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22 tiatique du temps, mais l’école maternelle doit aussi initier l’enfant à un temps objectif, codifié, et même quantifié auquel il peut intégrer le sien. Une temporalité trop centrée sur le moi est forcément déformée. Il est donc nécessaire d’offrir à l’enfant de quoi rendre le temps plus intelligible donc moins subi. Tout passe trop vite ou trop lentement : l’enseignant m’arrache à mes activités, à mes jeux, à ma contem- plation, ou bien il ne me donne pas assez vite quelque chose à faire ; on me bouscule ou on me délaisse. Dans la mesure où les rythmes imposés aux enfants ne correspondent pas à leurs aspirations, il est bon de commencer à construire une temporalité plus homogène, plus structurée, qui d’ailleurs sera un facteur d’équilibre intérieur. À cet égard, les rituels de la date et du calendrier sont nécessaires à une bonne intégration du temps personnel au temps social mais ritualisation ne veut pas dire automatisation. On n’automatise bien que ce qu’on a compris, que ce dont on a saisi le sens, l’enjeu, la valeur. Ces rituels sont donc à repenser pour faire l’objet d’une appropriation progressive. 3) Temps court et temps long Les programmes de cycle 1 visent à ce que les enfants en viennent à distinguer progressivement le temps court (celui des activités de la journée) du temps long (la succession des jours de la semaine et du mois, l’alternance des saisons). L’enseignant commencera, en fin de cycle, à initier l’élève au temps très long, celui de l’histoire, se rapportant à un passé plus ou moins lointain. 4) Pour une conceptualisation du temps Structurer le temps requiert que l’on travaille dans cinq directions bien identifiées. Pour qu’il y ait conceptualisation du temps par l’enfant, celui-ci doit comprendre que : - Quelque chose arrive, survient, se produit, commence mais aussi cesse, s’interrompt. C’est la logique du «Il était une fois» : quelque chose met en marche la machine temporelle mais aussi l’arrête. «La princesse s’écroula, évanouie.» «Le prince quitta le château à l’aube.» - Quelque chose se déroule et occupe un «espace» de temps : c’est le temps au sens de durée. «Il y avait quatre heures qu’ils se parlaient et ils ne s’étaient pas encore dit la moitié des choses qu’ils avaient à se dire» (Charles PERRAULT, La Belle au bois dormant). - Quelque chose précède ou succède ou encore se passe en même temps Il y a évolution ordonnée dans le temps (nécessaire pour rendre intelligible une histoire) et il y a la simultanéité. «Les trois petits cochons remirent vite le couvercle, et quand le loup fut cuit, ils le mangèrent pour leur souper.» (Conte traditionnel, Les Trois Petits Cochons). - Quelque chose se reproduit, revient, soit en réalité, dans les faits, soit dans mon esprit. «Jeudi, c’est mon jour de judo.» «Je me souviens du jour où nous sommes allés au théâtre.» - Quelque chose change, se transforme, disparaît Cette dernière catégorie préfigure les concepts historiques des apprentissages à venir. «Pendant 160 millions d’années, les dinosaures ont régné en maître sur la terre. Pourtant, il y a 65 millions d’années, les dinosaures disparaissaient.» (Margery FALKLAM, Des animaux disparus ou menacés»).

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