Dossier-Pedagogique-ORERO

Direction de l’Enseignement Primaire –Cellule LCP- Enseignants ‘Orero : Rufina Tetumu et Abel Teahua - 8 - Le même auteur donne une autre approche du mot ’ōrero qui serait la contraction de l’expression « e ō nā te ārero » qui signifie « c’est un don de la langue ». Cette approche met en avant l’idée que le ’ōrero est « don » avant d’être une simple technique et qu’il est bien quelque chose de naturel au départ, une sorte de don divin.14 Ceci valorise la première fonction du discours qui était une fonction purement identitaire pour le polynésien d’autrefois, Polynésien dont la finalité était d’avoir une pleine connaissance de ses origines. Le ’ōrero nécessite donc une connaissance parfaite de sa langue et de ses origines. C ) Les différents types de ’ōrero15: (Définitions de 6 genres littéraires) La tradition orale polynésienne se traduit par une grande diversité des genres, certains communs aux cinq archipels de la Polynésie française, d’autres spécifiques à chaque entité culturelle et linguistique. Cette tradition orale se transmet généralement sous forme de discours : parole, chants ou gestes, réalisés seuls ou accompagnés de l’un et/ou l’autre des trois formes. On peut ainsi établir une typologie de ces types de discours, où chaque acte de parole, chaque mélodie, chaque geste, se caractérise par un contenu spécifique, un style propre, pour une finalité définie, et se réalise en fonction des circonstances particulières. En effet, un heva ou chant de deuil ne se chantera pas de la même manière, que l’on assiste aux obsèques d’un ari’i (chef) ou à celle d’un toa (guerrier). De la grande diversité littéraire représentée au travers de la tradition orale polynésienne, le lecteur trouvera au cours des pages qui suivent quelques types de discours accompagnés d’un petit explicatif en langue tahitienne et en français. Nous reprenons ci-après les définitions des genres littéraires proposées, pour l’année 2000, année des langues polynésiennes, par le ministère de la culture et de l’enseignement supérieur chargé de la promotion des langues polynésiennes16. Genre littéraire : TE PARIPARI I te rahira’a o te taime, e fārereihia te paripari i roto i te himene tārava. No roto mai teie fa’anahora’a parau i te parau tumu ra « pari ». E aha te pari ? Teie ia maoti : ‘o te hō’ē ia mato-topa-huru-tārere e ’itehia mai nā te ātea, nā tua roa mai. Nāna e fa’a’ite i te rātere va’a ē, e fenua teie, nāna e pari, mai te ta’ata ’ia pari ana’e i te tahi, te fa’a’ite ato’a ra ia ’oia i te tahi ’ohipa tā te tahi i rave, ’aore rā i fa’atupu. Mai te reira ato’a i roto i te paripari fenua. I reira e fa’a’ite-roa-hia ai, e tohu-roa-hia ai te mau ’ōti’a, te mau tūha’a, te mau i’oa o te fenua. Teie te tahi tuha’a paripari fenua ’ei hi’ora’a : « E moti i Vai-ō-va’u e horo roa i ’Ea’ea, o Hitia’a te fenua. Te mou’a i ni’a, o Te-vai-Tohi, o Mauru e o Tā-houtira. Te tahua i raro, o Te-’iri’iri. Le paripari est l’un des genres littéraires, l’un des types de discours les plus fréquents dans la tradition orale polynésienne. On le rencontre généralement dans le himene tārava qui est un chant traditionnel relatant les lieux, les sites, les héros ainsi que les hauts faits d’un district ou d’un peuple. Paripari vient de la notion pari qui veut dire, montrer, nommer, accuser. Te pari désigne une falaise escarpée visible de loin, du large. Il indique au navigateur que la terre est proche ; Il « pari » comme celui qui accuse autrui. Il rapporte des faits qui ne sont pas réalisés. Ainsi, au travers d’un paripari fenua par exemple, l’orateur s’attachera à montrer en les nommant tous les lieux fondateurs et prestigieux de son district : Voici un extrait de paripari fenua : « Depuis Vai-ô-vau jusqu’à ‘Ea’ea, Hitia’a est la terre. Les montagnes qui se dressent sont Te-vai-Tohi, Mauru et Tā-hou-tira. La place de réunion en contrebas est Te-’iri’iri. 14 Vaihere Cadousteau : Mémoire sur « Le ’ōrero: Le renouveau d’un antique art oratoire » 15 Service de la Culture et du Patrimoine 16 Dans Reo Mā’ohi, polices de caractères, CD-ROM, Services des Nouvelles Technologies de la Présidence du Gouvernement de la Polynésie française.

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