Une histoire de l'Océanie

rejette le système hérité de la période coloniale, notamment la situation foncière ; dès 1977, l’U.C (qui sera à l’origine du F.L.N.K.S en 1984) se prononce pour l’indépendance. Les crispations de la société néo-calédonienne culminent dans la violence des événements de 1987-1988 à laquelle les accords de Matignon de 1988 mettent un terme provisoire (Jean-Marie Tjibaou, Jacques Lafleur). L’accord de Nouméa de 1998 débouche pour la Nouvelle-Calédonie sur un statut spécifique de Pays d’Outre-mer (P.O.M) permettant potentiellement à sa population de décider de rester ou pas dans l’ensemble français (rappelons que les Wallisiens et Tahitiens représentent 10 % de la population de ce P.O.M). Mais le problème reste entier. De son côté, la Polynésie française obtient un statut d’autonomie interne en 1984, autonomie qui est renforcée en 2004, année de l’accession à la présidence de la Polynésie française de l’indépendantiste Oscar Temaru, le meilleur adversaire de l’autonomiste Flosse (le discours de Temaru est politique au sens où il réclame l’indépendance mais aussi social dans la mesure où il désigne les inégalités dans un territoire où la grande richesse côtoie la pauvreté des quartiers insalubres). Selon le statut de 2004, donc, la Polynésie française est devenue une Collectivité d’outre-mer (C.O.M). Pour ce qui est de Wallis-et-Futuna, ayant également à ce jour un statut de C.O.M, l’attachement à la France semble indéfectible et montre le pragmatisme de ses habitants. Les statuts de la Polynésie française (C.O.M.) et de la Nouvelle-Calédonie (P.O.M.) sont donc susceptibles d’évoluer. Les noms de ces territoires ont une signification symbolique forte. Les Kanaks veulent que la Nouvelle-Calédonie devienne « Kanaky ». Quant aux É.F.O, ils ne prirent le nom de « Polynésie française » qu’en 1957 en attendant peut-être de s’appeler un jour « Tahiti Nui », « Te Fenua », « Mä’ohi Nui » ou « Te Ao Mä’ohi ». Dans ces deux territoires, la marche vers la modernité après la guerre a été imposée à marche forcée par des logiques extérieures : l’exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie et l’ouverture du C.E.P en Polynésie française. La répartition des langues dépend à la fois de l’appartenance aux différentes aires linguistiques et de l’histoire coloniale. Les langues autochtones sont bien vivantes dans l’ensemble de l’Océanie. Les exceptions sont rares : les langues océaniennes sont en péril à Guam où le modèle américain efface brutalement le passé micronésien (et espagnol) et à Hawaï où les habitants d’origine polynésienne sont ultra-minoritaires (ils utilisent d’ailleurs davantage le pidgin hawaïen que le hawaïen proprement dit). En Polynésie française où le modèle jacobin a longtemps répandu l’usage du français et où la population est mélangée et métissée, la moitié environ de la population parle une des langues polynésiennes des différents archipels ; en Nouvelle-Calédonie en revanche, les multiples langues mélanésiennes sont très vivaces. Il est logique que les langues océaniennes soient plus assurées dans les États indépendants. Cependant, même dans ceux-ci, le choix d’une ou plusieurs langues officielles montre l’implantation solide de la langue coloniale. De plus, la très grande diversité linguistique au sein des archipels et même des grandes îles a poussé les nouveaux États à conserver une langue commune à tous les habitants, en l’occurrence l’anglais qui apparaît comme la langue réel- lement dominante ; notons que les pidgins anglo-mélanésiens ont joué aussi un rôle fédérateur en P.N.G (Tok Pisin), aux Salomon (Pijin) et au Vanuatu (Bislama). Enfin, à la différence de la Nouvelle- Zélande, l’Australie n’a pas encore donné de statut officiel aux langues autochtones. Par souci d’exhaustivité, rappelons que les missions protestantes ont largement utilisé les langues locales pour leur travail d’évangélisation et que des langues coloniales comme le néerlandais, l’allemand ou le japonais n’ont pas eu le temps historique de s’enraciner. Il est possible de présenter la situation linguistique de l’Océanie sous la forme suivante : • L’anglais est seule langue officielle en Australie, à Norfolk, Pitcairn et aux Salomon ; • L’anglais et une ou plusieurs langues océaniennes sont langues officielles (ou ayant un statut similaire) en Papouasie–Nouvelle-Guinée, à Bougainville, en Nouvelle-Zélande, aux Cook, à Niue, Tokelau, Tonga, aux Samoa occidentales, à Tuvalu, Kiribati, Nauru, aux États fédérés de Micronésie, à Belau, aux Marshall, aux Mariannes, à Guam, aux Samoa américaines et à Hawaï ; 78

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