Une histoire de l'Océanie

L’océan Pacifique fut un théâtre majeur des opérations de la Seconde Guerre mondiale qui vit s’affronter deux coalitions différentes de celles de la Première Guerre mondiale : dans la zone Asie-Pacifique, le Japon combattit les Chinois dès 1937, les Américains et les Britanniques (renforcés des soldats de l’Empire et des dominions) à partir de 1941-1942. L’Indochine française, du fait de l’effondrement militaire de la métropole en 1940 et de la politique de collaboration deVichy, n’opposa pas de résistance au Japon. Enfin, l’U.R.S.S ne déclara officiellement la guerre au Japon qu’en 1945. Pourtant les troupes soviétiques et japonaises s’étaient brièvement battues en Sibérie en 1938-1939. C’est d’ailleurs à cause de la victoire soviétique en Sibérie en 38-39 et au besoin immédiat de trouver du riz, du pétrole, du caoutchouc, du fer, du cuivre que le Japon choisit de porter son effort militaire dans la zone Asie-Pacifique plutôt qu’en Sibérie soviétique. La propagande japonaise présentait aussi cette expansion comme une volonté d’expulser les Occidentaux de cette zone pour la rendre aux Asiatiques (les Micronésiens étant assimilés aux Asiatiques par les Japonais). Mais, dans les faits, la politique du Japon répondit à une logique de domination et de prédation. En 1941, le Japon contrôle donc le littoral chinois et l’Indochine française. Mais l’événement qui, à proprement parler, embrase la totalité du Pacifique est l’attaque-surprise de la base américaine de Pearl Harbor à Hawaï par le Japon en décembre 1941. Immédiatement, les États-Unis rentrent en guerre. La maîtrise des mers est temporairement perdue par les Américains qui n’ont cependant perdu aucun porte-avions. Le Japon profite de l’affaiblissement américain et de l’impréparation britannique pour poursuivre son avancée. En 1942, le Japon contrôle, outre les territoires déjà cités, toute l’Asie du Sud-Est (Birmanie et Malaisie britanniques, Indonésie néerlandaise, Philippines américaines), le Nord de la Nouvelle-Guinée et le Nord des Salomon, sans oublier Wake, Guam, Nauru et les Gilbert (toute la Micronésie est devenue japonaise, les autres territoires micronésiens étant passés sous contrôle japonais à la fin de la Première Guerre mondiale). En 1942, le péril japonais s’étend : Darwin en Australie est bombardé par l’aviation japonaise et les deux îles d’Attu et Kiska dans l’archipel américain des Aléoutiennes sont prises par les forces japonaises ; la guerre entre les sous-marins nippons et américains fait rage dans le Pacifique. En mai 1942, se déroule une bataille indécise dans la mer de Corail. Mais les deux premiers coups d’arrêt à l’avancée japonaise sont la victoire aéronavale de Midway en juillet 1942 et la longue bataille terrestre de Guadalcanal entre août 42 et février 43 aux Salomon. À partir de 1942, le rapport de force commence à s’inverser. Les Américains font reculer les Japonais, archipel par archipel. Le plan américain est de nettoyer la périphérie avant de s’attaquer au centre, à savoir la « forteresse Japon ». En 1943, les Américains ont repris les Salomon, les Gilbert, les Marshall et les Aléoutiennes Sud. Les batailles se font de plus violentes à mesure que les Américains se rapprochent du Japon (les batailles de Saipan aux Mariannes en juin-juillet 44 et, plus tard, les batailles d’Iwo Jima aux Volcano et d’Okinawa aux Ryu Kyu entre février et juillet 45 sont sanglantes). En 1944-1945, les Américains ont repris la Nouvelle-Guinée, les Philippines et les Mariannes. Tokyo et le territoire japonais sont bombardés à partir des Mariannes et des Ryu Kyu. En 1945, le plan américain est infléchi par trois considérations : l’Allemagne a capitulé, les Soviétiques risquent d’intervenir au Japon après leur invasion du Nord de la Corée, les scientifiques américains ont mis au point l’arme atomique. Ainsi, après un ultimatum rejeté, les Américains bombardent le Japon à l’arme atomique à deux reprises en août (Hiroshima et Nagasaki), entraînant sa reddition. De nombreux territoires, évidemment encerclés et privés de capacité offensive, sont restés aux mains des Japonais jusqu’à la défaite finale. Dans ce conflit, les États-Unis ont été le grand vainqueur et le Japon le grand perdant. De 1945 à 1952, le Japon est occupé par les forces américaines. Au nord, le Sud de l’île Sakhaline et l’archipel des Kouriles sont perdus au profit de l’U.R.S.S. La Corée, antérieurement annexée par le Japon, retrouve son indépendance mais est divisée en deux États. Au sud, Taïwan est rendu à la Chine. Les Ryu Kyu (avec l’île principale d’Okinawa), les îles Minama-Tori, les îles Ogasawara (dont la célèbre île d’Iwo Jima) sont placées sous administration américaine jusqu’à leur restitution en 1972. Les Mariannes, les Carolines et les Marshall sont définitivement détachées du Japon et passent dans la sphère d’influence américaine. La Micronésie a eu une histoire singulière : entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle, quatre puissances ont successivement dominé cette région, l’Espagne, l’Allemagne, le Japon et les États-Unis. 71

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