrument par une narine tout en bouchant de l’index l’autre narine. Le nombre limité d’ouvertures peut être expliqué par le jeu nasal : une main est sollicitée pour boucher la narine qui n’intervient pas dans la technique de jeu. Outre le ’ofe, d’autres bois peuvent être utilisés. L’instrument était confectionné en fonction de la hauteur de la voix du musicien. C’était un instrument personnel. Chaque musicien fabriquait son propre instrument. Symbolique de l’instrument : Les anciens Polynésiens jouaient du vivo sur les marae. Cet instrument avait une fonction d’appel, plus précisément, d’appel des Dieux. L’écoute de la nature était un véritable guide pour les musiciens : vent, rivière, oiseaux,…. L’instrument est souvent associé au chant des oiseaux pour sa sonorité et le type de mélodies qu’il engendre. Sa fonction était d’embellir les chants anciens et d’adoucir les pensées, mais aussi, celle de soutenir les récitations. Le vivo est un instrument qui interpelle le monde de l’âme ; sa musique est essentiellement intérieure. Elle constitue un rappel des origines (Havaiki), du souffle originel. C’est également un instrument qui envoûte et est donc très lié aux notions de sensualité et d’attirance. Les hommes jouaient du vivo pour exprimer et convaincre de leur amour la femme désirée. LE PAHU : Le tambour à membrane est universel. Aux temps anciens, cet instrument était utilisé dans toute la Polynésie centrale. (Cook, Société, Australes, Marquises, Ma’areva) Le pahu, est construit d’une seule pièce de bois ; il est taillée dans un tronc d’arbre et évidée par une seule ou par les deux extrémités. Souvent, la base est également creusée et ajourée et constitue un piédestal de hauteur variable par rapport au reste du tambour. Chaque musicien se devait de fabriquer son propre tambour car le pahu doit être ajusté à la hauteur la plus confortable de l’utilisateur. En effet, il faut que le joueur de pahu puisse sentir au niveau du ventre les vibrations de son instrument. Dans certaines régions comme les Australes mais aussi lors de cérémonies sur le marae, les pahu sont hauts et effilés. C’est au niveau du visage que le joueur de pahu ressentait les vibrations. En principe, l’instrument est toujours frappé avec les mains. Symbolique de l’instrument : Le pahu, c’est le battement du cœur, le rythme originel, celui de la création. Son usage est destiné à rythmer les événements de la vie quotidienne, (Naissance, guerre, intronisation, les différents cycles de la vie, le cycle solaire) mais avait aussi aux temps anciens une fonction sociale, et était même un instrument de pouvoir. 20 Extrait du document TAVEVOVEVO de Heipua BORDES et Eric MICHON, CRDP.

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