Etude-comparative-ATEM-tome2

23 III ‐ LA MODALITÉ 1. GÉNÉRALITÉS 1. Jean a acheté une voiture hier. 2. Jean n’a pas acheté de voiture hier. Dans l’énoncé 1, la relation prédicative actualisée, c’est à dire validée, vraie est : < JEAN, ACHETER, VOITURE >. Par contre, dans l’exemple 2, la relation prédicative actualisée, validée est : < JEAN, PAS ACHETER, VOITURE >. Dans le premier exemple, l’énonciateur attribue à la relation prédicative la valeur positive, d’où un énoncé déclaratif affirmatif, alors que dans le deuxième exemple, il attribue à la relation prédicative la valeur négative, d’où un énoncé déclaratif négatif. Une relation prédicative a en effet deux valeurs, positive ou négative, et l’énonciateur doit, lorsqu’il produit un énoncé, choisir l’une des deux valeurs. Il place ainsi son énoncé dans le domaine modal du certain. Dans le domaine modal du certain, l’énonciateur fait référence à ce qui est factuel, à des faits contemporains de l’énonciation (actuels, de l’anglais « actual ») ou antérieurs au moment de l’énonciation (révolus). 3. Jean souhaitait changer de voiture. Il a dû acheter une voiture neuve hier. Dans la deuxième partie de l’exemple 3, l’énonciateur ne peut pas choisir entre la valeur positive ou négative de la relation prédicative, < JEAN, ACHETER, VOITURE > ou < JEAN, PAS ACHETER, VOITURE >. Il ne fait que dire ce qu’il pense de la relation prédicative < JEAN, ACHETER, VOITURE >. La présence dans son énoncé du verbe « devoir » (« il a dû ») implique l’introduction d’une modalité. Son énoncé est de ce fait situé dans le domaine modal du hors certain. Dans le domaine modal du hors certain, l’énonciateur considère la relation prédicative comme non encore validée, mais validable, susceptible de devenir un fait sous certaines conditions. Ce domaine modal englobe la projection dans l’avenir, le possible et la probabilité, de même que la volonté, les modalités de contrainte (obligation, nécessité) ou de propriétés du sujet (capacité, latitude, permission). La modalité se définit ainsi comme une prise de position de l’énonciateur concernant le degré de certitude qu’il attribue à l’actualisation de la relation prédicative. Autrement dit, il évalue les chances pour que la relation prédicative soit actualisée, validée, ce qui pourrait s’exprimer par la para phrase : « Il est probable que Jean ait acheté une voiture ». Il émet un « pourcentage » de chances que la relation prédicative a d’être actualisée, pourcentage qui serait moindre s’il disait : « Il se peut que Jean ait changé de voiture », dont la paraphrase serait « Il est possible que Jean ait changé de voiture » ou « Peut être que Jean a changé de voiture ».

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