Une histoire de l'Océanie

Pritchard sera expulsé et qui se terminera par la victoire des Français et de leurs alliés locaux. Battue, Pomare IV Vahine sera néanmoins maintenue au pouvoir (techniquement, la « guerre franco-tahitienne » a été un conflit triangulaire de faible intensité entre la France, le camp des chefs tahitiens favorables à la France et le camp des chefs tahitiens hostiles à la France). Au total, en 1842, il y a un protectorat sur les Îles du Vent (I.D.V) et les Tuamotu, une annexion théorique des Marquises qui restent à pacifier et un autre protectorat sur les Gambier en 1844 ; les Îles Sous-le-Vent (I.S.L.V) et les Australes échappent encore à la domination française. Papeete est choisie comme chef-lieu. Le second objectif colonial en Océanie au milieu du XIXe siècle est la volonté du gouvernement de Napoléon III de s’établir aussi dans le Pacifique Sud-Ouest, en Mélanésie. L’amiral Fébvrier-Despointes annexe la Nouvelle-Calédonie en 1853 et les îles Loyauté en 1854 (Maré, Lifou, Ouvéa). Position géographique importante, la Nouvelle-Calédonie deviendra aussi une terre carcérale : comme en Australie anglaise ou en Guyane française à la fin du XVIIIe siècle, un bagne est ouvert en Nouvelle-Calédonie en 1864. 30 000 déportés s’y succèderont jusqu’en 1897. Nouméa est choisie comme chef-lieu. Le nickel* est exploité dès 1879. Nombreux et bénéficiant d’un relief accidenté, les Kanaks résisteront longtemps mais finiront par plier : révoltes de 1856, 1878 (chef Ataï), 1917. La prise de possession de Clipperton en 1858, hors de l’Océanie, montre les ambitions du Second Empire (et est à mettre en relation avec l’aventure mexicaine de Napoléon III dans les années 1860). Au début des années 1880, la France consolide son dispositif colonial dans le Pacifique. En 1880, la Troisième République française annexe l’ancien royaume des Pomare qui sera appelé É.F.O, c'est-à-dire « Établissements français d’Océanie » (l’acte de cession de ses États par Pomare V révèle en définitive la résignation des Polynésiens au temps du gouverneur Chessé ; formellement, PomareV conserve le titre de roi jusqu’à sa mort en 1892). En 1881, les Gambier sont aussi officiellement annexés et rejoignent la colonie des É.F.O. En 1886, un protectorat très peu pesant est établi sur Wallis et Futuna (Reine Amélia) donnant à la France une position dans le Pacifique central. Par la suite, la politique coloniale française révèle à la fois son manque de moyens matériels et sa recherche d’une entente avec le Royaume-Uni. La Troisième République laisse le Royaume-Uni s’emparer des îles Cook (protectorat en 1886 ; colonie en 1900) et le Chili annexer l’Île de Pâques en 1888 (en dépit d’une demande de protectorat adressée en 1872 à la France par les Pascuans). En fait, la possession de la NouvelleCalédonie et des É.F.O étant acquise et consolidée (annexion des Australes entre 1887 et 1901; annexion des I.S.L.V en 1898 après une guérilla sans espoir ; pacification des Marquises faute de combattants), la priorité devient la colonisation de l’Afrique et de l’Indochine. Au total, malgré des résistances locales, les É.F.O ont été constitués en un demi-siècle. Il est intéressant de s’attarder sur les détails de la colonisation des I.S.L.V : dès 1847, une convention francoanglaise stipulait le maintien de leur indépendance pour n’avantager aucune des deux puissances coloniales. Mais en 1880, la France considère comme caduque cette entente du fait des visées allemandes sur l’archipel soutenues par l’activité florissante d’une firme allemande, la Société Commerciale d’Océanie (S.C.O). En 1887, par un accord mutuel, la France et le Royaume-Uni abrogent la convention. S’ensuit donc un conflit avec les insulaires se terminant par l’annexion de 1898. La colonisation de l’archipel des Nouvelles-Hébrides voisines (actuel Vanuatu) relèvera du marchandage suivant. Mais revenons aux royaumes polynésiens. Hawaï et Tonga qui ont partagé une histoire similaire à la fin du XVIIIe siècle connaissent aussi une évolution analogue dans la seconde moitié du XIXe siècle. La dynastie des Kamehameha perd progressivement le contrôle de l’archipel d’Hawaï. En 1893, un gouvernement républicain encouragé par les Américains dépose la dernière reine (Lili’uokalani qui avait succédé à son frère Kaläkaua). En 1898, Hawaï sera annexée par les États-Unis et Honolulu deviendra le chef-lieu de la colonie. Tonga, du fait de la rivalité germano-britannique, retarde en 1889 l’imposition d’un protectorat par le Royaume-Uni qui aura lieu au tout début du XXe siècle. 55

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