Programmes 2016 PF Cycle 1

MINISTÈREDEL’ÉDUCATION ETDEL’ENSEIGNEMENTSUPÉRIEUR, DELAJEUNESEETDESSPORTS PROGRAMMES2 16 ADAPTÉSÀLA POLYNÉSIEFRANÇAISE CYCLE1

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 1 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf Programmes d’enseignement du cycle des apprentissages premiers (cycle 1) Loi organique n° 2004-192 du 27 février 2004 modifiée, portant statut d'autonomie de la Polynésie française ; Loi de pays n° 2011-22 du 29 août 2011 portant approbation de la charte de l’éducation ; Délibération n° 2016-59/APF du 7 juillet 2016 portant approbation de la charte de l'éducation actualisée et du rapport de performance 2011-2015 ; Arrêté n° 1026 CM du 27 juillet 2016 fixant les programmes Cycle 1, Cycle 2 et Cycle 3 de l'école primaire et du collège de Polynésie française.

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Programme de l’école maternelle en Polynésie française 3 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf MOT DE LA MINISTRE L’ambition de la Polynésie française en matière d’éducation est de permettre à chaque élève de s'épanouir, de réussir son parcours scolaire quelle que soit la voie choisie, générale, technologique ou professionnelle, et de s'insérer dans la société qu’il aura fait sienne. La Charte de l’éducation de la Polynésie française, actualisée en 2016, se nourrit de ce dessein pour décliner sa politique éducative. Elle intègre le socle commun de connaissances, de compétences et de culture qui émane de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013. Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture se place en amont des programmes et est complété par ceux-ci. Ils viennent expliciter les attentes du socle et l’enrichir car il ne peut pas y avoir de compétences sans savoirs, ni de socle sans programmes. Alors, des programmes renouvelés, adaptés à la Polynésie française et adossés au socle commun de connaissances, de compétences et de culture, ont été élaborés pour tous les cycles d’enseignement de l’école primaire et du collège. Dans le même temps, dès la rentrée scolaire 2016, les cycles évoluent pour faciliter la continuité des apprentissages entre l’école primaire et le collège. Désormais, la scolarité s’organise en quatre cycles pédagogiques : le cycle 1 (maternelle), le cycle 2 (CP, CE1 et CE2), le cycle 3 (CM1, CM2, 6e ) et le cycle 4 (5e , 4e , 3e ). Plus particulièrement, le cycle 1 correspond à quatre années de scolarisation à l’école maternelle : les sections des tout-petits (STP), des petits (SP), des moyens (SM) et des grands (SG). L’école maternelle forme un cycle unique qui a une identité propre, le cycle des apprentissages premiers. La pédagogie spécifique prenant en compte les réalités sociale, culturelle, linguistique, psychologique et psychomotrice de l’élève en devenir a pour vocation de les préparer, de manière progressive, au cycle des apprentissages fondamentaux, le cycle 2. Ce dernier initie les apprentissages du socle commun. Ainsi, l’école maternelle a-t-elle une place fondamentale dans le parcours de l’élève. Je souhaite donc que vous décliniez les programmes du cycle 1, dès cette rentrée 2016, pour que l’école maternelle puisse continuer à jouer un rôle clef dans la construction de l’enfant et de son avenir d’élève, de concert avec les autres cycles. Ainsi, nous œuvrons ensemble pour la réussite de tous les élèves. Nicole Sanquer-Fareata Juillet 2016

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Programme de l’école maternelle en Polynésie française 5 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf Programme pour le cycle  Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 6 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf SOMMAIRE PROGRAMME DE L’ECOLE MATERNELLE EN POLYNESIE FRANÇAISE.................................................... 8 L’ECOLE MATERNELLE : UN CYCLE UNIQUE, FONDAMENTAL POUR LA REUSSITE DE TOUS ......... 9 1. UNE ÉCOLE QUI S’ADAPTE AUX JEUNES ENFANTS ............................................................................... 10 1.1 Une école qui accueille les enfants et leurs parents................................................................................... 10 1.2 Une école qui accompagne les transitions vécues par les enfants .............................................................. 10 1.3 Une école qui tient compte du développement de l’enfant.......................................................................... 10 1.4 Une école qui pratique une évaluation positive .......................................................................................... 11 2. UNE ÉCOLE QUI ORGANISE DES MODALITÉS SPÉCIFIQUES D’APPRENTISSAGE........................ 12 2.1 APPRENDRE EN JOUANT ........................................................................................................................................... 12 2.2 APPRENDRE EN REFLECHISSANT ET EN RESOLVANT DES PROBLEMES ...................................................................... 12 2.3 APPRENDRE EN S ’ EXERÇANT ................................................................................................................................... 13 2.4 APPRENDRE EN SE REMEMORANT ET EN MEMORISANT ............................................................................................ 13 3. UNE ÉCOLE OÙ LES ENFANTS VONT APPRENDRE ENSEMBLE ET VIVRE ENSEMBLE ............... 14 3.1 COMPRENDRE LA FONCTION DE L ’ ECOLE ................................................................................................................ 14 3.2 SE CONSTRUIRE COMME PERSONNE SINGULIERE AU SEIN D ’ UN GROUPE .................................................................. 15 LES CINQ DOMAINES D’APPRENTISSAGE.......................................................................................................... 16 4. MOBILISER LE LANGAGE DANS TOUTES SES DIMENSIONS................................................................ 