Une histoire de l'Océanie

• La Micronésie est devenue un carrefour migratoire entre l’Asie, la Mélanésie et la Polynésie. Les Micronésiens étaient d’infatigables navigateurs utilisant même des cartes faites de coquillages et de baguettes reliées par des fibres représentant îles, vents et courants. Ils effectuaient continuellement des échanges entre des îles qui jouaient un rôle spécifique, économique ou religieux (Yap), au sein des différents archipels. Fait unique en Océanie, les habitants des Carolines utilisaient une sorte de monnaie constituée de disques de pierres troués enfilés sur une cordelette. Les Micronésiens utilisaient la pierre dans leurs constructions (Pohnpei). Comme chez les Polynésiens, il existait des castes héréditaires mais, comme chez les Mélanésiens, un individu pouvait améliorer son statut social par ses qualités et ses actions. Les espaces et activités des hommes et des femmes étaient nettement séparés et marqués par de nombreux interdits. Les règles d’exploitation de la terre et des zones de pêche étaient très contraignantes du fait du manque chronique de nourriture. Ayant pourtant des origines communes, les Mélanésiens et les Polynésiens ont fait des choix sociaux qu’un historien structuraliste pourrait opposer terme à terme. • Les Mélanésiens obéissaient à des chefs guerriers révocables possédant des biens d’échange mais le vrai pouvoir appartenait aux maîtres de la terre qui contrôlaient les chemins coutumiers. Plus cultivateurs que navigateurs, les Mélanésiens privilégiaient souvent les terres sèches propices à l’igname. Ils ne construisaient pas en pierre. La religion était clanique, dissimulée, chtonienne. L’identité était liée à la terre. La diversité linguistique est étonnement prodigieuse. La case est ronde. • Les Polynésiens vivaient dans des sociétés stratifiées dirigées par des chefs dynastiques héréditaires. Une caste de prêtres organisait spectaculairement la vie spirituelle sur des marae construits en pierre. La religion polynésienne était polythéiste et les dieux étaient les ancêtres des hommes (les dieux immatériels prenaient place dans les to’o* pendant les cérémonies). Autant navigateurs que cultivateurs, les Polynésiens privilégiaient les terres humides propices au taro. Le voyage fondateur à travers l’océan créait une mémoire collective qui s’enracinait ensuite autour d’un marae. La permanence linguistique dans le «Triangle polynésien » (espace commun de civilisation délimité par Hawaï, la Nouvelle-Zélande et l’Île de Pâques) est tout aussi étonnante. L’habitation est rectangulaire. Pour paraphraser Dominique Barbe (in « L’histoire du Pacifique des origines à nos jours »), les Océaniens sont à la fois des sédentaires et des voyageurs, enracinés dans un lieu et parcourant les routes anciennes. Ce sont des guerriers farouches mais toujours prêts à tisser des alliances nouvelles. Les chemins coutumiers propres à tous les Océaniens sont à la fois géographiques et sociaux, balisés par des gestes codifiés remplaçant souvent la parole. Parfois, les lieux et les personnes sont chargés de puissance ou bien frappés d’interdits. L’irruption des Occidentaux dans l’océan Pacifique au début du XVIe siècle va bouleverser les civilisations océaniennes 24

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