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PROGRAMMES 2022 ADAPTÉS À LA POLYNÉSIE FRANÇAISE CYCLE 1 MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION ET DE LA MODERNISATION DE L’ADMINISTRATION, en charge du numérique MEA-DGEE 2022 www.education.pf

3 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française PROGRAMMES D’ENSEIGNEMENT DU CYCLE DES APPRENTISSAGES PREMIERS (CYCLE 1) Loi organique n° 2004-192 du 27 février 2004 modifiée, portant statut d’autonomie de la Polynésie française ; Convention n° 99-16 du 22 octobre 2016 relative à l’éducation entre la Polynésie française et l’État ; Loi du pays n° 2017-15 du 13 juillet 2017 relative à la Charte de l’éducation de la Polynésie française ; Arrêté n° 1026 CM du 27 juillet 2016 fixant les programmes Cycle 1, Cycle 2 et Cycle 3 de l’école primaire et du collège de Polynésie française ; Loi du pays n° 2022-3 du 11 janvier 2022 relative à l’enseignement des langues et de la culture poly- nésiennes et l’enseignement bilingue français - langues polynésiennes ; Loi du pays n° 2022-4 du 11 janvier 2022 portant modification de la loi du pays n° 2017-15 du 13 juillet 2017 relative à la Charte de l’éducation de la Polynésie française. TEXTES OFFICIELS

5 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française MOT DE LA MINISTRE À cette rentrée scolaire 2022, l’école maternelle accueille tous les enfants à partir de 3 ans. Organisée en un cycle unique d’enseignement (petite section, moyenne section et grande section), les apprentissages dispensés sont décisifs, notamment au niveau de la langue, compétence déterminante pour la réussite ultérieure de leurs parcours scolaires. C’est la loi de pays n° 2022-4 portant sur l’instruction obligatoire à 3 ans et publiée au Journal Officiel de la Polynésie française le 11 janvier 2022 qui institue que tous les enfants atteignant l’âge de 3 ans au cours de l’année civile soient soumis à l’obligation d’instruction à compter du jour fixé pour la rentrée scolaire de l’année civile concernée. L’école maternelle est une école qui doit s’adapter aux jeunes enfants et organise des modalités spécifiques d’apprentissage : apprendre en jouant, en réfléchissant, en résolvant des problèmes, en s’exerçant, en se remémorant et en mémorisant. C’est une école où les enfants vont apprendre ensemble et vivre ensemble : comprendre la fonction de l’école, se construire comme personne singulière au sein d’un groupe. Elle engage chaque enfant à avoir confiance dans son propre pouvoir d’agir et de penser, dans sa capacité à apprendre et réussir. La formation dispensée dans les classes enfantines et les écoles maternelles favorise l’éveil de la personnalité des enfants, stimule leur développement langagier, sensoriel, moteur, cognitif et social, développe l’estime de soi et des autres et concourt à leur épanouissement affectif. Cette formation s’attache à développer chez chaque enfant l’envie et le plaisir d’apprendre afin de lui permettre, progressivement, de devenir élève. Le respect des rythmes biologiques des jeunes enfants est essentiel, afin de faciliter les premiers apprentissages. Pendant toute la petite enfance, se construisent les affects, l’attachement, la socialisation, fondements de l’acquisition de compétences sociales fondamentales. En renforçant la prise en compte de la dimension affective des relations, l’école maternelle donne aux enfants la confiance nécessaire pour aborder avec sérénité la suite de leur scolarité. J’ai eu à cœur que ce programme s’adapte à nos réalités et adopte une contextualisation prenant en compte nos environnements culturel, linguistique, social et naturel. Le programme qui suit a été conçu en Polynésie, pour nos enfants polynésiens. Il intégre les éléments des programmes, les attendus et les repères annuels de progression et des élements du contexte polynésien dans les cinq domaines d’enseignement à l’école maternelle. Je compte vivement sur les directeurs et les professeurs des écoles pour intégrer ces adaptations dans leur progression et leurs cours. Ils ont toute ma confiance. ’Ia riro teie tāpura ha’api’ira’a ’ei arata’ira’a pāpū ’e ’ei rāve’a ato’a nō te ha’afaufa’a i te ta’ere ’e te reo mā’ohi i te fare ha’api’ira’a tamahou. ’Āpitihia i te ha’api’ira’a reo farāni, e rave’a ato’a te reira nō te ha’amanuiara’a i tā tātou mau tamari’i. Christelle LEHARTEL Septembre 2022

7 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française SOMMAIRE TEXTES OFFICIELS MOT DE LA MINISTRE PROGRAMME DE L’ÉCOLE MATERNELLE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE L’ÉCOLE MATERNELLE : UN CYCLE UNIQUE, FONDAMENTAL POUR LA RÉUSSITE DE TOUS 1. UNE ÉCOLE QUI S’ADAPTE AUX JEUNES ENFANTS 1.1. Une école qui accueille les enfants et leurs parents 1.2. Une école qui accompagne les transitions vécues par les enfants 1.3. Une école qui tient compte du développement de l’enfant 1.4. Une école qui pratique une évaluation positive 2. UNE ÉCOLE QUI ORGANISE DES MODALITÉS SPÉCIFIQUES D’APPRENTISSAGE 2.1. Apprendre en jouant 2.2. Apprendre en réfléchissant et en résolvant des problèmes concrets 2.3. Apprendre en s’exerçant 2.4. Apprendre en se remémorant et en mémorisant 3. UNE ÉCOLE OÙ LES ENFANTS VONT APPRENDRE ENSEMBLE ET VIVRE ENSEMBLE 3.1. Comprendre la fonction de l’école 3.2. Se construire comme personne singulière au sein d’un groupe LES CINQ DOMAINES D’APPRENTISSAGE 4. MOBILISER LE LANGAGE DANS TOUTES SES DIMENSIONS 4.1. L’oral 4.1.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 4.2. L’écrit 4.2.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 4.3. Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle p. 3 p. 5 p. 9 p. 10 p. 11 p. 11 p. 11 p. 12 p. 12 p. 13 p. 13 p. 13 p. 14 p. 14 p. 15 p. 15 p. 16 p. 17 p. 18 p. 18 p. 19 p. 22 p. 22 p. 26

8 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française 5. AGIR, S’EXPRIMER, COMPRENDRE À TRAVERS L’ACTIVITÉ PHYSIQUE 5.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 5.1.1. Agir dans l’espace, dans la durée et sur les objets 5.1.2. Adapter ses équilibres et ses déplacements à des environnements ou des contraintes variés 5.1.3. Communiquer avec les autres au travers d’actions à visée expressive ou artistique 5.1.4. Collaborer, coopérer, s’opposer 5.2. Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle 6. AGIR, S’EXPRIMER, COMPRENDRE À TRAVERS LES ACTIVITÉS ARTISTIQUES 6.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 6.1.1. Les productions plastiques et visuelles 6.1.2. Univers sonores 6.1.3. Le spectacle vivant 6.2. Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle 7. CONSTRUIRE LES PREMIERS OUTILS MATHÉMATIQUES 7.1. Découvrir les nombres et leurs utilisations 7.1.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 7.2. Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle 7.3. Explorer des formes, des grandeurs, des suites organisées 7.3.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 7.4. Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle 8. EXPLORER LE MONDE 8.1. Se repérer dans le temps et l’espace 8.1.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 8.2. Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle 8.3. Explorer le monde du vivant, des objets et de la matière 8.2.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 8.4. Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle p. 27 p. 27 p. 27 p. 28 p. 28 p. 29 p. 29 p. 30 p. 30 p. 31 p. 32 p. 33 p. 33 p. 34 p. 34 p. 34 p. 38 p. 38 p. 38 p. 39 p. 40 p. 40 p. 40 p. 42 p. 42 p. 42 p. 44

9 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française PROGRAMME DE L’ÉCOLE MATERNELLE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE Adaptation des programmes MNE 2021 (BO n° 25 du 24 juin 2021) CYCLE 1

10 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française Cycle 1 L’ÉCOLE MATERNELLE : UN CYCLE UNIQUE, FONDAMENTAL POUR LA RÉUSSITE DE TOUS La loi du pays n° 2022-4 du 11 janvier 2022, en instaurant l’obligation d’instruction dès l’âge de 3 ans, assoit la place fondamentale de l’école maternelle, accueillante pour tous et ambitieuse pour chacun. Ainsi elle renforce le cycle unique des apprentissages premiers institué par la loi de refondation de l’école. Premier maillon du parcours scolaire, l’école maternelle établit les fondements éducatifs et pédagogiques sur lesquels s’appuient et se développent les futurs apprentissages des élèves pour l’ensemble de leur scolarité. Dans sa loi de Pays portant approbation à la Charte de l’éducation, adoptée le 07 juillet 2011, la Polynésie française affirme que la scolarisation précoce, dès deux ans, est renforcée dans les zones urbaines défavorisées ou les archipels éloignés et constitue un enjeu majeur pour la réussite scolaire ultérieure des élèves concernés. L’école maternelle est une école bienveillante, plus encore que les étapes ultérieures du parcours scolaire. C’est aussi une école ambitieuse qui s’appuie sur un principe fondamental : tous les enfants sont capables d’apprendre et de progresser. Sa mission est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, pour affirmer et épanouir leur personnalité́, pour exercer leur curiosité sur le monde qui les entoure, tout en respectant le rythme de développement de chacun. En montrant à chaque enfant qu’il est capable d’apprendre avec succès dans toutes sortes de situations, l’école maternelle l’engage à avoir confiance dans son propre pouvoir d’agir et de penser, dans sa capacité à apprendre et réussir sa scolarité et au-delà. En lui apprenant à collaborer avec les autres, notamment par le jeu, elle place la socialisation comme l’une des compétences fondamentales à acquérir. Les langues et la culture polynésiennes sont enseignées sur l’ensemble du parcours scolaire selon des modalités pédagogiques diversifiées. Leur enseignement favorise la prise en compte de la continuité entre l’environnement familial et social et le système éducatif. La loi du Pays n° 2022-3 du 11 janvier 2022 relative à l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes et l’enseignement bilingue français-langues polynésiennes donne un cadre légal à cet enseignement. Ces deux modalités d’enseignement sont mises en œuvre en Polynésie française. L’enseignement des langues et de la culture polynésienne, dispensé sous la forme bilingue français- langues polynésiennes, contribue au développement des capacités intellectuelles, linguistiques et culturelles des élèves sans préjudice de l’objectif final d’une bonne maîtrise de chacune des deux langues étudiées. Tout en permettant la transmission des langues polynésiennes, cet enseignement conforte l’apprentissage du français et prépare les élèves à l’apprentissage d’autres langues.

11 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française L’enfant qui entre pour la première fois à l’écolematernelle possède déjà des savoir-faire, des connaissances et des représentations du monde ; dans sa famille et dans les divers lieux d’accueil qu’il a fréquentés, il a développé des compétences langagières dont certaines en langues polynésiennes, des habitudes, réalisé des expériences et des apprentissages que l’école prend en compte. 1.1. UNE ÉCOLE QUI ACCUEILLE LES ENFANTS ET LEURS PARENTS DANS LE RESPECT MUTUEL DE CHACUN Dès l’accueil de l’enfant à l’école, un dialogue régulier et constructif s’établit entre enseignants et parents ; il exige de la confiance et une information réciproque. Pour cela, l’équipe enseignante définit des modalités de relations avec les parents, dans le souci du bien-être et d’une première scolarisation réussie des enfants et en portant attention à la diversité des familles. Ces relations permettent aux parents de comprendre le fonctionnement et les spécificités de l’école maternelle : la place essentielle du langage, notamment l’attention portée au développement d’une compréhension de plus en plus fine et d’un emploi de plus en plus riche de la langue française et des langues polynésiennes, le rôle du jeu (y compris le jeu libre) dans les apprentissages et dans la découverte que l’enfant fait du monde et des autres, l’importance des activités physiques et artistiques, etc.). L’expérience de la séparation entre l’enfant et sa famille requiert l’attention de toute l’équipe éducative, particulièrement lors de la première année de scolarisation. L’accueil quotidien dans l’école en langue française et en langues polynésiennes est un moyen de sécuriser l’enfant. L’enseignant reconnaît en chaque enfant un interlocuteur à part entière, quel que soit son âge. 1.2. UNE ÉCOLE QUI ACCOMPAGNE LES TRANSITIONS VÉCUES PAR LES ENFANTS L’école maternelle construit des passerelles au quotidien entre la famille et l’école, le temps scolaire et le temps périscolaire. Elle joue aussi un rôle pivot à travers les relations qu’elle établit avec les insti tutions de la petite enfance et avec l’école élémentaire. L’équipe pédagogique organise la vie de l’école en concertation avec d’autres personnels en particulier le personnel communal et les acteurs de la petite enfance. L’articulation entre le temps scolaire, la restau- ration et les moments où l’enfant est pris en charge dans le cadre d’accueils périscolaires doit être travaillée avec tous les acteurs concernés de manière à favoriser le bien-être des enfants et cons- tituer une continuité éducative. Tout en gardant ses spécificités, l’école maternelle assure les meilleures relations possibles avec les différents lieux d’accueil et d’éducation au cours de la journée, de la semaine et de l’année. Elle travaille en concertation avec l’école élémentaire, plus particulièrement avec le cycle 2, pour mettre en œuvre une véritable continuité des apprentissages, un suivi individuel des enfants. Elle s’appuie sur le DASED (Dispositif d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) pour comprendre des comportements ou une absence de progrès, et mieux aider les enfants dans ces situations. 1. UNE ÉCOLE QUI S’ADAPTE AUX JEUNES ENFANTS

12 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française 1.3. UNE ÉCOLE QUI TIENT COMPTE DU DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT Sur toute la durée de l’école maternelle, les progrès de la socialisation, du langage, de la motricité et des capacités cognitives liés notamment à la maturation ainsi qu’aux stimulations des situations scolaires sont considérables et se réalisent selon des rythmes très variables. Au sein d’une même classe, l‘enseignant prend en compte dans la perspective d’un objectif commun les différences entre enfants qui peuvent se manifester avec une importance particulière dans les premières années de leur vie. L’équipe pédagogique aménage l’école (les salles de classe, les salles spécialisées, les espaces extérieurs…) afin d’offrir aux enfants un univers qui stimule leur curiosité, répond à leurs besoins notamment de jeu, de mouvement, de repos et de découvertes et multiplie les occasions d’expériences sensorielles, motrices, relationnelles, cognitives en sécurité. Chaque enseignant détermine une organisation du temps adaptée à leur âge et veille à l’alternance de moments plus ou moins exigeants au plan de l’implication corporelle et cognitive. L’accueil, les récréations, l’accompagnement des moments de repos, de sieste, d’hygiènes ont des temps d’éducation à part entière. Ils constituent également des moments propices à l’utilisation des langues polynésiennes. Ils sont organisés dans cette perspective par les adultes qui en ont la responsabilité et qui donnent des repères sécurisants aux jeunes enfants. 1.4. UNE ÉCOLE QUI PRATIQUE UNE ÉVALUATION POSITIVE L’évaluation constitue un outil de régulation dans l’activité professionnelle des enseignants ; elle n’est pas un instrument de prédiction ni de sélection ; elle repose sur une observation attentive de ce que dit et fait l’enfant. Elle demande une compréhension fine des mécanismes de l’apprentissage et la prise en compte des étapes du développement du jeune enfant. Au-delà du résultat obtenu, l’enseignant s’attache à comprendre le cheminement de l’enfant et les progrès qu’il fait par rapport à lui-même. Il tient compte des différences d’âge au sein d’une même classe et permet à chaque élève d’identifier ses réussites. L’évaluation positive, ainsi menée par l’observation puis l’interprétation des progrès au fil de l’eau et au gré de situations aménagées, permet au professeur d’adapter les activités et tâches proposées en fonction des besoins de chaque enfant pour qu’il continue à progresser au sein du groupe. Adaptée aux spécificités de l’école maternelle, l’évaluation est mise en œuvre selon des modalités définies au sein de l’école. Les enseignants rendent explicites pour les parents la progression de leur enfant.

13 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française Au sein de chaque école maternelle, les enseignants travaillent en équipe afin de définir une progressivité des enseignements sur le cycle. Ils construisent des ressources et des outils communs afin que le parcours de l’enfant ne connaisse pas de rupture. Ils constituent un répertoire commun de pratiques et de matériels (matériels didactiques, jouets, livres, jeux) pour proposer au fil du cycle un choix de situations et d’univers culturels à la fois variés et cohérents. L’univers culturel polynésien sera pris en compte. L’enseignant met en place dans sa classe des situations d’apprentissage variées structurées autour d’un objectif pédagogique précis : jeu, résolution de problèmes, entraînements, etc. et les choisit selon les besoins du groupe classe et ceux de chaque enfant. Dans tous les cas et notamment avec les petits, il donne une place importante à l’observation et à l’imitation des autres enfants et des adultes. Il favorise les interactions entre enfants et crée les conditions d’une attention partagée, la prise en compte du point de vue de l’autre en visant l’insertion dans une communauté d’apprentissage. Il développe leur capacité à interagir à travers des projets, pour réaliser des productions adaptées à leurs possibilités. Il sait utiliser les supports numériques qui, comme les autres supports, ont leur place à l’école maternelle à condition que les objectifs et leurs modalités d’usage soient mis au service d’une activité d’apprentissage. Dans tous les cas, les situations inscrites dans un vécu commun sont préférables aux exercices formels proposés sous forme de fiches. Les espaces de la classe, de l’école devront être organisés afin de satisfaire les diverses situations d’apprentissage. L’aménagement d’espaces dédiés à l’enseignement et la pratique des langues et de la culture polynésiennes sera encouragé. 2.1. APPRENDRE EN JOUANT Le jeu favorise la richesse des expériences vécues par les enfants dans l’ensemble des classes de l’école maternelle et alimente tous les domaines d’apprentissages. Il permet aux enfants d’exercer leur auto- nomie, d‘agir sur le réel, de construire des fictions et de développer leur imaginaire, d’exercer des conduites motrices, d’expérimenter des règles et des rôles sociaux variés. Il favorise la communication avec les autres et la construction de liens forts d’amitié. Il revêt diverses formes : jeux symboliques, jeux d’exploration, jeux de construction et de manipulation, jeux collectifs et jeux de société, jeux fabriqués et inventés, etc. L’enseignant donne à tous les enfants un temps suffisant pour déployer leur activité de jeu. Il les observe dans leur jeu libre afin de mieux les connaître. Il propose aussi des jeux structurés visant explicitement des apprentissages spécifiques. 2.2. APPRENDRE EN RÉFLÉCHISSANT ET EN RÉSOLVANT DES PROBLÈMES CONCRETS Pour provoquer la réflexion des enfants, l’enseignant les met face à des problèmes à leur portée. Quels que soient le domaine d’apprentissage et le moment de vie de classe, il cible des situations, pose des questions ouvertes pour lesquelles les enfants n’ont pas de réponse directement disponible. 2. UNE ÉCOLE QUI ORGANISE DES MODA- LITÉS SPÉCIFIQUES D’APPRENTISSAGE