17 4.1 L’ ORAL .................................................................................................................................................................... 17 4.1.1.1 Oser entrer en communication..................................................................................................................... 17 4.1.1.2 Comprendre et apprendre ............................................................................................................................ 18 4.1.1.3 Échanger et réfléchir avec les autres ........................................................................................................... 18 4.1.1.4 Commencer à réfléchir sur les langues et acquérir une conscience phonologique...................................... 19 4.2 L’ ECRIT ................................................................................................................................................................... 20 4.2.1 Objectifs visés et éléments de progressivité .................................................................................................. 20 4.3 CE QUI EST ATTENDU DES ENFANTS EN FIN D ’ ECOLE MATERNELLE ......................................................................... 23 5. AGIR, S’EXPRIMER, COMPRENDRE À TRAVERS L’ACTIVITÉ PHYSIQUE....................................... 24 5.1 OBJECTIFS VISES ET ELEMENTS DE PROGRESSIVITE ................................................................................................. 24 5.1.1 Agir dans l’espace, dans la durée et sur les objets...................................................................................... 24 5.1.2 Adapter ses équilibres et ses déplacements à des environnements ou des contraintes variés ..................... 25 5.1.3 Communiquer avec les autres au travers d’actions à visée expressive ou artistique .................................. 25 5.1.4 Collaborer, coopérer, s’opposer................................................................................................................. 25 5.2 CE QUI EST ATTENDU DES ENFANTS EN FIN D ’ ECOLE MATERNELLE ......................................................................... 26

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 7 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf 6. AGIR, S’EXPRIMER, COMPRENDRE À TRAVERS LES ACTIVITÉS ARTISTIQUES.......................... 27 6.1 OBJECTIFS VISES ET ELEMENTS DE PROGRESSIVITE ................................................................................................. 27 6.1.1 Les productions plastiques et visuelles........................................................................................................ 27 6.1.2 Univers sonores .......................................................................................................................................... 28 6.1.3 Le spectacle vivant ...................................................................................................................................... 29 6.2 CE QUI EST ATTENDU DES ENFANTS EN FIN D ’ ECOLE MATERNELLE ......................................................................... 30 7. CONSTRUIRE LES PREMIERS OUTILS POUR STRUCTURER SA PENSÉE ......................................... 31 7.1 DECOUVRIR LES NOMBRES ET LEURS UTILISATIONS ................................................................................................ 31 7.1.1 Objectifs visés et éléments de progressivité ................................................................................................ 31 7.1.2 Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle............................................................................. 33 7.2 EXPLORER DES FORMES , DES GRANDEURS , DES SUITES ORGANISEES ....................................................................... 34 7.2.1 Objectifs visés et éléments de progressivité ................................................................................................ 34 8. EXPLORER LE MONDE..................................................................................................................................... 35 8.1 SE REPERER DANS LE TEMPS ET L ’ ESPACE ............................................................................................................... 35 8.1.1 Objectifs visés et éléments de progressivité ................................................................................................ 35 8.1.2 Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle............................................................................. 37 8.2 EXPLORER LE MONDE DU VIVANT , DES OBJETS ET DE LA MATIERE .......................................................................... 37 8.2.1 Objectifs visés et éléments de progressivité ................................................................................................ 37 8.3 CE QUI EST ATTENDU DES ENFANTS EN FIN D ’ ECOLE MATERNELLE ......................................................................... 39

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 8 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf Programme de l’école maternelle en Polynésie française Adaptation des programmes MNE 2015 

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 9 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf CYCLE 1 L’école maternelle : un cycle unique, fondamental pour la réussite de tous La loi de refondation de l’École crée un cycle unique pour l’école maternelle et souligne sa place fondamentale comme première étape pour garantir la réussite de tous les élèves au sein d’une école juste pour tous et exigeante pour chacun. Ce temps de scolarité, bien que non obligatoire avant 5 ans, établit les fondements éducatifs et pédagogiques sur lesquels s’appuient et se développent les futurs apprentissages des élèves pour l’ensemble de leur scolarité. Dans sa loi de pays portant approbation à la Charte de l’éducation, adoptée le 7 juillet 2011 la Polynésie française affirme que tout enfant dont les parents en font la demande doit pouvoir être accueilli dès l’âge de 3 ans. La scolarisation précoce, dès deux ans, est renforcée dans les zones urbaines défavorisées ou les archipels éloignés et constitue un enjeu majeur pour la réussite scolaire ultérieure des élèves concernés. L’école maternelle est une école bienveillante, plus encore que les étapes ultérieures du parcours scolaire. Sa mission principale est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité. Elle s’appuie sur un principe fondamental : tous les enfants sont capables d'apprendre et de progresser. En manifestant sa confiance à l’égard de chaque enfant, l’école maternelle l’engage à avoir confiance dans son propre pouvoir d’agir et de penser, dans sa capacité à apprendre et réussir sa scolarité et au-delà.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 10 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf 1. UNE ÉCOLE QUI S’ADAPTE AUX JEUNES ENFANTS L’enfant qui entre pour la première fois à l’école maternelle possède déjà des savoir-faire, des connaissances et des représentations du monde ; dans sa famille et dans les divers lieux d’accueil qu’il a fréquentés, il a développé des compétences langagières, des habitudes, réalisé des expériences et des apprentissages que l’école prend en compte. 1.1 Une école qui accueille les enfants et leurs parents Dès l’accueil de l’enfant à l’école, un dialogue régulier et constructif s’établit entre enseignants et parents ; il exige de la confiance et une information réciproques. Pour cela, l’équipe enseignante définit des modalités de relations avec les parents, dans le souci du bien-être et d’une première scolarisation réussie des enfants et en portant attention à la diversité des familles. Ces relations permettent aux parents de comprendre le fonctionnement et les spécificités de l’école maternelle (la place du langage, le rôle du jeu, l’importance des activités physiques et artistiques…). L’expérience de la séparation entre l’enfant et sa famille requiert l’attention de toute l’équipe éducative, particulièrement lors de la première année de scolarisation. L’accueil quotidien dans l’école est un moyen de sécuriser l’enfant. L’enseignant reconnaît en chaque enfant une personne en devenir et un interlocuteur à part entière, quel que soit son âge. 1.2 Une école qui accompagne les transitions vécues par les enfants L’école maternelle construit des passerelles au quotidien entre la famille et l'école, le temps scolaire et le temps périscolaire. Elle joue aussi un rôle pivot à travers les relations qu’elle établit avec les institutions de la petite enfance et avec l'école élémentaire. L’équipe pédagogique organise la vie de l’école en concertation avec d’autres personnels en particulier le personnel communal et les acteurs de la petite enfance. L’articulation entre le temps scolaire, la restauration et les moments où l’enfant est pris en charge dans le cadre d'accueils périscolaires doit être travaillée avec tous les acteurs concernés de manière à favoriser le bien-être des enfants et constituer une continuité éducative. Tout en gardant ses spécificités, l’école maternelle assure les meilleures relations possibles avec les différents lieux d’accueil et d’éducation au cours de la journée, de la semaine et de l’année. Elle travaille en concertation avec l’école élémentaire, plus particulièrement avec le cycle 2, pour mettre en œuvre une véritable continuité des apprentissages, un suivi individuel des enfants. Elle s’appuie sur le DASED (Dispositif d'aides spécialisées aux élèves en difficulté) pour comprendre des comportements ou une absence de progrès, et mieux aider les enfants dans ces situations. 1.3 Une école qui tient compte du développement de l’enfant Sur toute la durée de l’école maternelle, les progrès de la socialisation, du langage, de la motricité et des capacités cognitives liés à la maturation ainsi qu’aux stimulations des situations scolaires sont considérables et se réalisent selon des rythmes très variables.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 11 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf Au sein d’une même classe, l‘enseignant prend en compte dans la perspective d'un objectif commun les différences entre enfants qui peuvent se manifester avec une importance particulière dans les premières années de leur vie. L’équipe pédagogique aménage l'école (les salles de classe, les salles spécialisées, les espaces extérieurs…) afin d’offrir aux enfants un univers qui stimule leur curiosité, répond à leurs besoins notamment de jeu, de mouvement, de repos et de découvertes et multiplie les occasions d'expériences sensorielles, motrices, relationnelles, cognitives en sécurité. Chaque enseignant détermine une organisation du temps adaptée à leur âge et veille à l’alternance de moments plus ou moins exigeants au plan de l’implication corporelle et cognitive. L’accueil, les récréations, l’accompagnement des moments de repos, de sieste, d’hygiène sont des temps d’éducation à part entière. Ils sont organisés dans cette perspective par les adultes qui en ont la responsabilité et qui donnent des repères sécurisants aux jeunes enfants. 1.4 Une école qui pratique une évaluation positive L’évaluation constitue un outil de régulation dans l’activité professionnelle des enseignants ; elle n’est pas un instrument de prédiction ni de sélection. Elle repose sur une observation attentive et une interprétation de ce que chaque enfant dit ou fait. Chaque enseignant s’attache à mettre en valeur, au-delà du résultat obtenu, le cheminement de l’enfant et les progrès qu’il fait par rapport à lui-même. Il permet à chacun d’identifier ses réussites, d’en garder des traces, de percevoir leur évolution. Il est attentif à ce que l’enfant peut faire seul, avec son soutien (ce que l’enfant réalise alors anticipe souvent sur ce qu’il fera seul dans un avenir proche) ou avec celui des autres enfants. Il tient compte des différences d’âge et de maturité au sein d’une même classe. Adaptée aux spécificités de l’école maternelle, l’évaluation est mise en œuvre selon des modalités définies au sein de l’école. Les enseignants rendent explicites pour les parents les démarches, les attendus et les modalités d'évaluation propres à l'école maternelle.