26 La simultanéité, c’est aussi la synchronie dans le travail, les activités, les jeux. Là aussi, la travailler assure une bonne scolarisation. Concilier, harmoniser son temps avec celui des autres est essentiel. Toutefois, il faut que la simultanéité soit aussi travaillée pour elle-même. Comme pour l’espace, le temps personnel doit à un moment cesser d’être la référence. Situer un objet par rapport à soi, c’est bien. Situer un objet par rapport à un autre, indépendamment de soi, c’est mieux. On est dans l’objectivité spatiale. Pour le temps, il doit être de même. Les différentes pistes à explorer pour aller dans ce sens sont, bien évidemment, les situations de classe, dans la mesure où l’école maternelle est précisément celle où les enfants font des choses différentes en même temps : pendant que les uns sont avec l’enseignant en atelier dirigé, les autres sont autonomes, etc., et il est vrai qu’il est appréciable que les activités soient bien synchronisées… Mais, il conviendra également d’exploiter les textes prescriptifs riches en potentialités : réaliser une recette de cuisine oblige souvent à faire une chose pendant qu’une autre est «en train» (préparer la garniture pendant que la pâte repose). Suivre une fiche technique induit la même appréhension de la simultanéité (laisser sécher la peinture ou les collages pendant qu’on prépare autre chose). Enfin, il serait bon de reconsidérer les textes narratifs. Ils sont forcément très linéaires, les événements se succèdent suivant la logique du récit avec laquelle les enfants sont très familiarisés. De plus, ils ont une particularité : il y a focalisation sur le personnage principal. Prenons l’exemple du Petit Chaperon rouge. Le déroulement linéaire de l’histoire, centré sur le Petit Chaperon rouge occulte les autres personnages. Or il faut que l’enfant ait à l’esprit la simultanéité des actions : pendant que la grand-mère attend la fillette, la maman range sa cuisine après la confection des fameuses galettes, un chasseur traque le gibier dans les bois, etc., pendant que le Petit Chaperon rouge cueille des fleurs, le loup court vite chez la grand-mère. Cette activité constituerait un complément intéressant aux classiques images séquentielles. Ajoutons que saisir la simultanéité des actions des différents personnages représente un aspect non négligeable de la compréhension. On pourrait envisager, comme activité pédagogique, l’élaboration de plusieurs «affiches» rendant compte, à différents moments de l’histoire, de la simultanéité des actions des personnages, ce que ne peut pas rendre le récit dans sa linéarité et sa focalisation particulière. C. UNE ACTIVITÉ EMBLÉMATIQUE : L’AGENDA L’activité la plus pratiquée, relativement à la construction du concept de temps au cycle I, est le calendrier. En général publicitaire, il est affiché dans le coin regroupement : il est consulté quotidiennement pour déterminer la date. C’est un des rituels les plus ancrés de l’école maternelle. Les jours sont barrés au fur et à mesure. Certains événements font l’objet de marquage anticipés (anniversaires, vacances, etc.). Le calendrier n’est pratiquement jamais utilisé comme instrument de mémoire ou même d’appréciation (qualitative ou quantitative) d’une durée (combien de temps ça fait que ?...). Nous n’entendons pas détrôner ou évincer le rituel mais force est de constater que beaucoup d’enfants ne s’y impliquent pas vraiment, la date étant juste une étiquette de plus ! Il est donc nécessaire de recentrer les choses sur l’enfant. L’agenda classique est aussi un calendrier, mais il a sur ce dernier un avantage : il est personnel, individuel. Le calendrier représente le temps social, objectif. L’agenda représente lui aussi le temps social mais son contenu, sa substance est le temps personnel. Ainsi le temps des samedis et des dimanches nécessite un certain marquage alors que le rituel calendrier ne l’intègre pas toujours. De plus, les pages de l’agenda tournées matérialisent mieux les distances temporelles. Il faut à cet égard, rappeler que le sujet qu’est l’enfant ne prend progressivement conscience de lui-
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