Une histoire de l'Océanie

En 1602, les Hollandais créent la V.O.C (Vereenigde Oost-Indische Compagnie ou Compagnie unie des Indes orientales), une puissante compagnie commerciale qui jouera un rôle décisif dans le Pacifique. Dès 1606, la présence des Hollandais (Janszoon) est attestée dans le golfe de Carpentarie en Nouvelle-Hollande (qu’on appellera par la suite Australie) et le long des côtes de Nouvelle-Guinée occidentale. Dès lors, la situation échappe très rapidement aux Portugais. En 1612, les Hollandais remplacent les Portugais au Japon ; ils sont les seuls étrangers, avec les Chinois, à être autorisés à commercer à Nagasaki sous d’étroites conditions. En 1613, les Hollandais fondent Batavia (Djakarta) sur l’île de Java. Ils coulent systématiquement les bateaux portugais, chinois, arabes. Ils délogent les Portugais de toutes leurs positions en Insulinde (= Indes orientales, Indes néerlandaises, Indonésie), excepté Timor. Les Portugais sont les grands perdants de l’expansion hollandaise et recentrent alors leur effort colonial sur le Brésil. En 1623, les Hollandais massacrent de même jusqu’au dernier les Anglais qui tentent de prendre pied àAmboine au sud des Moluques. Ils concluent des alliances avec des princes locaux ou exterminent les populations de certaines îles pour s’assurer le contrôle exclusif des épices (muscade, girofle, cannelle, poivre plus tard). Leurs préoccupations sont uniquement mercantiles, ils ne font que peu de prosélytisme. Pour comprendre l’importance économique des épices, il faut rappeler que les épices, introuvables en Europe donc hors de prix, servaient tout à la fois de produits culinaires, tinctoriaux et médicinaux. Même les bateaux hollandais n’appartenant pas à la V.O.C sont indésirables. Le Maire et Schouten veulent ouvrir une nouvelle voie commerciale passant par l’Amérique. En 1615, ils quittent Amsterdam, doublent les premiers le cap Horn (au lieu de passer par le détroit de Magellan comme leurs prédécesseurs), passent par les Tuamotu, découvrent les Tonga (1616), passent par Futuna, la Nouvelle-Guinée et parviennent à Batavia en 1616. Là, ils sont mis aux arrêts, leur bateau est confisqué et ils sont renvoyés en Hollande, via l’océan Indien. LaV.O.C décide au milieu du XVIIe siècle d’en savoir plus sur la Nouvelle-Hollande (Australie), nom donné à cette terre encore indéterminée située au sud du détroit de Torrès. En 1642-1643, du temps du gouverneur Van Diemen, Tasman entreprend de contourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre la NouvelleHollande. Avec deux navires de faible tonnage, Tasman est parti de Batavia, a exploré un peu vainement l'océan Indien, a atteint l'île Maurice (formellement hollandaise depuis 1598) et est reparti vers l'est en direction de la Nouvelle-Hollande. Tasman sera le premier Européen à découvrir la Tasmanie (Terre de Van Diemen) et la Nouvelle-Zélande (le premier contact avec les Maoris à Golden Bay est meurtrier et le détroit entre les deux îles de l’archipel n’est pas repéré). Cependant, les mauvaises conditions climatiques, la peur de s’échouer sur des rivages inconnus, l’absence toujours de matériel permettant de définir la longitude (et même la latitude par mauvais temps) ne permettent pas à Tasman de comprendre la géographie de la Nouvelle-Hollande. De plus la V.O.C maintiendra un secret absolu sur cette expédition (même plus tard en 1689 quand Guillaume III d’Orange deviendra roi d’Angleterre). Après une seconde expédition de Tasman en 1644 le long des côtes septentrionales de la Nouvelle-Hollande prolongeant celle de Carstensz (1623), la V.O.C renonce ensuite aux expéditions hasardeuses ayant abouti à de nombreux naufrages, notamment sur la côte ouest de la Nouvelle-Hollande, et continue à gérer impitoyablement le commerce des épices en Insulinde. Au total, seule la côte nord de la Nouvelle-Hollande, jusqu’à la baie de Carpentarie, est correctement reconnue et cartographiée par les Hollandais ; même l’importance du détroit franchi par Torres n’est pas comprise. Quant aux relations avec les Aborigènes, elles sont pratiquement inexistantes. Sur une carte, on constate que Batavia, en Insulinde, est au centre d'une zone d'intérêts à cheval sur l'océan Indien et le Pacifique occidental. L'influence hollandaise s'exerce en périphérie du Pacifique et de l'Océanie. Une dernière expédition hollandaise aura lieu au début du XVIIIe siècle : entre 1721 et 1723, Roggeveen double le cap Horn, découvre l’Île de Pâques (1722), traverse les Tuamotu, double sans les voir les îles de la Société, découvre les Samoa (1722), passe par la Nouvelle-Guinée et touche Batavia. Roggeveen est mandaté par la V.O.C pourtant il sera accusé par la compagnie d’avoir violé son monopole. La fin des grandes expéditions montre l’affaiblissement relatif des Provinces-Unies hollandaises par rapport au Royaume-Uni et à la France. 35

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