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 12 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf 2. UNE ÉCOLE QUI ORGANISE DES MODALITÉS SPÉCIFIQUES D’APPRENTISSAGE Au sein de chaque école maternelle, les enseignants travaillent en équipe afin de définir une progressivité des enseignements sur le cycle. Ils construisent des ressources et des outils communs afin de faire vivre aux enfants cette progressivité. Ils constituent un répertoire commun de pratiques, d’objets et de matériels (matériels didactiques, jouets, livres, jeux) pour proposer au fil du cycle un choix de situations et d’univers culturels à la fois variés et cohérents. L’enseignant met en place dans sa classe des situations d’apprentissage variées : jeu, résolution de problèmes, entraînements, etc. et les choisit selon les besoins du groupe classe et ceux de chaque enfant. Dans tous les cas et notamment avec les petits, il donne une place importante à l’observation et à l’imitation des autres enfants et des adultes. Il favorise les interactions entre enfants et crée les conditions d’une attention partagée, la prise en compte du point de vue de l’autre en visant l’insertion dans une communauté d’apprentissage. Il développe leur capacité à interagir à travers des projets, pour réaliser des productions adaptées à leurs possibilités. Il sait utiliser les supports numériques qui, comme les autres supports, ont leur place à l’école maternelle à condition que les objectifs et leurs modalités d’usage soient mis au service d’une activité d’apprentissage. Dans tous les cas, les situations inscrites dans un vécu commun sont préférables aux exercices formels proposés sous forme de fiches. Les espaces de la classe, de l’école devront être organisés afin de satisfaire les diverses situations d’apprentissage. 2.1 Apprendre en jouant Le jeu favorise la richesse des expériences vécues par les enfants dans l'ensemble des classes de l’école maternelle et alimente tous les domaines d’apprentissages. Il permet aux enfants d’exercer leur autonomie, d‘agir sur le réel, de construire des fictions et de développer leur imaginaire, d’exercer des conduites motrices, d’expérimenter des règles et des rôles sociaux variés. Il favorise la communication avec les autres et la construction de liens forts d’amitié. Il revêt diverses formes : jeux symboliques, jeux d’exploration, jeux de construction et de manipulation, jeux collectifs et jeux de société, jeux fabriqués et inventés, etc. L’enseignant donne à tous les enfants un temps suffisant pour déployer leur activité de jeu. Il les observe dans leur jeu libre afin de mieux les connaître. Il propose aussi des jeux structurés visant explicitement des apprentissages spécifiques. 2.2 Apprendre en réfléchissant et en résolvant des problèmes Pour provoquer la réflexion des enfants, l’enseignant les met face à des problèmes à leur portée. Quels que soient le domaine d’apprentissage et le moment de vie de classe, il cible des situations, pose des questions ouvertes pour lesquelles les enfants n’ont pas alors de réponse directement disponible. Mentalement, ils recoupent des situations, ils font appel à leurs connaissances, ils font l’inventaire de possibles, ils sélectionnent. Ils tâtonnent et font des essais de réponse. L’enseignant est attentif aux cheminements qui se manifestent par le langage ou en action ; il valorise les essais et suscite des discussions. Ces activités cognitives de haut niveau sont fondamentales pour donner

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 13 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf aux enfants l’envie d’apprendre et les rendre autonomes intellectuellement. Tous les domaines d’apprentissage y sont convoqués. 2.3 Apprendre en s’exerçant Les apprentissages des jeunes enfants s’inscrivent dans un temps long et leurs progrès sont rarement linéaires. Ils nécessitent souvent un temps d’appropriation qui peut passer soit par la reprise de processus connus, soit par de nouvelles situations. Leur stabilisation nécessite de nombreuses répétitions dans des conditions variées. Les modalités d’apprentissage peuvent aller, pour les enfants les plus grands, jusqu’à des situations d’entraînement ou d’auto-entraînement, voire d’automatisation. L’enseignant veille alors à expliquer aux enfants ce qu’ils sont en train d’apprendre, à leur faire comprendre le sens des efforts demandés et à leur faire percevoir les progrès réalisés. Dans tous les cas, les choix pédagogiques prennent en compte les acquis des enfants. 2.4 Apprendre en se remémorant et en mémorisant Les opérations mentales de mémorisation chez les jeunes enfants ne sont pas volontaires. Chez les plus jeunes, elles dépendent de l’aspect émotionnel des situations et du vécu d’événements répétitifs qu’un adulte a nommés et commentés. Ces enfants s’appuient fortement sur ce qu’ils perçoivent visuellement pour maintenir des informations en mémoire temporaire, alors qu’à partir de cinq-six ans c’est le langage qui leur a été adressé qui leur permet de comprendre et de retenir. L’enseignant stabilise les informations, s’attache à ce qu’elles soient claires pour permettre aux enfants de se les remémorer. Il organise des retours réguliers sur les découvertes et acquisitions antérieures pour s’assurer de leur stabilisation, et ceci dans tous les domaines. Engager la classe dans l’activité est l’occasion d’un rappel de connaissances antérieures sur lesquelles s'appuyer, de mises en relations avec des situations différentes déjà rencontrées ou de problèmes similaires posés au groupe. L’enseignant anime des moments qui ont clairement la fonction de faire apprendre, notamment avec des comptines, des chansons ou des poèmes. Il valorise la restitution, l’évocation de ce qui a été mémorisé ; il aide les enfants à prendre conscience qu’apprendre à l’école, c’est remobiliser en permanence les acquis antérieurs pour aller plus loin. Un travail en équipe de cycle permettra cette réactivation tout au long du parcours de l’élève en maternelle et audelà.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 14 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf 3. UNE ÉCOLE OÙ LES ENFANTS VONT APPRENDRE ENSEMBLE ET VIVRE ENSEMBLE L’école maternelle structure les apprentissages autour d’un enjeu de formation central pour les enfants : « Apprendre ensemble et vivre ensemble ». La classe et le groupe constituent une communauté d’apprentissage qui établit les bases de la construction d’une citoyenneté respectueuse des règles de la laïcité et ouverte sur la pluralité des cultures dans le monde. C’est dans ce cadre que l’enfant est appelé à devenir élève, de manière très progressive sur l’ensemble du cycle. Les enfants apprennent à repérer les rôles des différents adultes, la fonction des différents espaces dans la classe, dans l’école et les règles qui s’y rattachent. Ils sont consultés sur certaines décisions les concernant et découvrent ainsi les fondements du débat collectif. L’école maternelle assure ainsi une première acquisition des principes de la vie en société. L’accueil et la scolarisation des enfants handicapés participent à cet enjeu pour ces enfants eux-mêmes et contribuent à développer pour tous un regard positif sur les différences. L’ensemble des adultes veille à ce que tous les enfants bénéficient en toutes circonstances d'un traitement équitable. L’école maternelle construit les conditions de l’égalité, notamment entre les filles et les garçons. 3.1 Comprendre la fonction de l’école L’école maternelle est le lieu où l’enfant se familiarise progressivement avec une manière d’apprendre spécifique ; celle-ci s’appuie sur des activités, des expériences à sa portée, mais suppose qu’il en tire des connaissances ou des savoir-faire avec l’aide des autres enfants et de l’enseignant. Le langage, dans la diversité de ses usages, a une place importante dans ce processus. L’enfant apprend en même temps à entrer dans un rythme collectif (faire quelque chose ou être attentif en même temps que les autres, prendre en compte des consignes collectives) qui l’oblige à renoncer à ses désirs immédiats. L’école maternelle initie ainsi la construction progressive d’une posture d’élève. L’enseignant rend lisibles les exigences de la situation scolaire par des mises en situations et des explications qui permettent aux enfants - et à leurs parents - de les identifier et de se les approprier. Il incite à coopérer, à s’engager dans l’effort, à persévérer grâce à ses encouragements et à l’aide des pairs. Il encourage à développer des essais personnels, prendre des initiatives, apprendre progressivement à faire des choix. Il aide à identifier les objets sur lesquels portent les apprentissages, fait acquérir des habitudes de travail qui vont évoluer au fil du temps et que les enfants pourront transférer. Pour ce faire, il s’attache à faire percevoir la continuité entre les situations d’apprentissage, les liens entre les différentes séances. Pour stabiliser les premiers repères, il utilise des procédés identiques dans ses manières de questionner le groupe, de faire expliciter par les enfants l’activité qui va être la leur, d’amener à reformuler ce qui a été dit, de produire eux-mêmes des explications pour d’autres à propos d’une tâche déjà vécue. L’enseignant exerce les enfants à l’identification des différentes étapes de l’apprentissage en utilisant des termes adaptés à leur âge. Il les aide à se représenter ce qu’ils vont devoir faire, avec quels outils et selon quels procédés. Il définit des critères de réussite pour que chacun puisse situer le chemin qu’il a réalisé et perçoive les progrès qu’il doit encore effectuer.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 15 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf 3.2 Se construire comme personne singulière au sein d’un groupe Se construire comme personne singulière, c'est découvrir le rôle du groupe dans ses propres cheminements, participer à la réalisation de projets communs, apprendre à coopérer. C'est progressivement partager des tâches et prendre des initiatives et des responsabilités au sein du groupe. Par sa participation, l'enfant acquiert le goût des activités collectives, prend du plaisir à échanger et à confronter son point de vue à celui des autres. Il apprend les règles de la communication et de l’échange. L’enseignant a le souci de guider la réflexion collective pour que chacun puisse élargir sa propre manière de voir ou de penser. Ainsi, l’enfant trouve sa place dans le groupe, se fait reconnaître comme une personne à part entière et éprouve le rôle des autres dans la construction des apprentissages. Dans un premier temps, les règles collectives sont données et justifiées par l'enseignant qui signifie à l'enfant les droits (s’exprimer, jouer, apprendre, faire des erreurs, être aidé et protégé…) et les obligations dans la collectivité scolaire (attendre son tour, partager les objets, ranger, respecter le matériel...). Leur appropriation passe par la répétition d'activités rituelles et une première réflexion sur leur application. Progressivement, les enfants sont conduits à participer à une élaboration collective de règles de vie adaptées à l’environnement local. À travers les situations concrètes de la vie de la classe, une première sensibilité aux expériences morales (sentiment d’empathie, expression du juste et de l’injuste, questionnement des stéréotypes…) se construit. Les histoires lues, contes et saynètes y contribuent ; la mise en scène de personnages fictifs suscite des possibilités diversifiées d’identification et assure en même temps une mise à distance suffisante. Au fil du cycle, l’enseignant développe la capacité des enfants à identifier, exprimer verbalement leurs émotions et leurs sentiments. Il est attentif à ce que tous puissent développer leur estime de soi, s’entraider et partager avec les autres.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 16 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf CYCLE 1 Les cinq domaines d’apprentissage Les enseignements sont organisés en cinq domaines d’apprentissage. Cette organisation permet à l’enseignant d’identifier les apprentissages visés et de mettre en œuvre leurs interactions dans la classe. Chacun de ces cinq domaines est essentiel au développement de l’enfant et doit trouver sa place dans l’organisation du temps quotidien. Dans la mesure où toute situation pédagogique reste, du point de vue de l’enfant, une situation riche de multiples possibilités d’interprétations et d’actions, elle relève souvent pour l’enseignant de plusieurs domaines d’apprentissage. Le domaine « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions » réaffirme la place primordiale du langage à l’école maternelle comme condition essentielle de la réussite de toutes et de tous. La stimulation et la structuration du langage oral d’une part, l’entrée progressive dans la culture de l’écrit d’autre part, constituent des priorités de l’école maternelle et concernent l’ensemble des domaines. La Polynésie française est caractérisée par une diversité linguistique et culturelle où les langues polynésiennes et le français sont majoritairement parlés Dans ce contexte et afin de favoriser un plurilinguisme harmonieux, l’objectif essentiel de l’école est de conduire les enfants à la maîtrise de la langue française et à la pratique de la langue polynésienne en usage dans leur aire linguistique. Les objectifs culturels relatifs au milieu naturel, aux relations sociales, aux valeurs, à l’histoire des croyances, aux techniques, à la littérature orale et de manière plus générales aux formes culturelles propres à chaque aire linguistique seront développés. Il en sera de même pour les objectifs cognitifs et méthodologiques. Les domaines « Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique » ; « Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités artistiques » permettent de développer les interactions entre l’action, les sensations, l’imaginaire, la sensibilité et la pensée. Les domaines « Construire les premiers outils pour structurer sa pensée » et « Explorer le monde » s’attachent à développer une première compréhension de l’environnement des enfants et à susciter leur questionnement. En s’appuyant sur des connaissances initiales liées à leur vécu, l’école maternelle met en place un parcours qui leur permet d’ordonner le monde qui les entoure, d’accéder à des représentations usuelles et à des savoirs que l’école élémentaire enrichira. Le programme établit, pour chaque domaine d’apprentissage, une définition générale, énonce les objectifs visés et donne des indications pédagogiques de nature à fournir des repères pour organiser la progressivité des apprentissages.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 17 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf 4. MOBILISER LE LANGAGE DANS TOUTES SES DIMENSIONS Le mot « langage » désigne un ensemble d’activités mises en œuvre par un individu lorsqu’il parle, écoute, réfléchit, essaie de comprendre et, progressivement, lit et écrit. L’école maternelle permet à tous les enfants de mettre en œuvre ces activités en mobilisant simultanément les deux composantes du langage : ‐ le langage oral : utilisé dans les interactions, en production et en réception, il permet aux enfants de communiquer, de comprendre, d’apprendre et de réfléchir. C’est le moyen de découvrir les caractéristiques de la langue française et des langues polynésiennes, et d’écouter d’autres langues parlées. ‐ le langage écrit : présenté aux enfants progressivement jusqu’à ce qu’ils commencent à l’utiliser, il les habitue à une forme de communication dont ils découvriront les spécificités et le rôle pour garder trace, réfléchir, anticiper, s’adresser à un destinataire absent. Il prépare les enfants à l’apprentissage de l’écrire-lire au cycle 2. La reconnaissance des langues familiales, le développement des compétences de l’enfant dans ces langues ne sont pas préjudiciables à l’apprentissage du français, bien au contraire. Les familles doivent être informées de l’importance de parler avec leurs enfants dans leurs langues. 4.1 L’oral L’enfant, quelle que soit sa langue maternelle, dès sa toute petite enfance et au cours d’un long processus, acquiert spontanément le langage grâce à ses interactions avec les adultes et les enfants de son entourage. L’enseignant, attentif, accompagne chaque enfant dans ses premiers essais, reprenant ses productions orales pour lui apporter des mots ou des structures de phrase plus adaptés qui l’aident à progresser. L’enseignant s’adresse aux enfants les plus jeunes avec un débit ralenti de parole ; il produit des énoncés brefs, syntaxiquement corrects et soigneusement articulés. Constamment attentif à son propre langage et veillant à s’adapter à la diversité des performances langagières des enfants, il s’exprime progressivement de manière plus complexe. Il permet à chacun d’aller progressivement au-delà de la simple prise de parole spontanée et non maîtrisée pour s’inscrire dans des conversations de plus en plus organisées et pour prendre la parole dans un grand groupe. Il sait mobiliser l’attention de tous dans des activités qui les amènent à comprendre des propos et des textes de plus en plus longs. Il met sur le chemin d’une conscience des langues enseignées, des mots de ces langues et de leurs unités sonores. 4.1.1 Objectifs visés et éléments de progressivité 4.1.1.1 Oser entrer en communication L’objectif est de permettre à chacun de pouvoir dire, exprimer un avis ou un besoin, questionner, annoncer une nouvelle. L’enfant apprend ainsi à entrer en communication avec autrui et à faire des efforts pour que les autres comprennent ce qu’il veut dire. Chacun arrive à l’école maternelle avec des acquis langagiers encore très hésitants. Entre deux et quatre ans, les enfants s’expriment beaucoup par des moyens non ‐ verbaux et apprennent à parler. Ils reprennent des formulations ou des fragments des propos qui leur sont adressés et travaillent ainsi ce matériau qu’est la langue qu’ils entendent. Après trois ‐ quatre ans, ils poursuivent ces essais et progressent sur le plan syntaxique et lexical. Ils produisent des énoncés plus complets, organisés entre eux avec cohérence, articulés à des prises de parole plus longues, et de plus en plus adaptés aux situations.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 18 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf Autour de quatre ans, les enfants découvrent que les personnes, dont eux ‐ mêmes, pensent et ressentent, et chacun différemment de l’autre. Ils commencent donc à agir volontairement sur autrui par le langage et à se représenter l’effet qu’une parole peut provoquer : ils peuvent alors comprendre qu’il faut expliquer et réexpliquer pour qu’un interlocuteur comprenne dans la langue appropriée, et l’école doit les guider dans cette découverte. Ils commencent à poser de vraies questions, à saisir les plaisanteries et à en faire. Leurs progrès s’accompagnent d’un accroissement du vocabulaire et d’une organisation de plus en plus complexe des phrases. En fin d’école maternelle, l’enseignant peut donc avoir avec les enfants des conversations proches de celles qu’il a avec les adultes. Tout au long de l’école maternelle, l’enseignant crée les conditions bienveillantes et sécurisantes pour que tous les enfants (même ceux qui ne s’expriment pas ou peu) prennent la parole, participent à des situations langagières plus complexes que celles de la vie ordinaire dans des activités communicationnelles intégrées aux différents domaines des activités de l’école maternelle ; il accueille les erreurs « positives » qui traduisent une réorganisation mentale du langage en les valorisant et en proposant une reformulation. Ainsi, il contribue à construire l’équité entre enfants en réduisant les écarts langagiers. C’est bien la pratique effective des langues qui est visée, afin de doter chaque élève de la communauté à communiquer. 4.1.1.2 Comprendre et apprendre Les discours que tient l’enseignant sont des moyens de comprendre et d’apprendre pour les enfants. En compréhension, ceux-ci « prennent » ce qui est à leur portée dans ce qu’ils entendent, d’abord dans des scènes renvoyant à des expériences personnelles précises, souvent chargées d’affectivité. Ils sont incités à s’intéresser progressivement à ce qu’ils ignoraient, grâce à l’apport de nouvelles notions, de nouveaux objets culturels et même de nouvelles manières d’apprendre. Les moments de réception où les enfants travaillent mentalement sans parler sont des activités langagières à part entière que l’enseignant doit rechercher et encourager, parce qu’elles permettent de construire des outils cognitifs : reconnaître, rapprocher, catégoriser, contraster, se construire des images mentales à partir d’histoires fictives, relier des événements entendus et/ou vus dans des narrations ou des explications, dans des moments d’apprentissages structurés, traiter des mots renvoyant à l’espace, au temps, etc. Ces activités invisibles aux yeux de tout observateur sont cruciales. 4.1.1.3 Échanger et réfléchir avec les autres Les moments de langage à plusieurs sont nombreux à l’école maternelle : résolution de problèmes, prises de décisions collectives, compréhension d’histoires entendues, etc. Il y a alors argumentation, explication, questions, intérêt pour ce que les autres croient, pensent et savent. L’enseignant commente alors l’activité qui se déroule pour en faire ressortir l’importance et la finalité. L’école demande régulièrement aux élèves d’évoquer, c’est ‐ à ‐ dire de parler de ce qui n’est pas présent (récits d’expériences passées, projets de classe…). Ces situations d’évocation entraînent les élèves à mobiliser le langage pour se faire comprendre sans autre appui, elles leur offrent un moyen de s’entraîner à s’exprimer de manière de plus en plus explicite. Cette habileté langagière relève d’un développement continu qui commence tôt et qui ne sera constitué que vers huit ans. Le rôle de l’enseignant est d’induire du recul et de la réflexion sur les propos tenus par les uns et les autres.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 19 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf 4.1.1.4 Commencer à réfléchir sur les langues et acquérir une conscience phonologique Dès leur plus jeune âge, les enfants sont intéressés par les langues qu’ils entendent. Ils font spontanément et sans en avoir conscience des tentatives pour en reproduire les sons, les formes et les structures afin d’entrer en communication avec leur entourage. C’est à partir de trois-quatre ans qu’ils peuvent prendre du recul et avoir conscience des efforts à faire pour maîtriser une langue et accomplir ces efforts intentionnellement. On peut alors centrer leur attention sur le vocabulaire, sur la syntaxe et sur les unités sonores des langues dont la reconnaissance sera indispensable pour apprendre à maîtriser le fonctionnement de l’écriture. L’acquisition et le développement de la conscience phonologique Pour pouvoir lire et écrire, les enfants devront réaliser deux grandes acquisitions : identifier les unités sonores que l’on emploie lorsqu’on parle (conscience phonologique) et comprendre que l’écriture est un code au moyen duquel on transcrit des sons (principe alphabétique). Lorsqu’ils apprennent à parler, les enfants reproduisent les mots qu’ils ont entendus et donc les sons de la langue qu’on leur parle. S’il leur arrive de jouer avec les sons, cela se fait de manière aléatoire. À l’école maternelle, ils apprennent à manipuler volontairement les sons, à les identifier à l’oreille donc à les dissocier d’autres sons, à repérer des ressemblances et des différences. Pour pouvoir s’intéresser aux syllabes et aux phonèmes, il faut que les enfants se détachent du sens des mots. L’unité la plus aisément perceptible est la syllabe. Une fois que les enfants sont capables d’identifier des syllabes communes à plusieurs mots, de les isoler, ils peuvent alors s’attacher à repérer des éléments plus petits qui entrent dans la composition des syllabes. Parce