Une histoire de l'Océanie

En 1978, les îles Salomon accèdent à leur tour à l’indépendance, suivies en 1980 par l’ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides où des mouvements séparatistes à Santo et Tana ont fait long feu ; au Vanuatu indépendant, les anglophones se retrouvent en position de force. Du fait de son histoire chaotique et du poids écrasant des États-Unis dans la région, la Micronésie entre plus tardivement dans ce mouvement de décolonisation qui se traduira d’ailleurs par des statuts politiques complexes et vraisemblablement évolutifs. Dès 1968, Nauru et ses réserves de phosphates avait accédé à l’indépendance car elle était dans l’orbite australienne et non américaine. Les États-Unis distinguent deux catégories de territoires dans le Pacifique. Hawaï, Guam, les Samoa américaines font partie intégrante de l’ensemble américain (Hawaï est un « État » ; Guam est un territoire non incorporé organisé c'est-à-dire une dépendance ; les Samoa américaines sont un territoire non incorporé non organisé c'est-à-dire une dépendance). En revanche, les Mariannes, les Marshall et les Carolines sont d’importance moindre et leurs statuts sont susceptibles d’encore évoluer. La date clé est 1991. Avant cette date, aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, ces trois grands archipels avaient été placés sous administration américaine en tant que dépendances ; à partir de 1980 leurs statuts avaient commencé à évoluer. En 1991 donc, les Mariannes choisissent un statut de territoire autonome dans l’espace américain sous le nom de Commonwealth des Mariannes du Nord. En 1991, les Marshall deviennent officiellement indépendantes mais demeurent dans un étroit partenariat américain (troublé par les conséquences des essais nucléaires à Bikini et Eniwetok). Toujours en 1991, les Carolines accèdent à l’indépendance sous le nom d’États fédérés de Micronésie, réunissant les archipels de Yap, Chuuk, Pohnpei et Kosrae. Belau (anciennement Palaos puis Palau), l’archipel micronésien aux influences malaises, se sépare entre 1978 et 1982 des Carolines, voit son président assassiné en 1985 et accède en 1994 à l’indépendance tout en conservant des relations obligées avec les États-Unis. Du fait de sa position géostratégique aux confins des Philippines et de l’Indonésie, Belau est contrainte de laisser un libre usage de certaines de ses îles aux forces armées américaines mais reçoit en contrepartie une aide économique substantielle (diplomatie du dollar). Quelles que soient les postures de ces trois États souverains, les Marshall, les Carolines et Belau confient leur défense et leur politique étrangère aux États-Unis. Ces États micronésiens sont de jure souverains mais de facto dans une relation de dépendance partielle par rapport aux États-Unis. Schématiquement, une large partie de la Polynésie accède à l’indépendance de 1962 à 1978 (années 1960 et 1970) ; la majeure partie de la Mélanésie obtient l’indépendance entre 1970 et 1980 (années 1970) ; une importante partie de la Micronésie devient indépendante entre 1979 et 1994 (années 1980 et 1990). Les Samoa occidentales sont le premier État à accéder à l’indépendance et Belau le dernier. L’Océanie a été la dernière région du monde à rentrer globalement dans le processus de décolonisation. Beaucoup des derniers États admis à l’O.N.U sont issus de cette région. Il reste à présenter l’exception française dans le Pacifique Sud. Les colonies françaises d’Océanie n’accèdent pas à l’indépendance mais le système évolue. En 1946, la Nouvelle-Calédonie et les É.F.O ne sont plus des colonies mais des territoires d’outre-mer (T.O.M) où les habitants sont tous citoyens (à l’exception notable des « Chinois » des É.F.O qui n’obtiendront la citoyenneté française qu’en 1964). Aux référendums de 1958, les deux T.O.M choisissent de rester dans la République malgré l’opposition dans les É.F.O du R.D.P.T du leader Pouvanaa a Oopa ; en revanche, l’Union Calédonienne de Lenormand n’appelle pas à voter « non » au maintien dans la République. En 1959, également à la suite d’un référendum, Wallis-et-Futuna deviennent le troisième T.O.M du Pacifique. À mi-chemin entre une situation de dépendance et une indépendance complète, les T.O.M sont donc des territoires autonomes. Le statut de T.O.M est allé vers de plus en plus d’autonomie. En Nouvelle-Calédonie, plus de la moitié de la population n’est pas kanake mais une majorité de Kanaks 77

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