14 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française Mentalement, ils recoupent des situations, ils font appel à leurs connaissances, ils font l’inventaire de possibles, ils sélectionnent. Ils tâtonnent et font des essais de réponse. L’enseignant est attentif aux cheminements qui se manifestent par le langage ou en action ; il valorise les essais et suscite des discussions. Ces activités cognitives de haut niveau sont fondamentales pour donner aux enfants l’envie d’apprendre et les rendre autonomes intellectuellement. Tous les domaines d’apprentissage y sont convoqués. 2.3. APPRENDRE EN S’EXERÇANT Les apprentissages des jeunes enfants s’inscrivent dans un temps long et leurs progrès sont rarement linéaires. Ils nécessitent souvent un temps d’appropriation qui peut passer, soit par la reprise de processus connus, soit par de nouvelles situations. Leur stabilisation nécessite de nombreuses répétitions dans des conditions variées. Les modalités d’apprentissage peuvent aller, pour les enfants les plus grands, jusqu’à des situations d’entraînement ou d’auto-entraînement, voire d’automatisation. L’enseignant veille alors à expliquer aux enfants ce qu’ils sont en train d’apprendre, à leur faire comprendre le sens des efforts demandés et à leur faire percevoir les progrès réalisés. Dans tous les cas, les choix pédagogiques prennent en compte les acquis des enfants. 2.4. APPRENDRE EN SE REMÉMORANT ET EN MÉMORISANT Les opérations mentales de mémorisation chez les jeunes enfants ne sont pas volontaires. Dès la première année de vie, les enfants s’appuient fortement sur ce qu’ils perçoivent dans leur environ- nement. Le langage qu’ils entendent aide à l’apprentissage et joue un rôle fondamental dans les opérations de mémorisation. L’enseignant s’exprime dans une langue claire et riche, il s’attache à donner des informations explicites pour permettre aux enfants de se les remémorer. Il organise des retours réguliers sur les découvertes et acquisitions antérieures pour s’assurer de leur stabilisation, et ceci dans tous les domaines. Engager la classe dans l’activité est l’occasion d’un rappel de connaissances antérieures sur lesquelles s’appuyer, de mises en relations avec des situations différentes déjà rencontrées ou de problèmes similaires posés au groupe. L’enseignant anime des moments qui ont clairement la fonction de faire apprendre, notamment avec des comptines, des chansons ou des poèmes. Il valorise la restitution, l’évocation de ce qui a été mémorisé ; il aide les enfants à prendre conscience qu’apprendre à l’école, c’est remobiliser en permanence les acquis antérieurs pour aller plus loin. Un travail en équipe de cycle permettra cette réactivation tout au long du parcours de l’élève en maternelle et au-delà.

15 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française L’école maternelle structure les apprentissages autour d’un enjeu de formation central pour les enfants : « Apprendre ensemble et vivre ensemble ». La classe et le groupe constituent une communauté d’apprentissage qui établit les bases de la construction d’une citoyenneté respectueuse des règles de la laïcité et ouverte sur la pluralité des cultures dans le monde. C’est dans ce cadre que l’enfant est appelé à devenir élève, de manière très progressive sur l’ensemble du cycle. Les enfants apprennent à repérer les rôles des différents adultes, la fonction des différents espaces dans la classe, dans l’école et les règles qui s’y rattachent. Ils sont consultés sur certaines décisions les concernant et découvrent ainsi les fondements du débat collectif. L’école maternelle assure ainsi une première acquisition des principes de la vie en société. L’accueil et la scolarisation des enfants en situation de handicap participent à cet enjeu pour ces enfants eux-mêmes et contribuent à développer pour tous un regard positif sur les différences. L’ensemble des adultes veille à ce que tous les enfants béné- ficient en toutes circonstances d’un traitement équitable. L’école maternelle construit les conditions de l’égalité, notamment entre les filles et les garçons. 3.1. COMPRENDRE LA FONCTION DE L’ÉCOLE L’école maternelle est le lieu où l’enfant se familiarise progressivement avec une manière d’apprendre spécifique ; celle-ci s’appuie sur des activités, des expériences à sa portée, mais suppose qu’il en tire des connaissances ou des savoir-faire avec l’aide des autres enfants et de l’enseignant. Le langage, dans la diversité de ses usages, a une place importante dans ce processus. L’enfant apprend en même temps à entrer dans un rythme collectif (faire quelque chose ou être attentif en même temps que les autres, prendre en compte des consignes collectives) qui l’oblige à renoncer à ses désirs immédiats. L’école maternelle engage ainsi la construction progressive d’une posture d’élève. L’école maternelle accueille l’enfant avec sa curiosité et alimente sa soif de savoir. L’enseignant rend lisibles les exigences de la situation scolaire par des mises en situations et des explications qui permettent aux enfants et à leurs parents de les identifier et de se les approprier. Il incite à coopérer, à s’engager dans l’effort, à persévérer grâce à ses encouragements et à l’aide des pairs. Il encourage à développer des essais personnels, prendre des initiatives, apprendre progressivement à faire des choix. Il aide à identifier les objets sur lesquels portent les apprentissages, fait acquérir des habitudes de travail qui vont évoluer au fil du temps et que les enfants pourront transférer. Pour ce faire, il s’attache à faire percevoir la continuité entre les situations d’apprentissage, les liens entre les différentes séances. Pour stabiliser les premiers repères, il utilise des procédés identiques dans ses manières de questionner le groupe, de faire expliciter par les enfants l’activité qui va être la leur, d’amener à reformuler ce qui a été dit, de produire eux-mêmes des explications pour d’autres à propos d’une tâche déjà vécue. L’enseignant exerce les enfants à l’identification des différentes étapes de l’apprentissage en utilisant des termes adaptés à leur âge. Il les aide à se représenter ce qu’ils vont devoir faire, avec quels outils et selon quels procédés. Il définit des critères de réussite pour que chacun puisse situer le chemin qu’il a réalisé et perçoive les progrès qu’il doit encore effectuer. 3. UNE ÉCOLE OÙ LES ENFANTS VONT APPRENDRE ENSEMBLE ET VIVRE ENSEMBLE

16 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française 3.2. SE CONSTRUIRE COMME PERSONNE SINGULIÈRE AU SEIN DUN GROUPE Se construire comme personne singulière, c’est découvrir le rôle du groupe dans ses propres cheminements, participer à la réalisation de projets communs, apprendre à coopérer. C’est progressivement partager des tâches et prendre des initiatives et des responsabilités au sein du groupe. Par sa partici- pation, l’enfant acquiert le goût des activités collectives, prend du plaisir à échanger et à confronter son point de vue à celui des autres. Il apprend les règles de la communication et de l’échange. L’enseignant a le souci de guider la réflexion collective pour que chacun puisse élargir sa propre manière de voir ou de penser. Ainsi, l’enfant trouve sa place dans le groupe, se fait reconnaître comme une personne à part entière et éprouve le rôle des autres dans la construction des apprentissages. Dans un premier temps, les règles collectives sont données et justifiées par l’enseignant qui signifie à l’enfant les droits (s’exprimer, jouer, apprendre, faire des erreurs, être aidé et protégé…) et les obligations dans la collectivité scolaire (attendre son tour, partager les objets, ranger, respecter le ma- tériel...).Leur appropriation passe par la répétition d’activités rituelles et une première réflexion sur leur application. Progressivement, les enfants sont conduits à participer à une élaboration collective de règles de vie adaptées à l’environnement local. À travers les situations concrètes de la vie de la classe, une première sensibilité aux expériences morales (sentiment d’empathie, expression du juste et de l’injuste, questionnement des stéréotypes…) se construit. Les histoires lues, contes et saynètes y contribuent ; la mise en scène de personnages fictifs suscite des possibilités diversifiées d’identification et assure en même temps une mise à distance suffisante. Au fil du cycle, l’enseignant développe la capacité des enfants à identifier, exprimer verbalement leurs émotions et leurs sentiments. Il est attentif à ce que tous puissent développer leur estime de soi, s’entraider et partager avec les autres.

17 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française Cycle 1 LES CINQ DOMAINES D’APPRENTISSAGE Les enseignements sont organisés en cinq domaines d’apprentissage. Cette organisation permet à l’enseignant d’identifier les apprentissages visés et de mettre en œuvre leurs interactions dans la classe. Chacun de ces cinq domaines est essentiel au développement de l’enfant et doit trouver sa place dans l’organisation du temps quotidien. Dans la mesure où toute situation pédagogique reste, du point de vue de l’enfant, une situation riche de multiples possibilités d’interprétations et d’actions, elle relève souvent pour l’enseignant de plusieurs domaines d’apprentissage. Le domaine « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions » réaffirme la place pri- mordiale du langage à l’école maternelle, notamment de l’acquisition de la langue française, langue de scolarisation comme condition essentielle de la réussite de toutes et de tous. Dans le contexte plurilingue de la Polynésie française, l’objectif de l’école est de conduire les enfants à la maîtrise de la langue française et des langues polynésiennes, notamment dans les écoles bilingues français-langues polynésiennes. Dans ces langues, la stimulation et la structuration de la langue orale d’une part, l’entrée progressive dans la culture de l’écrit d’autre part, constituent des priorités de l’école maternelle et concernent l’ensemble des domaines. Les domaines « Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique » ; « Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités artistiques » permettent de développer les interactions entre l’action, les sensations, l’imaginaire, la sensibilité, la pensée, le langage oral et écrit. Les domaines « Acquérir les premiers outils mathématiques » et « Explorer le monde » s’attachent à développer une première compréhension de l’environnement des enfants et à susciter leur questionnement. En s’appuyant sur des connaissances initiales liées à leur vécu, l’école maternelle met en place un parcours qui leur permet d’ordonner le monde qui les entoure, d’accéder à des représentations usuelles et à des savoirs que l’école élémentaire enrichira. Le programme établit, pour chaque domaine d’apprentissage, une définition générale, énonce les objectifs visés, donne des indications pédagogiques et des repères pour organiser la progressivité des apprentissages en français et en langues polynésiennes.