que les sonsvoyelles sont plus aisés à percevoir que les sons- consonnes et qu’ils constituent parfois des syllabes, c’est par eux qu’il convient de commencer sans vouloir faire identifier tous ceux qui existent en français et en langue polynésienne et sans exclure de faire percevoir quelques sons - consonnes parmi les plus accessibles Pour développer la conscience phonologique, l’enseignant habitue les enfants à décomposer volontairement ce qu’ils entendent en syllabes orales : en utilisant le frappé d’une suite sonore, en « découpant » oralement des mots connus en syllabes, en repérant une syllabe identique dans des mots à deux syllabes, puis en intervertissant des syllabes, toujours sans support matériel, ni écrit ni imagé. Ces jeux phoniques peuvent être pratiqués en grand groupe, mais l’enseignant privilégie l’organisation en petits groupes pour des enfants qui participent peu ou avec difficulté en grand groupe. Dans le courant de la grande section, il consacre des séances courtes de manière régulière à ces jeux, en particulier avec les enfants pour lesquels il ne repère pas d’évolution dans les essais d’écriture Pour ceux qui en sont capables, des activités similaires peuvent être amorcées sur des sons-voyelles – notamment ceux qui constituent une syllabe dans les mots fréquentés – et quelques sons-consonnes. Ces jeux et activités structurées sur les constituants sonores de la langue n’occupent qu’une part des activités langagières. Éveil à la diversité linguistique À partir de la moyenne section, ils vont découvrir l’existence d’autres langues, parfois très différentes de celles qu’ils connaissent. Dans des situations ludiques (jeux, comptines…) ou auxquelles ils peuvent donner du sens (DVD d’histoires connues par exemple), ils prennent conscience que la communication peut passer par d’autres langues: par exemple les autres langues parlées en Polynésie française les langues étrangères et la langue des signes française (LSF). Les ambitions sont modestes, mais les essais que les enfants sont amenés à faire, notamment pour répéter certains éléments, doivent être conduits avec une certaine rigueur.

Programme de l’école maternelle en Polynésie française 20 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf 4.2 L’écrit L’écrit est un outil culturel qui permet de communiquer avec autrui. Le but de l’école maternelle est de permettre aux élèves d’utiliser l’écrit et de se l’approprier en tant qu’activité langagière. Les choix qui suivent s’inscrivent dans deux volontés : - réduire les écarts de réussite entre les élèves d’origine sociale différente et en particulier les écarts linguistiques. Pour cela les enseignants visent d’abord les familiarisations et les découvertes dans le domaine de l’écrit dans les différentes langues en s’adaptant au contexte scolaire des élèves dont ils ont la charge. L’écriture du français et des langues polynésiennes reposant sur le principe alphabétique et utilisant le stock des lettres latines, de nombreuses compétences visées en maternelle sont identiques et transférables entre ces langues (développement de la conscience phonologique, découverte du principe alphabétique, mise en place de quelques correspondances lettre-son) - garantir les réussites ultérieures des élèves dans le domaine du lire-écrire : les objectifs et modalités d’apprentissage devront être ciblés et passer par des activités réflexives qui pourront trouver des complémentarités - dans les différentes langues enseignées. 4.2.1 Objectifs visés et éléments de progressivité Il appartient à l’école maternelle de donner à tous une culture commune de l’écrit. Les enfants y sont amenés à comprendre de mieux en mieux des écrits à leur portée, à découvrir la nature et la fonction langagière de ces tracés réalisés par quelqu’un pour quelqu’un, à commencer à participer à la production de textes écrits dont ils explorent les particularités. En fin de cycle, les enfants peuvent montrer tous ces acquis dans leurs premières écritures autonomes. Ce seront des tracés tâtonnants sur lesquels s’appuieront les enseignants de cycle 2. 4.2.1.1 Écouter de l’écrit et comprendre En préparant les enfants aux premières utilisations maîtrisées de l’écrit en cycle 2, l’école maternelle occupe une place privilégiée pour leur offrir une fréquentation de la langue de l’écrit, très différente de l’oral de communication. L’enjeu est de les habituer à la réception de langage écrit afin d’en comprendre le contenu. L’enseignant prend en charge la lecture, oriente et anime les échanges qui suivent l’écoute. La progressivité réside essentiellement dans le choix de textes de plus en plus longs et éloignés de l’oral ; si la littérature de jeunesse y a une grande place, les textes documentaires ne sont pas négligés. 4.2.1.2 Découvrir la fonction de l’écrit L’objectif est de permettre aux enfants de comprendre que les signes écrits qu’ils perçoivent valent du langage : en réception, l’écrit donne accès à la parole de quelqu’un et, en production, il permet de s’adresser à quelqu’un qui est absent ou de garder pour soi une trace de ce qui ne saurait être oublié. L’écrit transmet, donne ou rappelle des informations et fait imaginer : il a des incidences cognitives sur celui qui le lit. À l’école maternelle, les enfants le découvrent en utilisant divers supports (livres variés, affiches, lettres, messages électroniques ou téléphoniques, étiquettes, etc.), en français et en langue polynésienne, en relation avec des situations ou des projets qui les rendent nécessaires ; ils en font une expérience plus précise encore quand ils sont spectateurs d’une écriture adressée et quand ils constatent eux ‐ mêmes les effets que produisent les écrits sur ceux qui les reçoivent. 4.2.1.3 Commencer à produire des écrits et en découvrir le fonctionnement C’est l’enseignant qui juge du moment où les enfants sont prêts à prendre en charge eux ‐ mêmes une partie des activités que les adultes mènent avec l’écrit. Et comme il n’y a pas de pré ‐ lecture à

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