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21 2. TEMPS ET LANGAGE LA STRUCTURATION DU TEMPS AU CYCLE I INTRODUCTION Sont présentés dans cette première partie (I) des éléments de réflexion théorique qui fondent les appli- cations pratiques constituant la seconde partie (II) de ce document. I. ÉLÉMENTS THÉORIQUES A - EXPLICITATION DE LA NOTION 1) Temps et langage La structuration du temps s’opère à deux niveaux de langage différents : D’une part, le niveau du langage courant, spontané. À ce niveau, la pratique du langage «en situation», enraciné dans le contexte d’un présent vécu et partagé avec son interlocuteur, comme la pratique du langage d’«énonciation», plus autonome, où l’enfant dit ce qu’il est en train de faire ou ce qu’il vient de faire, représentent une expérience du temps personnel centrée sur le locuteur lui-même. D’autre part, le niveau du langage plus conscient, réfléchi, volontaire. C’est celui du langage d’«évocation», beaucoup plus difficile à atteindre puisque ni les choses, ni les événements dont on parle, ne sont présents. D’ailleurs, l’enfant qui atteint ce niveau au cours de sa scolarité de maternelle a visiblement compris ce qu’était le langage : non pas seulement un moyen de signaler ses désirs immédiats ou de répondre aux demandes d’autrui, mais bien, déjà, un ensemble de signes qui remplacent les choses absentes et les événements passés ou futurs. L’acte de signifier (par opposition à celui de signaler toujours attaché à une situation présente) est un acte qui libère des frontières de l’espace et du temps. Surtout du temps, car si les choses absentes spatialement peuvent toujours être retrouvées là où elles sont, les événements passés, eux, ont disparu à jamais et ne pourront exister à nouveau que dans le «dire». Le langage est donc beaucoup plus qu’un simple dispositif de désignation. Sa finalité profonde est de «vaincre le temps», précisément, et de conférer aux choses et aux événements la permanence qu’ils ne peuvent avoir. 2) Temps personnel et temps social Les programmes de l’école maternelle soulignent, à propos du temps, la nécessité absolue d’arti- culer le temps personnel de l’enfant et le temps social. L’appréciation subjective des durées (une heure peut être vécue comme longue ou courte suivant que l’on attende quelqu’un qui n’arrive pas ou que l’on s’amuse avec des camarades) ne doit pas rester pour l’enfant une sphère isolée, purement intérieure et qualitative, qu’il ne peut partager avec personne. Certes, c’est bien là l’expérience irremplaçable et ini-

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