18 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française Le mot « langage » désigne un ensemble d’activités mises en œuvre par un individu lorsqu’il parle, écoute, réfléchit, essaie de comprendre et, progressivement, lit et écrit. À l’école ma- ternelle la stimulation du langage, son intensité et sa qualité sont essentielles à son appropriation par les élèves. L’acquisition de la langue française et des langues polynésiennes est favorisée par la tenue et la richesse des langues parlées par les enseignants et les autres adultes de l’école, mais aussi par la familiarisation progressive avec la langue de l’écrit. En conséquence, les activités pro- posées aux élèves mobilisent simultanément tout au long du cycle les deux composantes du langage, en relation duelle, en petits groupes ou en situation collective : - La langue orale utilisée dans les interactions, en production et en réception, permet aux enfants de communiquer, de comprendre, d’apprendre et de réfléchir. C’est le moyen de découvrir les caractéristiques de la langue française et des langues polynésiennes, et d’écouter d’autres langues parlées. - La langue écrite : lue par l’adulte, présentée aux enfants et explicitée progressivement jusqu’à ce qu’ils commencent à l’utiliser, les familiarise avec une forme de communication dont ils découvrent peu à peu les spécificités et le rôle pour garder trace, réfléchir, anticiper, s’adresser à un destinataire absent. L’ensemble du cycle des apprentissages premiers est mis à profit pour faire progresser tous les élèves, depuis la petite section jusqu’à la grande section, vers la compré- hension et l’usage d’une langue française de plus en plus élaborée sur laquelle ils pourront s’appuyer lors de l’apprentissage formel de la lecture et de l’écriture au cycle 2. La reconnaissance des langues familiales, le développement des compétences de l’enfant dans ces langues ne sont pas préjudiciables à l’apprentissage du français, bien au contraire. Les familles doivent être informées de l’importance de parler avec leurs enfants dans leurs langues. Dans ce cadre, elles pourront aussi s’appuyer sur des personnes dont la pratique est assurée. 4.1. L’ORAL L’enfant, quelle que soit sa langue maternelle, dès sa toute petite enfance et au cours d’un long processus, acquiert spontanément le langage grâce à ses interactions avec ses pairs et les adultes de son entourage. Sollicité et stimulé de multiples façons selon son âge, il affine sa capacité à parler et à comprendre : il nomme et désigne avec de plus en plus de justesse et de précision, dit ce qu’il fait, ce qu’il voit, ce qu’il imagine, ce qu’il ressent. En situation scolaire, l’appropriation par les élèves d’une langue orale riche, organisée et compréhensible requiert la mise en œuvre d’un enseignement structuré et régulier. Celui-ci contribue à l’apprentissage de la lecture à partir du cycle 2, par l’acquisition progressive d’une expression orale riche et fluide. L’enseignant, attentif, accompagne chaque enfant dans ses premiers essais, se montre désireux de mieux le comprendre en posant des questions ouvertes, en demandant des précisions et en l’in- vitant à reformuler son propos. Il reprend ses productions orales pour lui apporter des mots ou des structures de phrases plus adaptés qui l’aident à progresser. L’enseignant s’adresse aux enfants les plus jeunes avec un débit ralenti de parole ; il produit des énoncés brefs, syntaxiquement corrects et soigneusement articulés. Constamment attentif à son propre langage et veillant à s’adapter 4. MOBILISER LE LANGAGE DANS TOUTES SES DIMENSIONS

19 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française à la diversité des performances langagières des enfants, il s’exprime progressivement de manière plus complexe. Il permet à chacun d’aller progressivement au-delà de la simple prise de parole spontanée et non maîtrisée pour s’inscrire dans des conversations de plus en plus organisées et pour prendre la parole dans un grand groupe. Il sait mobiliser l’attention de tous dans des activités qui les amènent à comprendre des propos et des textes de plus en plus longs. Il met sur le chemin d’une conscience des langues enseignées, des mots de ces langues et de leurs unités sonores. 4.1.1. Objectifs visés et éléments de progressivité 4.1.1.1. Oser entrer en communication L’objectif est de permettre à chacun de pouvoir dire, exprimer un avis ou un besoin, questionner, annoncer une nouvelle. L’enfant apprend ainsi à entrer en communication avec autrui et à faire des efforts pour que les autres comprennent ce qu’il veut dire. Chacun arrive à l’école maternelle avec des acquis langagiers encore très hésitants : certains élèves s’expriment souvent par des moyens non verbaux. Entre deux et quatre ans, les productions des enfants sont de plus en plus longues et complexes, respectant un ordre correct des mots en français et en langues polynésiennes. Elles deviennent peu à peu compréhensibles par tout le monde. Ils reprennent des formulations ou des fragments des propos qui leur sont adressés et travaillent ainsi ce matériau qu’est la langue qu’ils entendent. Après trois‐quatre ans, ils progressent sur le plan syntaxique, lexical, et ils produisent des énoncés plus complets, organisés entre eux avec cohérence, articulés à des prises de parole plus longues, et de plus en plus adaptés aux situations. Autour de quatre ans, les enfants découvrent que les personnes, dont eux‐mêmes, pensent et ressentent, et chacun différemment de l’autre. Ils commencent donc à agir volontairement sur autrui par le langage et à se représenter l’effet qu’une parole peut provoquer : ils peuvent alors comprendre qu’il faut expliquer et réexpliquer pour qu’un interlocuteur comprenne dans la langue appropriée, et l’école doit les guider dans cette découverte. Ils commencent à poser de vraies questions, à saisir les plaisanteries et à en faire. Leurs progrès s’accompagnent d’un accroissement du vocabulaire et d’une organisation de plus en plus complexe des phrases. En fin d’école maternelle, l’enseignant peut donc avoir avec les enfants des conversations proches de celles qu’il a avec les adultes. Tout au long de l’école maternelle, l’enseignant crée les conditions bienveillantes et sécurisantes pour que tous les enfants (même ceux qui ne s’expriment pas ou peu) prennent la parole, participent à des situations langagières plus complexes que celles de la vie ordinaire dans des activités communica- tionnelles intégrées aux différents domaines des activités de l’école maternelle ; il accueille les erreurs « positives » qui traduisent une réorganisation mentale du langage en les valorisant et en proposant une reformulation. Ainsi, il contribue à construire l’équité entre enfants en réduisant les écarts lan- gagiers. C’est bien la pratique effective des langues qui est visée, afin de doter chaque élève de la communauté à communiquer. 4.1.1.2. Comprendre et apprendre Les discours que tient l’enseignant sont des moyens de comprendre et d’apprendre pour les enfants. En compréhension, ceux-ci « prennent » ce qui est à leur portée dans ce qu’ils entendent, d’abord dans des scènes renvoyant à des expériences personnelles précises, souvent chargées d’affectivité. Ils sont incités à s’intéresser progressivement à ce qu’ils ignoraient, grâce à l’apport de nouvelles notions, de nouveaux objets culturels et même de nouvelles manières d’apprendre.

20 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française Les moments de réception où les enfants travaillent mentalement sans parler sont des activités langagières à part entière que l’enseignant doit rechercher et encourager, parce qu’elles permettent de construire des outils cognitifs : reconnaître, rapprocher, catégoriser, contraster, se construire des images mentales à partir d’histoires fictives, relier des événements entendus et/ou vus dans des narrations ou des explications, dans des moments d’apprentissages structurés, traiter des mots renvoyant à l’espace, au temps, etc. Ces activités invisibles aux yeux de tout observateur sont cruciales. 4.1.1.3. Échanger et réfléchir avec les autres Les moments de langage à plusieurs sont nombreux à l’école maternelle : résolution de problèmes, prises de décisions collectives, compréhension d’histoires entendues, etc. Il y a alors argumentation, explication, questions, intérêt pour ce que les autres croient, pensent et savent. L’enseignant commente alors l’activité qui se déroule pour en faire ressortir l’importance et la finalité. L’école demande régulièrement aux élèves d’évoquer, c’est‐à‐dire de parler de ce qui n’est pas présent (récits d’expériences passées, projets de classe…). Ces situations d’évocation entraînent les élèves à mobiliser le langage pour se faire comprendre sans autre appui, elles leur offrent un moyen de s’entraîner à s’exprimer de manière de plus en plus explicite. Cette habileté langagière relève d’un développement continu qui commence tôt et se poursuit pendant toute l’enfance. Le rôle de l’enseignant est d’induire du recul et de la réflexion sur les propos tenus par les uns et les autres. En complément des situations d’évocation, il est également possible de pratiquer en classe des activités de description, à l’oral, d’un objet ou, d’une image, d’une action, pour exercer les élèves à l’observation attentive et à l’ajustement du vocabulaire qui sera progressivement enrichi. Cette pratique de la description, en français et en langues polynésiennes, peut s’articuler au travail mené avec les élèves pour les amener à observer et explorer le vivant, les objets et la matière. Il y a là de multiples occasions d’installer durablement chez l’enfant une culture du respect de la nature et de sa diversité, en prolongeant ces pratiques par des activités liées aux pratiques de la vie courante témoignant du respect de l’environnement (limitation et tri des déchets, plantations dans l’école, réalisations en arts plastiques, etc.). 4.1.1.4. Commencer à réfléchir sur les langues et acquérir une conscience phonologique Dès leur plus jeune âge, les enfants sont intéressés par les langues qu’ils entendent. Ils font spontanément et sans en avoir conscience des tentatives pour en reproduire les sons, les formes et les structures afin d’entrer en communication avec leur entourage. À partir de trois-quatre ans, ils peuvent prendre du recul et avoir conscience des efforts à faire pour maîtriser une langue et accomplir ces efforts intentionnellement. On peut alors centrer leur attention sur l’apprentissage conjoint du vocabulaire, et de la syntaxe ainsi que sur les unités sonores des langues dont la reconnaissance sera indispensable pour apprendre à maîtriser le fonctionnement de l’écriture du français et des langues polynésiennes. Enrichir le vocabulaire L’école maternelle offre à tous les enfants de nombreuses occasions de découvrir des champs lexicaux variés. L’interaction, les temps rituels, le jeu, les situations vécues, toutes les activités d’apprentissage et les lectures permettent d’augmenter le bagage lexical compris et utilisé par les élèves. Celui-ci est mobilisé et réutilisé lors de temps dédiés à l’enseignement des langues. L’enseignant est attentif au choix des mots, à leur prononciation, à leur mise en réseau, à leur appartenance à toutes les catégories grammaticales. Il prend soin de faciliter l’emploi, la compréhension et la mémorisation des mots et des expressions en les présentant dans des phrases et des textes. Il donne ainsi à l’élève la faculté d’appréhender les langues de manière méthodique et de commencer à comprendre le monde à travers tous les domaines d’enseignement.

21 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française Acquérir et développer la syntaxe La syntaxe s’acquiert conjointement avec la construction du lexique. L’appropriation progressive des structures syntaxiques se développe dans le cadre de toutes les activités de la classe, par la pratique de la langue orale et par la fréquentation de la langue écrite, mais aussi lors de courtes activités dédiées. Le professeur accompagne la production de phrases simples et courtes, qui vont se complexifier tout au long du cycle. Il emploie des structures de phrase qu’il veille à faire réutiliser en situation par ses élèves (forme négative, phrases de types interrogatif ou impératif, etc.). En prenant appui sur des objets, des jeux, des imagiers, des albums, des situations vécues dans les différents domaines d’enseignement, l’enseignant organise les apprentissages et adapte les objectifs et les attentes en fonction du développement de chaque enfant. De multiples emplois dans des contextes variés sont requis pour assurer la mémorisation et l’utilisation des mots et des structures par chaque élève. Acquérir et développer une conscience phonologique Pour pouvoir lire et écrire, les enfants devront réaliser deux grandes acquisitions : identifier les unités sonores que l’on emploie lorsqu’on parle (conscience phonologique) et comprendre que l’écriture est un code au moyen duquel on transcrit des sons (principe alphabétique). Lorsqu’ils apprennent à parler, les enfants reproduisent les mots qu’ils ont entendus et donc les sons de la langue qu’on leur parle. S’il leur arrive de jouer avec les sons, cela se fait de manière aléatoire. À l’école maternelle, ils apprennent à manipuler volontairement les sons, à les identifier à l’oreille donc à les dissocier d’autres sons, à repérer des ressemblances et des différences. Pour pouvoir s’intéresser aux syllabes et aux phonèmes, il faut que les enfants se détachent du sens des mots. L’unité la plus aisément perceptible est la syllabe. Une fois que les enfants sont capables d’iden- tifier des syllabes communes à plusieurs mots, de les isoler, ils peuvent alors s’attacher à repérer des éléments plus petits qui entrent dans la composition des syllabes. Parce que les sons-voyelles sont plus aisés à percevoir que les sons-consonnes et qu’ils constituent parfois des syllabes, c’est par eux qu’il convient de commencer sans vouloir faire identifier tous ceux qui existent en français et en langues polynésiennes et sans exclure de faire percevoir quelques sons-consonnes parmi les plus accessibles. Pour développer la conscience phonologique, l’enseignant habitue les enfants à décomposer volontairement ce qu’ils entendent en syllabes orales : en utilisant le frappé d’une suite sonore, en « dé- coupant » oralement des mots connus en syllabes, en repérant une syllabe identique dans des mots à deux syllabes, puis en intervertissant des syllabes, toujours sans support matériel, ni écrit ni imagé. Ces jeux phoniques peuvent être pratiqués en grand groupe, mais l’enseignant privilégie l’organisation en petits groupes pour des enfants qui participent peu ou avec difficulté en grand groupe. Dès la petite section, les enfants sont sensibilisés à la composante sonore des mots par de l’écoute active et des jeux (jeux vocaux, comptines chantées, formulettes, chansons, petits poèmes, textes courts, etc.) qui stimulent leur curiosité et leur attention à l’univers des sons. À partir de la moyenne section, l’enseignant pratique ces jeux de sensibilisation aux sons de façon plus régulière. En grande section, les situations d’apprentissage sont régulières et fréquentes, avec une attention particulière portée aux enfants pour lesquels l’enseignant ne repère pas d’évolution dans les essais d’écriture. Pour ceux qui en sont capables, des activités similaires peuvent être amorcées sur des sons-voyelles notamment ceux qui constituent une syllabe dans les mots fréquentés et quelques sons-consonnes. Ces jeux et activités structurées sur les constituants sonores de la langue n’occupent qu’une part des activités langagières.

22 Programmes C1 2022 adaptés à la Polynésie française Les élèves seront sensibilisés aux phonèmes propres aux langues polynésiennes et aux convergences et aux divergences avec la langue française. Éveiller à la diversité linguistique À l’école maternelle, les élèves vont découvrir l’existence d’autres langues, parfois très différentes de celles qu’ils connaissent. Dans des situations ludiques (jeux, comptines…) ou auxquelles ils peuvent donner du sens (DVD d’histoires connues par exemple), ils prennent conscience que la communication peut passer par d’autres langues : par exemple, les autres langues parlées en Polynésie française, les langues étrangères (dont celles qui sont parlées dans les familles ou par leurs camarades) et la langue des signes française (LSF). Les ambitions sont modestes, mais les essais que les enfants sont amenés à faire, notamment pour répéter certains éléments, doivent être conduits avec une certaine rigueur. L’éveil à la diversité linguistique fonde le parcours de l’élève dans ce domaine, étape initiale d’un con- tinuum d’apprentissage qui se poursuivra tout au long de la scolarité. Il constitue le tout premier contact avec la pluralité des langues dans le cadre scolaire. Il est important de valoriser la langue d’origine des enfants multilingues, ou non francophones. Leur présence dans une classe permet à l’enseignant d’éveiller tous les élèves à la diversité linguistique et de leur faire découvrir très tôt que le multilinguisme est une richesse. Les activités conduites ouvrent l’école à la diversité linguistique et culturelle de la France. Par les activités ludiques et réflexives qu’il mobilise, l’éveil à la diversité lin- guistique contribue au développement de la conscience phonologique et du langage oral, à la consolidation de la maîtrise du français et à l’ensemble des objectifs de l’école maternelle, en faisant place à la sensibilité, à la sensorialité, aux compétences motrices, relationnelles et cognitives des élèves. 4.2. L’ÉCRIT L’écrit est un outil culturel qui permet de communiquer avec autrui. Le but de l’école maternelle est de permettre aux élèves d’utiliser l’écrit et de se l’approprier entant qu’activité langagière. Les choix qui suivent s’inscrivent dans deux volontés : - réduire les écarts de réussite entre les élèves d’origine sociale différente et, en particulier, les écarts linguistiques. Pour cela, les enseignants visent d’abord les familiarisations et les dé- couvertes dans le domaine de l’écrit dans les différentes langues en s’adaptant au contexte scolaire des élèves dont ils ont la charge. L’écriture du français et des langues polynésiennes reposant sur le principe alphabétique et utilisant le stock des lettres latines, de nombreuses compétences visées en maternelle sont identiques et transférables entre ces langues (développement de la conscience phonologique, découverte du principe alphabétique, mise en place de quelques correspondances lettre-son). Une attention particulière sera portée aux particularités des graphèmes et des signes propres aux langues polynésiennes (occlusive glottale, macron,…). - garantir les réussites ultérieures des élèves dans le domaine du lire-écrire : les objectifs et modalités d’apprentissage devront être ciblés et passer par des activités réflexives qui pourront trouver des complémentarités dans les différentes langues enseignées. 4.2.1. Objectifs visés et éléments de progressivité Il appartient à l’école maternelle de donner à tous une culture commune de l’écrit. Les enfants y sont amenés à comprendre de mieux en mieux des écrits à leur portée, à découvrir la nature et la fonction langagière de ces tracés réalisés par quelqu’un pour quelqu’un, à commencer à participer à la pro- duction de textes écrits dont ils explorent les particularités. En fin de cycle 1, les enfants peuvent montrer tous ces acquis dans leurs premières écritures autonomes. Ce seront des tracés tâtonnants sur lesquels s’appuieront les enseignants de cycle 2.

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