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37 À quelle saison (même si cela est plus difficile pour nos enfants, dans la mesure où les saisons tempérées sont différentes des saisons tropicales)? Pour cet album, ces considérations sont essentielles. • Les matières Là aussi, l’analyse est aisée. La matière peut d’abord être celle des objets représentés et les questions à poser seront : En quoi, avec quoi est fait cet arbre, ce personnage, cette couverture ? Lorsque l’illustration est traitée à la peinture, avec des jeux d’épaisseur, de remplissage, de superposition, les questions à poser seront : Cette matière ressemble à quoi ? (du griffonnage, du fil, pour le «vieux» loup, du coton, pour les arbres…) La prise en compte de ces règles de fonctionnement de l’image par l’enseignant, lui permettra d’amener les élèves à découvrir et à exprimer avec plus de pertinence, leurs sentiments et leurs analyses et ainsi de saisir avec plus de finesse la complexité des rapports qui unissent les images au texte. ÉTUDE 3 Dans certaines langues, les mots «grand» et «petit» ne se réfèrent pas à la taille mais à l’âge ; la taille a ses mots, l’âge a les siens. L’utilisation des majuscules montre bien qu’il ne s’agit pas seulement de personnages particuliers mais bien d’archétypes : «le» grand, «le» petit ; Le texte de cet album est tout particulièrement riche dans tous les domaines de structuration du temps : la chronologie y est transparente avec une arrivée, une disparition et un retour. Effectivement, Petit Loup apparaît, s’éclipse et revient et c’est bien lui qui dessine par là même la chronologie de ce récit. Mais il ne faut pas oublier la chronologie intérieure de Grand Loup : cet être de routine et de rituels vit une révolution du dedans. De ses habitudes de vie, il fait les «premières fois» de Petit loup qui est ainsi initié. Mais la disparition de Petit Loup bouleverse sa vie en profondeur et, lui aussi, connaît ses «premières fois» : tourner en rond, scruter l’horizon, attendre, faire des projets au cas où Petit loup reviendrait, découvrir le manque, l’absence. La durée est aussi bien travaillée dans ce texte : durée du temps partagé, une journée et demie ; durée de la promenade en forêt, une après-midi ; durée de l’attente, des jours, des semaines, des saisons. La simultanéité est d’autant plus facile à faire apparaître qu’ils sont souvent «à deux» et que, quand l’un fait une chose, l’autre en fait une autre. Tout le programme de vie de Grand Loup est suivi par Petit loup qui imite, copie, s’imprègne. Mais Petit Loup ne peut pas faire exactement la même chose que Grand Loup. Tandis que Grand Loup mange, Petit Loup attend. Tandis que Grand Loup attend dans la forêt, Petit Loup reste prudemment à l’abri de l’arbre. La récurrence et le changement qui sont les deux autres éléments de structuration du temps (temps cyclique et temps linéaire irréversible), et qui sont particulièrement importants pour la future approche historique, sont ici très bien exploités. Grand Loup pourrait revenir à ses habitudes solitaires après la disparition de Petit Loup. Il pourrait poursuivre son cycle fermé de journées identiques. Petit Loup, ainsi, n’aurait été qu’une brève expérience, un interlude, un épisode, dans la vie de Grand Loup mais il n’en est rien. Petit Loup a tout révolutionné. Il a tout fait basculer. Grand Loup sait que «rien ne sera plus comme avant». Le cycle des journées organisées de Grand Loup est rompu, brisé. Il ne reviendra plus

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