Une histoire de l'Océanie

Destremau (de dépit, l’amiral fait tirer quelques coups de canon sur Papeete). En bénéficiant du soutien du représentant allemand de la S.C.O à Nuku Hiva, von Spee réussit ensuite à mettre la main sur le charbon des Marquises. L’escadre poursuit sa route et fait escale à l’Île de Pâques. Von Spee y intercepte des communications radiotélégraphiques, ce qui lui permet de surprendre et couler des navires britanniques au large du cap Coronel près du Chili. Mais l’escadre allemande est rejointe dans l’océan Atlantique près des îles Falkland par une escadre britannique plus puissante et coulée, occasionnant près de 2000 morts. Entretemps, les Japonais, dotés d’une flotte moderne, ont occupé sans combat le quart nord-est de la NouvelleGuinée et investi les archipels micronésiens désertés. La guerre est liée aux progrès techniques des télécommunications, notamment dans le domaine de la télégraphie sans fil, c'est-à-dire la transmission par ondes hertziennes de messages en alphabet morse. Les habitants des dominions et des colonies du Pacifique furent également concernés par la Première Guerre mondiale du fait de leur participation aux combats en Europe. Les États belligérants décidèrent la mobilisation générale y compris en Océanie. Les contingents les plus importants furent logiquement ceux d’Australie et de Nouvelle-Zélande regroupés au sein de l’A.N.Z.A.C*. 550 000 soldats d’Australie et de Nouvelle-Zélande (dont des Maoris) furent envoyés en Europe. 12 000 tombèrent aux Dardanelles contre les forces ottomanes entre avril 1915 et janvier 1916. Environ 80 000 Australiens et Néo-Zélandais perdirent la vie durant ce conflit. Les contingents d’Océaniens furent plus limités bien qu’en nombre relatif le nombre d’hommes ne fût pas négligeable. Pour les colonies françaises, un (premier) Bataillon du Pacifique (Poilus tahitiens) fut constitué qui regroupa principalement 1000 conscrits tahitiens et 1000 conscrits néo-calédoniens environ. Ce bataillon partit pour l’Europe en 1916. 300 Tahitiens et 500 Néo-Calédoniens ne revinrent pas des tranchées. Au terme de la guerre, les positions coloniales ont changé, principalement en Micronésie, dans le Pacifique Nord. Les conférences et traités d’après-guerre attribuent les Mariannes, les Marshall et les Carolines (avec Belau) au Japon. Dans le Pacifique, le Japon est le grand gagnant mais en 1921 les Américains et les Britanniques contraignent les Japonais à limiter leur flotte : les gains de la guerre joints au ressentiment anti-occidental préparent la politique expansionniste à venir. Dans les années 1930, les Japonais décident unilatéralement d’augmenter leurs moyens militaires dans le Pacifique. En 1932, le Japon occupe la Mandchourie, en 1936, il signe un pacte avec l’Allemagne et en 1937 envahit la Chine. Les Américains commencent à leur tour à renforcer leur dispositif naval dans le Pacifique Nord mais en sous-estimant le potentiel japonais. Pour ce qui est du Pacifique Sud, le Royaume-Uni confie la tutelle des Samoa ex-allemandes à la NouvelleZélande et les tutelles de Nauru, de Bougainville et du quart nord-est de la Nouvelle-Guinée à l’Australie. Le transfert de responsabilité du Royaume-Uni à ses dominions et la répartition des zones d’influence entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande en Océanie se confirment. L’Australie exercera son influence en NouvelleGuinée et en Mélanésie, la Nouvelle-Zélande en Polynésie. Rappelons qu’en 1906, l’Australie avait déjà la tutelle du quart sud-est de la Nouvelle-Guinée à laquelle il faut donc ajouter, en 1920, celles du quart nord-est de la Nouvelle-Guinée, de Bougainville et de Nauru. Rappelons également que la Nouvelle- Zélande avait déjà depuis 1901 la tutelle des Cook et de Niue à laquelle il faut donc ajouter en 1920 celle des Samoa Ouest (ex-allemandes) et en 1925 celle de Tokelau. L’Australie et la Nouvelle-Zélande, du fait de leurs origines anglo-saxonnes, de la taille de leur population et de leurs ressources économiques, ont été les pays d’Océanie les plus impliqués dans la Première Guerre mondiale. Après la guerre, les Australiens et les Néo-Zélandais qui ont eu un très grand nombre de tués pendant le conflit (15 % des hommes envoyés au front) s’interrogent sur la relation qu’ils entretiennent avec l’Europe. En 1931, le statut de Westminster donne l’indépendance formelle et complète aux deux anciens dominions (et aussi au Canada) dans le cadre du Commonwealth avec la reine comme souveraine en titre (Head of the Commonwealth). En revanche, la guerre ne modifie pas substantiellement pour les deux décennies d’après-guerre le statut des « indigènes » et la vie quotidienne dans les petites colonies du Pacifique. Même si la conquête et l’occupation de certains archipels océaniens ont pu être moins violentes que celles d’autres pays d’Asie 64

RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw