Une histoire de l'Océanie

En fin de compte, quelle est globalement la situation de l’Océanie à la fin du XXe et au début du XXIe siècle ? Quels sont les postures des puissances régionales que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande (voire la France) ? Et quelle est la situation identitaire des peuples océaniens ? Les éléments de réponse tiennent à la longue histoire ici évoquée. Commencé par une présentation de géographie physique et climatique, ce travail se termine par des informations de géographie humaine et économique qui rejoignent et complètent l’histoire récente de l’Océanie. Au terme de cinq siècles d’histoire, le Pacifique est devenu un « lac anglo-saxon » où l’influence du trublion français semble menacée à long terme : le Pacifique Nord et la Micronésie sont sous influence américaine, le Pacifique Sud sous influence australienne et néo-zélandaise. Le Pacifique Nord compte moins d’archipels que le Pacifique Sud mais apparaît comme une région stratégique. L’importance économique du Pacifique Nord est liée au fait que c’est la zone par où s’effectuent les échanges maritimes et aériens entre les États-Unis et la Chine. L’importance militaire du Pacifique Nord tient à la volonté des États-Unis d’y rester maître et au désir de la Chine de pousser son avantage en mer de Chine, en mer du Japon et en mer des Philippines. (Notons que les îles américaines, à l’origine inhabitées, de Wake, Johnston, Palmyra et Jarvis jalonnent d’ouest en est le Pacifique au nord de l’équateur et que, pour les deux dernières, les États-Unis ont passé outre les revendications britanniques au début du XXe siècle). L’Australie et la Nouvelle-Zélande se distinguent en Océanie par leur vaste superficie, leur population relativement importante et majoritairement d’origine anglo-saxonne et leur niveau avancé de développement économique. Ces deux pays s’affirment comme les leaders de la zone du Pacifique Sud et entendent y jouer un rôle grandissant, sans rencontrer d’ailleurs d’hostilité particulière des petits États océaniens. Ces deux pays s’ouvrent ainsi aujourd’hui à l’immigration océanienne (et aussi asiatique). L’Australie exerce son influence en Papouasie–Nouvelle-Guinée et en Mélanésie (Canberra a envoyé à plusieurs reprises des policiers fédéraux en Papouasie–Nouvelle-Guinée, aux îles Salomon et au Vanuatu pour restaurer l’ordre) ; la Nouvelle-Zélande, quant à elle, est active en Polynésie. Les petits États océaniens sont rentrés dans une logique d’interdépendance. Pour poursuivre cette réflexion géostratégique, on peut ajouter que, du fait de la faiblesse de leurs forces armées, la sécurité militaire des archipels d’Océanie est assurée par les États-Unis, l’Australie, la NouvelleZélande et la France. Les trois États anglo-saxons seraient prêts à intervenir en cas de menace et sont, de plus, liés par des accords militaires à plusieurs États et territoires océaniens (les principales bases américaines dans le Pacifique se trouvent sur la côte ouest des États-Unis, à Hawaï, à Guam, aux Philippines, au Japon et en Corée du Sud). Quant à la France, en tant que métropole, elle conserve le pouvoir régalien de la Défense et dispose de moyens militaires sur zone. La Communauté du Pacifique (ancienne Commission du Pacifique Sud) tente d’organiser des solidarités économiques interrégionales. Le Forum des Îles du Pacifique (ancien Forum du Pacifique Sud) joue un rôle plus politique. En 1985, suite au sabotage du navire Rainbow Warrior (organisation écologiste Greenpeace) par les services secrets français et au refus des Néo-Zélandais d’accueillir dans leurs eaux un navire américain suspecté de transporter des charges nucléaires, le Forum s’est prononcé pour la dénucléarisation du Pacifique (traité de Rarotonga) et plus tard pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Le dernier tir atomique français aura lieu en 1996. Cependant, les ambitions politiques des États océaniens pâtissent de la très mauvaise gouvernance de nombre d’entre eux, surtout en Mélanésie (conflits inter-îles aux îles Salomon, corruption massive au Vanuatu, coups d’État répétés à Fidji) ; mais l’île micronésienne de Nauru est aussi un exemple de désastre écologique et économique. La Guerre froide (liée aux essais nucléaires) est terminée depuis 1989-1991. La Nouvelle-Zélande s’est retirée de l’A.N.Z.U.S (mais continue à faire partie avec l’Australie du système Échelon, un réseau de bases d’interception des communications mis en place par les États-Unis). Les flottes militaires russes dans le Pacifique Nord sont limitées et les accords économiques de l’ancienne U.R.S.S passés avec Kiribati, les Salomon ou la Papouasie–Nouvelle-Guinée (P.N.G) appartiennent au passé. Il faut d’ailleurs dire que les révolutions communistes soviétiques et chinoises n’ont eu pratiquement aucun effet en Océanie. 83

RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw